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considérable, outre le droit de dépôt pour la garde des lingots dont il a été question. Chaque personne qui ouvre pour la première fois un compte avec la banque paie un droit de 10 florins; et pour chaque nouveau compte 3 florins 3 stuvers. Pour chaque transfert sur les livres, on paie 2 stuvers, et si le transfert est pour une somme au-dessous de 300 florins, on paie 6 stuvers, ce qui a eu pour objet d'empêcher que les petites opérations ne devinssent trop multipliées. Toute contravention aux règles prescrites pour la gestion des affaires est taxée et se paie en argent. On pensait aussi que la banque faisait un gros profit sur la vente des espèces ou lingots qu'on lui laissait tomber faute de renouveler les récépissés. Elle faisait encore un profit en vendant l'argent de banque à 5 pour cent d'agiot, et le rachetant à 4. Ces divers émolumens montaient fort au-dessus de ce qui était nécessaire pour défrayer les dépenses d'administration. Ce qui se payait seulement pour la garde des lingots sur récépissés, montait par année à un revenu net de 150 à 200,000 florins; et cette seule circonstance peut vous faire juger de l'immensité du commerce en lingots qui se faisait à Amsterdam.

Banque de Hambourg (a).

Elle fut établie en 1619, sur le modèle de celle d'Amsterdam. Elle forma son trésor d'écus d'Allemagne, connus sous le nom de spécies-thaler. Depuis

(a) Büsch, Schriften über Banken und Münzwesen.

1759 jusqu'en 1769, elle souffrit des désordres occa→ sionés par la mauvaise monnaie dont l'Allemagne était inondée à la suite de la guerre de sept ans', et elle se vit obligée de fermer sa caisse. En 1770 ̊, on statua que la banque recevrait, outre les écus dont elle avait formé son premier fonds, des lingots d'or et d'argent, et depuis cette époque elle eut deux caisses, l'une pour les écus, et l'autre pour les lingots; mais depuis 1790, la première a cessé tout-àfait, et aujourd'hui la banque n'accepte que des lingots d'argent, ce qui a rendu sa monnaie de banque la mesure des valeurs là plus invariable qui existe actuellement en Europe. Les lingots qu'on veut confier à la banque doivent avoir 12 de fin, sur d'alliage. Elle reçoit le marc d'argent fin pour 442 schillings, ou 27 marcs 10 schillings; elle le rend pour 444 schillings, ou pour 27 marcs 12 schillings (a). Ces deux schillings fontou quelque chose de moins qu'un `pour cent, que la banque retient pour la garde: c'est une perte que le déposant fait en retirant ses lingots de la banque, mais qu'il peut éviter s'il les y laisse. Pour faire un dépôt, il a d'autres dépenses à supporter: l'opération de réduire le métal en lingots du degré de fin prescrit, et celle de le faire essayer, lui coûtent 1

8

8

442

d'un marc

(a) Il faut distinguer le poids de marc de la monnaie qui porte ce nom. Cette dernière contient 16 schillings; 3 marcs font un écu ou reichs-thaler. Un schilling, monnaie de banque, est d'argent fin, et un marc monnaie de banque, est d'un marc d'argent fin. En conséquence un marc, banque, vaut 47 copecks. Voyez le tableau VI.

ou bien 442

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monnaie de

jusqu'à 1 pour cent. Il s'ensuit que personne ne retire son dépôt, si le prix courant de l'argent ne lui offre pas la perspective d'être dédommagé de ses pertes et d'avoir un profit au delà.

On peut aussi emprunter à la banque sur des piastres d'Espagne, qu'elle reçoit à raison de 27 marcs 6 schillings le marc fin, et sur lesquels elle délivre à l'emprunteur un récépissé payable au porteur, comme faisait la banque d'Amsterdam: mais sa caisse est toujours ouverte; le déposant n'est point tenu de produire un récépissé pour retirer son dépôt; l'emprunteur n'a pas besoin de rétrocéder la même valeur en argent de banque pour retirer ses piastres. L'intérêt est fixé au taux modique de pour cent par mois, ou de 2 pour cent par an; mais les prêts ne se font que pour trois mois, au bout desquels l'emprunteur peut, ou retirer son gage, ou renouveler l'emprunt.

La banque de Hambourg est la mieux administrée qui existe actuellement en Europe. Sa direction est mieux organisée que ne l'était celle d'Amsterdam; un grand nombre de citoyens y prennent part; les affaires se traitent avec plus de publicité; le renouvellement fréquent des administrateurs et la responsabilité à laquelle ils sont soumis, y préviennent mieux les abus..

Vous savez quel a été le sort des villes anséatiques pendant ces dernières années. La réunion de la république de Hambourg au grand empire n'avait porté aucune atteinte au crédit de sa banque ; mais lorsque les Français reprirent cette ville en 1813 après en avoir été chassés par les Russes, les fonds de la banque

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furent saisis par ordre du maréchal Davoust, dans la nuit du 4 au 5 novembre. Ils montèrent à la somme de 7,489,343 marcs de banque, dont le gouvernement de la ville sollicite actuellement la restitution auprès des puissances alliées.

Rotterdam, Nuremberg et quelques autres villes de commerce ont aussi des banques de dépôt, ou les ont eues : mais leur peu d'importance me dispense de vous en parler.

NOTE XVI.

Précis historique du papier-monnaie et des principales banques de circulation.

(T. II, p. 424.)

Origine du papier-monnaie et des banques de circulation.

L'INVENTION du papier-monnaie est de beaucoup antérieure à l'établissement des premières banques de circulation. Celle de Saint-Georges à Gênes, la plus ancienne qu'on connaisse, ne fut fondée qu'en 1407, tandis que vers la fin du treizième siècle, Koblaï, petitfils de Tchinguis-Khan, introduisit déjà le papiermonnaie en Chine; exemple qui fut imité sur-le-champ par Kaïgatou, son cousin et Khan de la Perse. L'un et l'autre furent obligés de l'abolir à cause des grands désordres qu'il produisait dans leurs états (a). Au reste je ne prétends pas affirmer par-là que l'invention du

(a) Voyez: A. L. Schlözer's kritisch-historische Nebenstunden, p. 159 et suiv., où se trouvent recueillis les témoignages de Marc-Paul, Haitho, Abulfaradsh et Du Halde, concernant ce fait curieux. Depuis cette époque, le gouvernement chinois a de nouveau introduit le papier-monnaie dans ses états, et je conserve moimême un assignat chinois qui m'a été communiqué par un voyageur russe revenant de ce pays. En Turquie, les collecteurs de certaines impositions délivrent des quittances aux contribuables qui les ont acquittées, et ces papiers ont cours comme le numéraire; j'en possède aussi un exemplaire.

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