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et les défrichemens sont d'année en année plus actifs; 2° que l'agriculture est celui des arts industriels qui, durant ces derniers temps, a fait le plus de progrès; et cela, bien moins parce qu'on a cultivé beaucoup de terres en friche, que parce qu'on a beaucoup perfectionné la culture des terres déjà cultivées, car les bills ont bien plus porté sur le partage des champs communs que sur celui des landes ou communes; enfin 3o que de jour en jour l'agriculture attire à elle plus de capitaux, autrefois employés dans le commerce et les manufactures.

Ce qui a surtout contribué à cet heureux changement, ce sont les disettes de 1795 et 1800, et le blocus continental ordonné en 1806 par le dominateur de la France. Durant les disettes le fermier fit des gains énormes, parce que le prix de ses denrées s'éleva dans. une proportion bien plus forte que le déficit de ses récoltes. Le blocus continental a achevé de réaliser le vœu de tous les Anglais éclairés, qui voyaient avec regret que depuis la guerre de sept ans les manufactures avaient pris une extension disproportionnée à celle de l'agriculture (a). Durant ce blocus, l'Angleterre, malgré l'accroissement continuel de sa population, n'a aperçu aucun indice de disette, quoiqu'elle ait cessé tout à coup de recevoir des blés de l'étranger, et que l'Irlande lui en ait envoyé moins, parce qu'elle en consomme davantage. Tant il est vrai qu'il y a dans la nature une force réparatrice qui fait sortir le bien du

(a) Comparez tom. I, pag. 479.

mal, et que rien n'est impossible sous les ailes d'une constitution libre qui identifie l'intérêt particulier avec l'intérêt public, en laissant à chaque individu l'exercice facultés!

de ses

La grandeur moyenne des fermes en Angleterre, est de deux à trois cents acres; le plus grand nombre est de 50 à 200, mais il y en a aussi de 6000. Ces fermes ont en général beaucoup moins de bâtimens que des fermes de même étendue en ont ailleurs, ce qui vient de ce que les bestiaux restent presque toujours en plein air ou sous des hangars, et de ce que les moissons sont entassées en meule dans des cours destinées à cet usage. Le foin est pressé dans ces meules au point de faire masse, et qu'on est obligé de le couper avec des instrumens faits exprès. Ces fermes sont communément bien entretenues; on y nourrit peu de volailles et on y cultive peu d'arbres fruitiers; mais chaque ferme a un potager rempli de pommes de terre, de choux, de navets, qui, avec le beurre et le fromage, font la plus grande partie de la nourriture des gens de la campagne.

Les fermiers se nourrissent bien, mangent du pain très-blanc, et journellement de la viande ou du lard, boivent d'une bière très-nourrissante, sont fort bien. vêtus, et pour peu qu'ils aient à s'éloigner de chez eux, se donnent rarement la peine d'aller à pied. Presque tous ont de petits bidets pour leur usage. Leurs chevaux de labour sont vigoureux et bien soignés, leurs instrumens d'agriculture sont très-perfectionnés,

et leurs harnais excellens et entretenus avec le plus grand soin.

Leurs ouvriers sont bien payés (a) et bien nourris ; ils mangent un peu moins de viande que les fermiers, mais ils passent peu de jours sans manger au moins du lard, et ils boivent tous les jours de la bière. Lors des moissons, on leur porte dans les champs un gros morceau de viande de boucherie, du plumb-pudding, du fromage, du pain très-blanc, de la très-bonne bière, tout cela très-proprement servi; car cette propreté et cet esprit d'ordre qui fait faire tant de choses en Angleterre, s'y retrouve à la campagne comme à la ville, dans la maison du plus grand seigneur comme dans la chaumière du pauvre.

(a) Voyez sur le salaire des ouvriers de ferme, tom. I, pag. 310.

NOTE IV.

Sur la richesse comparative des mines d'argent dans l'ancien continent et en Amérique.

(T. II, p. 80.)

M. de Humboldt, dans son Essai politique sur la Nouvelle-Espagne ( Liv. IV, chap. 10) soutient que les mines d'Amérique, loin d'être plus riches que celles d'Europe, sont au contraire plus pauvres. « C'est un préjugé, dit-il, que les mines de la Nouvelle-Espagne, à cause de leur richesse, n'exigent pas dans leur administration cette intelligence et cette économie qui est récessaire pour la conservation des mines de la Saxe et du Harz. Il ne faut pas confondre l'abondance des minerais avec leur richesse intrinsèque. » (Vol. II, p. 554.) Quelques pages plus haut (p. 533) il nous donne un tableau que j'insère ici tout en entier, parce qu'il renferme les données qui servent de preuves à cette assertion surprenante.

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