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tures rélevent extrêmement certe ardente charité de Jefus Chrift pour les hommes. Jefus-Chrift, dit l'Apôtre, nous a aimés, & s'eft donné pour nous (a). Ce faint Apôtre demandoit à Dieu pour les fideles, la grace de connoître la charité de Jefus Chrift, qui paffe toute fcience & toute con noiffance (b).

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O douceur ! ô grace! ô violence de l'amour, s'écrie faint Bernard! Eft-il » poffible que le maître Souverain de tous les hommes fe foit fait comme l'un » d'entre eux ! Et qui a été la caufe de ce prodige? C'eft l'amour qui faifant com» me oublier à Dieu même ce qu'il eft, a »fu triompher de Dieu. Qu'y a-t-il donc » de plus fort que cet amour? Mais qu'y » a-t-il en même-temps de plus doux que » l'amour? Et quelle eft cette efpece de » violence qui remporte la victoire, & qui » eft vaincue tout à la fois, puifque la » force de l'amour a porté l'Epoux à s'anéantir lui-même pour celle qu'il

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» aime (c).

(a) Chriftus dilexit nos, & tradidit femetipfum pro nobis. Galat. 2.

(b) Scire fupereminentem scientiæ caritatem Christi, Ephef. 3.

(c) O fuavitatem & gratiam! ô amoris vim ! Itare fummus omnium finus factus ett omnium! Quis hoc fecit ? Amor eft. Quid violentius? Triumphat de Deo amor. Quid tamen tam non violentum? Amor eft. Quæ eft ifta vis quæfo, tam violenta ad victoriam, tam victa ad violentiam ? Denique femetipfum exinanivit, Serm. 64, in Cante

Jefus-Chrift s'eft donné tout entier à nous, & il ne s'eft revêtu de notre nature que pour en confacrer à l'ouvrage de notre falut toutes les actions, toutes les paroles, les penfées, les fatigues, les fouffrances les miracles, la vie, la mort, les ignominies & la gloire.

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» La bonté & la charité de Jefus» Christ envers les hommes, dit faint Ber»nard, ne fauroit être cachée ni ignorée, dès qu'on fait qu'il s'eft revêtu » de l'humanité pour eux : car quelle plus grande preuve pouvoit-il donner » de fa bonté, que de prendre ma chair? je dis ma chair, & non la chair d'Adam, >> c'est-à-dire,non une chair telle qu'il l'avoit avant fon péché. Quel témoignage plus » éclatant pouvoit-il donner de fa mifé>> ricorde, que , que de fe revêtir de la mifere » même ? Quelle preuve plus authentique » de fon amour que le Verbe de Dieu » fait foin & herbe pour nous ? Seigneur, » qu'est-ce que l'homme (7) ?

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Que l'homme comprenne delà quel foin Dieu a de lui, qu'il apprenne ce que Dieu penfe de lui, & fa difpofition

(a) Ubi Dei innotefcit humanitas, jam benignitas latere non poteft. In quo enim magis commendare poterat benignitatem fuam, quàm fufcipiendo carnem meam? Meam inquam, non carn-m Adani, id eft non qualem ille habuit ante culpam. Quid tantopere declaret ejus mifericordiam quàm quòd ipfam fufcepit miferiam ? Quid ita pietate ple num, quàm quòd Dei Verbum propter nos factum eft fe Dum: Serm, is in Epiph. w. 2.

à fon égard. O homme, ne vous arre »tez pas à penfer à ce que vous fouffrez, mais à ce qu'il fouffre lui-même. Re» connoiffez par ce qu'il s'eft fait pour » vous, combien il vous eftime, afin que » vous jugiez de fa bonté par fon huma»nité. Car plus il s'eft fait petit en pre»nant notre nature, plus il s'eft montré grand en bonté & en miféricorde; & il me doit être d'autant plus cher & plus aimable, qu'il s'eft rendu plus vil pour • moi (a).

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CHAPITRE V.

