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vaux sont exécutés par des paysans de la couronne, raison d'un prix fixe, et c'est de cette manière qu'ils paient la capitation à laquelle cette classe des sujets de l'empire est assujettie; mais ce prix est loin d'être de niveau avec le prix courant du travail libre dans ces contrées. D'ailleurs toutes les dépenses sont évaluées en monnaie de cuivre, suivant le taux auquel le gouvernement, se procure ce métal, soit de ses propres mines, soit de celles des particuliers, moyennant les droits qu'elles paient : or ce droit est encore beaucoup au-dessous de ce que le cuivre vaut comme monnaie. Enfin il y a toute apparence que l'auteur n'a pas mis en ligne de compte le loyer des capitaux fixés dans les améliorations et les constructions des mines. Ainsi quoique leur exploitation fournisse incontestablement un très-gros profit à la couronne, il est encore douteux si elle en fournit un à la nation.

NOTE V.

Sur l'avantage qu'il y a pour les peuples agricoles, à échanger leurs produits bruts contre les marchandises manufacturées de l'étranger.

(T. II, p. 97.)

QUOIQUE le grand nombre d'exemples que j'ai rapportés, tant de la hausse progressive des produits agricoles, que de la baisse graduelle des ouvrages de manufacture, puisse paraître suffisant pour prouver l'avantage dont il s'agit dans cette note, je ne crois cependant pas inutile d'y revenir et de le constater d'une manière plus palpable encore, en tirant mes preuves des registres mêmes du commerce de deux peuples agricoles.

Commençons par la Russie, et comparons pour cet effet les prix de quelques-uns des principaux articles de son commerce d'exportation à quatre époques différentes, dont la première remonte à '140 ans d'ici (a).

(a) Les prix de l'année 1674 sont tirés de l'ouvrage de Kilburger, dont il a été fait mention plusieurs fois dans ce Cours; ceux de 1767, de la collection de Schlözer, intitulée : Betlagen zum Neuveränderten Russland, t. 11; enfin ceux des deux autres années sont puisés dans les tableaux que M. Würst, directeur des douanes à Saint-Pétersbourg, a publiés dans son ouvrage: Разсужденія о нѣкоторыхъ предметахъ законодательства и управленія финансами и коммерцією Россійской Имперіи.

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En comparant les prix de la dernière année à ceux de 1767, vous trouvez que, dans l'espace de 36 ans, le chanvre a augmenté en valeur de 129 pour cent, le lin de 134, le suif de 198 et le fer de 105. Si vous comparez les prix de l'année 1803 à ceux de l'année 1674, la valeur du chanvre s'est élevée de 363 pour cent, et celui du lin de 166.

(a) Cet article et le suivant ne peuvent être comparés qu'à trois époques; en 1674 le suif n'était pas encore un objet d'exportation, et le fer s'importait alors en Russie.

Une pareille hausse a eu lieu dans la valeur vénale de presque tous les produits de la Russie qui s'exportent dans l'étranger. Or a mesure que leur valeur a augmenté, la Russie a toujours acheté à meilleur marché les objets de consommation qu'elle tire de l'étranger, parce que ces objets n'ont point haussé dans la même proportion, et que le prix de plusieurs même a baissé (a).

L'avantage que la Russie tire de cette circonstance, devient d'autant plus important que l'exportation de

produits est plus considérable. Or a mesure que le prix de ses produits a haussé, leur demande dans les pays étrangers s'est toujours accrue, comme les données suivantes vous le prouveront.

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(a) J'aurais bien voulu fournir ici de nouvelles preuves pour cette assertion, mais dans les prix courans des marchandises d'importation que j'ai pu rassembler, la même marchandise se trouve évaluée tantôt sur la pièce, tantôt sur le poids ou la mesure; d'ailleurs ces prix courans comprennent souvent sous le même nom des marchandises d'une qualité fort différente et tirées de pays différens; de sorte qu'il devient impossible d'en comparer les prix à des époques éloignées. Il faut donc nous borner, quant à ces prix, aux exemples que fournit le texte auquel cette note appartient; la suite nous présentera encore quelques nouvelles données pour constater la baisse continuelle des ouvrages de manufacture, même dans ces dernières années.

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Ces rapprochemens constatent un fait aussi remarquable que peu apprécié, savoir que les Russes, comme tous les peuples agricoles, ne peuvent pas faire de commerce plus avantageux que celui d'échanger leurs produits bruts contre les marchandises manufacturées de l'étranger. L'importance de ce résultat et l'entier oubli dans lequel il paraît être tombé parmi nous, m'engagent à extraire d'un des derniers ouvrages de M. d'Ivernois (a) l'article suivant, qui prouve, par rapport à l'Irlande, le même fait que je viens de constater à l'égard de la Russie.

Cet habile calculateur politique, après avoir montré que depuis l'union la quantité additionnelle des produits que l'Irlande a achetés au-dehors, a été proportionnellement plus forte que la quantité additionnelle

(a) Effets du blocus continental sur le commerce, etc. des îles britanniques, par Sir Francis d'Iyernois, p. 60 suiv.

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