Page images
PDF
EPUB

vertus, et les pratiques de vertu, qui ne sont selon eux qu'un arrangement de formules pour se rendre un témoignage intéressé, etc. comme je l'ai dit dans l'endroit même qu'on me reproche (1). 3o Enfin je n'ai pas dit que les Mystiques ont enseigné la doctrine qu'on me reproche. J'ai dit seulement que quand les Mystiques ont parlé ce langage, ils n'ont voulu qu'exclure ces pratiques, desquelles j'avois dit, dans les lignes immédiatement précédentes, qu'elles ne sont que des arrangemens de formules. Voici mes paroles: « L'ame transformée est unie à Dieu sans milieu ;... » en ce qu'elle accomplit ses préceptes et ses conseils » sans un certain arrangement de formules pour s'en » rendre un témoignage intéressé. Parler ainsi, c'est >> dire que les saints Mystiques ont voulu dire, quand » ils ont exclu de cet état les pratiques de vertu : » et non, comme la Déclaration me le fait dire, la pratique et les actes des vertus, ce qui seroit deux erreurs formelles. Ce n'est donc qu'en ce sens précis, que j'ai ajouté tout de suite au même endroit : « C'est » une explication qui ne blesse en rien la tradition » universelle. » J'ai dit encore que « ces ames n'ont » d'ordinaire plus besoin de certains arrangemens, » soit pour les temps, soit pour les lieux, ni de forni de pratiques recherchées méthodiquement pour leurs exercices intérieurs (2). » Voilà les seules pratiques dont j'ai cru qu'on pouvoit dispenser les ames parfaites, sans affoiblir la pratique des vertus, que je représente sans cesse sous le nom d'exercice réel et distinct des vertus, comme une chose essentielle à tout état de perfection.

» mules expresses,

[ocr errors]

(1) Art. XL vrai, p. 252 et 253.

(2) Art. xxxvi vrai, p. 235, 236.

XXVI.

DECLAR. Conformément à cette doctrine, il dit que les ames transformées confessant leurs péchés véniels, selon la discipline présente, détestent leurs fautes et désirent la rémission de leurs péchés, non comme leur purification et délivrance propre, mais comme une chose que Dieu veut ce qui est détruire le motif propre et intrinsèque de la pénitence, et contredire notre xv Article. Nous n'approuvons point qu'il rapporte seulement à la discipline présente la confession des péchés véniels.

REP. J'ait dit que les ames ne désirent point la rémission de leurs péchés, comme leur propre purification et délivrance: mais le terme de propre montre clairement, selon mon systême, cent fois répété, que je n'ai prétendu exclure que la propriété de la justice ou rémission des péchés, comme de tous les autres dons de Dieu. Quand un auteur a fait un article exprès pour définir le propre et la propriété, qui ne sont selon lui, comme selon tant de saints auteurs, qu'une imperfection naturelle, et qu'un reste de l'esprit mercenaire (1), la bonne foi ne permet plus de critiquer ce qu'il dit de la délivrance en tant que propre, sans se conformer à la définition qu'il a déjà donnée de la propriété; il est vrai que je veux que ces désirs propres soient sounus à Dieu dans les justes. M. de Meaux conclut que ces désirs sont donc surnaturels puisqu'ils sont soumis, et qu'en retranchant ces désirs surnaturels je retranche toutes les vertus. A cela je réponds que ces désirs (1) Art. 11, p. 23.

