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Ces idées ne pouvoient pas entrer dans la tête de l'empereur, il ne connoissoit d'autre droit que celui de son épée. Et son épée lui ayant malheureusement donné une grande puissance, il s'en servit pour l'augmenter encore; il s'en servit pour tourmenter les nations, pour détrôner les rois, pour achever la conquête du continent. C'étoit son but, il ne s'en cachoit plus.

Chacune de ses guerres lui assuroit de nouvelles possessions, et chaque possession nouvelle lui donnoit le besoin et le moyen de recommencer la guerre.

Il disoit, en parlant de l'Espagne : On arrachera l'Espagne de ses fondements avant de la détacher de mon empire.

De Rome : Les états de Rome sont irrévocablement unis à l'empire françois. De la confédération du Rhin : La confédération du Rhin est plus immuable que la triple couronne de la maison de Lorraine.

Du royaume de Westphalie Il est plus facile d'anéantir l'Autriche que le royaume de Westphalie.

onde C'est ainsi que son plan se dérouloit insensiblement, et qu'il ne craignoit plus d'annoncer le projet de sa monarchie universelle. Cela devint si clair, que l'Autriche, qui depuis deux ans s'obstinoit à fermer les

yeux, fut enfin obligée de les ouvrir. Depuis la paix de Presbourg, elle étoit restée fidèle à ses engagements, lorsque son ennemi, qui ne respectoit rien, avoit souvent violé les siens. Il les avoit violés en s'emparant des états du pape et de ceux du roi d'Espagne ; il les avoit violés en augmentant son état militaire ; il les avoit violés en continuant d'occuper les places fortes d'Allemagne, que, par le traité de Presbourg, il s'étoit engagé d'évacuer.

L'Autriche se plaignit souvent de ces infractions peut-être même à cette époque affecta-t-elle de se plaindre plus haut que de raison, dans le dessein où elle étoit de profiter des embarras dans lesquels la guerre d'Espagne entraînoit son ennemi, de se venger des humiliations qu'elle en avoit reçues, et de réparer les dommages qu'elle avoit soufferts. Il ne lui restoit d'ailleurs d'autre parti à prendre que celui de chercher encore une fois dans les hasards de la guerre la garantie qu'elle ne trouvoit plus dans les traités les plus solennels.

En conséquence, elle mit ses armées au grand complet, fit avancer des troupes dans la Bavière, et déclara dans un manifeste « que ce n'étoit point la France qu'elle alloit combattre, mais l'homme dont l'ambition ne connoissoit plus de

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frein, et dont l'orgueil avoit si souvent abusé des droits de la victoire. >>

Dans une proclamation adressée particulièrement aux habitants de la Pologne, en date du 16 avril 1809, l'archiduc Ferdinand disoit :

« Je vous annonce que l'empereur d'Autriche ne fait la guerre qu'à l'empereur Napoléon, et que nous sommes les amis de tous ceux qui ne défendent pas sa cause. Nous combattons contre lui, parce que nous espérons trouver dans la guerre une sûreté que nous avons inutilement cherchée dans la paix. Nous combattons contre lui, parce que chaque jour de paix augmente sa puissance et ses usurpations. Nous combattons contre lui parce que ses forces augmentées de toutes celles des peuples qu'il subjugue, menacent de plus en plus notre indépendance et nos propriétés, etc. »>.

De son côté, Napoléon ne laissa pas sans réponse ces griefs et ces incriminations. Il accusa l'Autriche d'ingratitude et de perfidie; d'ingratitude en oubliant la générosité avec laquelle il l'avoit traitée après la bataille d'Austerlitz : de perfidie, en écoutant les conseils, en recevant les subsides, en secondant les projets hostiles de l'Angleterre.

Le sénat s'étant assemblé le 15 avril

:

pour entendre la lecture de la correspondance de MM. de Metternich et de Champagny, ministres d'Autriche et de France, correspondance arrangée de manière à mettre tous les droits du côté de la France. et tous les torts du côté de l'Autriche, le sénat, disons-nous, entendit en même temps et approuva le rapport dans lequel le ministre de France disoit à l'empereur :

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de la

« Votre majesté n'a pas recueilli le tri- Manifeste but de reconnoissance qui lui étoit dû. de guerre L'empereur d'Autriche a bientôt oublié France. ce serment d'une amitié éternelle. A peine rétabli sur son trône, égaré sans doute par des conseils trompeurs, il n'a eu d'autres vues que de réorganiser. ses moyens de force, et se préparer à une nouvelle lutte. La guerre contre la Prusse fit promptement connoître ces dispositions malveillantes. L'Autriche se hâta de réunir des armées en Bohême, mais la victoire de Jéna vint déconcerter ses projets.

<< Depuis, les troubles de l'Espagne ont éclaté. Ils étoient fomentés par les Anglois. Alors on vit plus clairement ce qu'on n'ayoit qu'entrevu avant la bataille de Jéna. Le feu de la guerre allumé dans le midi ranima les espérances de l'Autriche : elle crut le moment favorable pour anéantir le traité de Presbourg. Elle arma. Toute la population fut appelée aux armes. Les

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princes autrichiens parcouroient les provinces, répandant des proclamations, comme si la monarchie étoit en danger. Le port de Trieste fut ouvert aux Anglois. Les courriers françois étoient assassinés dans la Croatie. L'Autriche ne gardoit plus de mesure. Ce fut alors que votre majesté, renonçant à tout espoir de paix avec elle, renonça en même temps à ses projets contre les Anglois, aux embarquements qui devoient avoir lieu à Brest, à Boulogne, à Flessingue et à Toulon. Tout fut contremandé. Les troupes de votre majesté se dirigèrent vers l'Allemagne, celles de la confédération furent aussi mises en mouvement.

<< Non, ce n'est pas parce que la France veut la guerre, que l'Autriche s'est mise sous les armes, c'est au contraire parce qu'elle a cru trouver la France affoiblie par une autre guerre, et qu'elle a jugé le moment favorable au rétablissement de son ancienne influence, qu'elle a fait ces prodigieux efforts. Elle fait la guerre, parce qu'elle en espère du succès. Elle fait la guerre sans un motif de plainte, sans la faire précéder d'aucune demande, sans laisser le choix d'un autre parti. Elle fait la guerre, lorsque votre majesté, loin de rien exiger d'elle, n'a manifesté que des vœux pour sa prospérité, lorsqu'elle

".

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