Amour que les hommes doivent avoir pou? Dieu en reconnoiffance de celui que Dieu leur a témoigné dans le Myftere de l'In

carnation.

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AINT Léon nous apprend excellemment l'ufage que nous devons faire de la connoiffance que nous avons de l'amour de Dieu envers nous dans ce Mystere. » Comme Dieu a promis la plénitude de » l'intelligence à la pureté de la foi, dit

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(a) Hinc attendat homo, quanta fit cura ejus Deo. Hino fciat quid de fe cogitet aut quid fentiat. Non cogites, ô hoea quæ pateris, fed quæ paffus eft ille. Quanti te fecit ex his quæ pro te paffus cft agnofce, ut appareat tibi benignitas ejus ex humanitate. Quantò enim minorem fe fecit in humanitate, tantò majorem exa buit in bonitate; & quanto pre me vilior, tantò mihi carior eft. Serm. 1, in Epiph. n, 2ga

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»ce Pere, que les efprits des fideles éclairés par la foi, s'élevent & faffent tous » leurs efforts pour mériter du Saint-Efprit cette lumiere & cette intelligence; » & qu'ils ne fe contentent pas de favoir » comment le myftere s'eft opéré, mais qu'ils tâchent de pénétrer l'immensité » de la charité que Dieu leur y témoigne, afın que les hommes connoiffant com» bien leur Créateur les a aimés, ils l'ai» ment à proportion. Car d'une part Dieu » n'a pu trouver que dans fa bonté la caufe » & la raison d'avoir pitié de nous ; & de » l'autre, la régénération & la réparation » de l'homme eft beaucoup plus admirable que fa premiere création, parce que c'est » infiniment plus, que Dieu ait à la fin » des fiecles réparé & rétabli notre na»ture, qui s'étoit perdue, que non pas qu'il l'ait créée au commencement lorf

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qu'elle n'étoit pas (a).

En effet, pour peu d'attention que nous faflions fur ce que nous fommes, fur ce qu'eft Dieu, & fur ce qu'il a fait pour nous, il eft comme impoffible de ne pas dire avec le Disciple.bien-aimé : Aimons donc Dieu, puifqu'il nous a aimés le

(a) Etiam ipfam rationem impenfæ fibi pietatis infpiciat, ut authorem fuum humana natura fciendo quantum ab eo fit dilecta, plus diligat. Miferendi enim noftri caufam Deus nifi in fua bonitate non habuit: & mirabilior eft fecunda hominum generatio, quàm prima conditio; quia plus eft in noviflimis fæculis reparaffe Deum quod perierat, quàm à principio feciffe quod non erat.

premier (a). C'eft la conféquence qu'il tire de l'amour infini que Dieu nous témoigne, en nous donnant fon Fils dans le Myftere de l'Incarnation. Concevons pour ce Dieu d'amour un amour ardent, & qui ait quelque rapport au fien: car cet amour immenfe de Dieu ne doit pas être feulement le fujet de notre admiration, mais encore l'objet de notre imitation. En effet, quoi de plus naturel, de plus raifonnable & de plus jufte, que d'aimer ceux qui nous aiment, & à proportion qu'ils nous aiment ? Dieu donc ayant porté fi loin dans ce Myftere fon amour pour nous, dans quels tranfports d'amour & de tendreffe ne devons-nous pas être pour lui ? C'est même pour cela qu'il nous a donné fon Fils. Le Créateur a voulu, pour ainfi dire, mériter l'amour de fa créature, par le présent qu'il lui a fait de fon Fils. « La principale raifon, dit faint Auguftin, pour laquelle Jefus-Chrift eft venu fur la » terre, c'est afin que l'homme connût » combien Dieu l'aime, mais qu'il le connût pour s'enflammer par cette connoif» fance dans l'amour ardent de celui qui » l'a aimé le premier. Car, comme ajoute » le même Pere, fi nous avons été affez » durs & affez lâches, pour ne l'aimer

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(a) Nos ergo diligamus Deum, quoniam ipse prior dilexit pos. 1, Epift. 4.

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