ne sont propres qu'en ce qu'ils sont de nous en tant que de nous, c'est-à-dire naturels et non de grâce; mais l'ame juste qui les forme, les soumet et les subordonne à Dieu. Il y a une grande différence entre des actes d'amour naturel de soi qu'on soumet ou qu'on subordonne à Dieu, c'est-à-dire qu'on ne voudroit pas faire s'il les défendoit, ou des actes surnaturels d'amour de soi que la grâce et l'amour de Dieu nous inspirent. Il n'est pas permis de confondre la propriété des vertus ainsi expliquée, avec leurs motifs spécifiques, sans accuser d'hérésie et d'impiété tant de saints canonisés ou révérés de toute l'Eglise, qui ont voulu exclure la propriété, et qui ont été bien éloignés de vouloir affoiblir les vertus. M. de Meaux a reconnu lui-même une propriété et une désappropriation par ces paroles : « Telle est la vé» ritable purification du cœur, qui donne tout à >> Dieu et ne veut plus rien avoir de propre (1). » De plus, ce que je dis, immédiatement après le passage contesté, démontre encore mon véritable sens; car j'y rapporte la maxime de saint François de Sales, savoir, « qu'une ame désintéressée ne se » lave plus de ses fautes pour être pure, et qu'elle » aimeroit autant la laideur que la beauté, si elle » étoit aussi agréable à l'Epoux (2). » J'ajoute aussitôt : « Elle sait néanmoins que la pureté et la beauté » sont ce que l'Epoux veut. Ainsi elle aime unique» ment pour son bon plaisir la pureté et la beauté, » et elle rejette avec horreur la laideur qu'il rejette. » Il est donc vrai, selon mon livre, que l'ame par

(1) Instr. sur les Etats d'orais. liv. x, n. 30: pag. 460. (2) Art. xxxviii vrai, p. 241, 242.

faite, en se confessant, rejette avec horreur la laideur, et aime uniquement la beauté, loin d'être indifférente entre ces deux choses. Il est donc vrai que cette ame aime et désire uniquement la rémission de ses péchés, qui fait toute sa beauté, et qui la délivre de la laideur. C'est en ce sens que saint François de Sales dit : « N'est-ce pas un amour bien pur, >> bien net et bien simple, puisqu'elles ne se puri>> fient pas pour être pures, ains seulement pour » plaire à leur amant, auquel si la laideur étoit >> aussi agréable, elles l'aimeroient autant que la » beauté (1)? » Le même auteur nous propose ailleurs pour modèle de la pureté de notre amour celui des bienheureux. « Ils suivent, dit-il (2), et pratiquent les vertus, non en tant qu'elles sont >> belles et aimables, mais en tant qu'elles sont agréa» bles à Dieu. Ils aiment leur félicité, non en tant

[ocr errors]
[ocr errors]

qu'elle est à eux, mais en tant qu'elle plaît à Dieu. » Et voilà comment il veut qu'on réduise toute la pratique des vertus au saint amour (3). Une des maximes que ce grand saint donna à ses filles est « de ne s'at» tacher ni aux lieux ni aux temps, ni aux person»nes, non pas même à la pratique de l'exercice des » vertus.(4). » Saint François de Sales veut-il qu'on n'aime et qu'on ne désire point la pureté et la beauté de la vertu? A Dieu ne plaise. Il veut qu'on ne recherche plus la propriété de ces dons, et qu'on ne les désire plus par intérêt propre. Comme on ne retranche de la sagesse, quand on s'en désapproprie,

[blocks in formation]

qu'un retour intéressé pour s'assurer qu'on est sage, et pour jouir de sa sagesse en tant que propre ; de même en aimant et en désirant uniquement la beauté de la justice intérieure qui vient de la rémission des péchés, on ne retranche que le retour intéressé pour s'assurer qu'on est juste, purifié, sans tache, et pour jouir de cette pureté, en tant que propre enfin je condamne dans l'Article faux (1) ceux qui se confesseroient sans sincérité de cœur, lorsqu'ils demandent de bouche la rémission de leurs fautes.

XXVII.

:

DÉCLAR. Nous n'approuvons point qu'il rapporte seulement à la discipline présente la confession des péchés véniels.

REP. Je n'ai point dit que la confession des péchés véniels ne soit que de la discipline présente. Des prélats si rigoureux sur la différence des propositions négatives et affirmatives doivent me permettre de leur faire observer qu'ils m'en imputent une négative, et que la mienne ne l'est pas. J'ai parlé ainsi : « Les >> ames transformées peuvent utilement et elles doi» vent même, dans la discipline présente, confesser >> leurs fautes vénielles qu'elles aperçoivent. » Je n'ai pas dit: Elles ne le doivent que dans la discipline présente. Ainsi les trois prélats ajoutent à mes paroles en disant d'une manière exclusive par le terme de tantùm, que je rapporte seulement à la -discipline présente la confession des péchés véniels. Remarquez encore que je n'ai point parlé, comme (1) Art. xxxvii, p. 247.

« PreviousContinue »