Page images
PDF
EPUB

altesses les électeurs archichancelier et de Bade, le duc de Berg et de Clèves, le landgrave de Hesse-Darmstadt, les princes de Nassau, etc., seront séparés à perpétuité du territoire de l'empire germanique, et unis entre eux par une confédération particulière sous le nom d'états confédérés du Rhin (1).

« 2o. Chacun des rois et princes confédérés renoncera à ceux de ses titres qui expriment des rapports quelconques avec l'empire germanique.

« 3°. L'électeur archichancelier prendra les titres de prince primat et d'altesse éminentissime.

«< 4°. L'électeur de Bade, le duc de Berg, le landgrave de Hesse-Darmstadt, prendront le titre de grand-duc, et jouiront des droits, honneurs et prérogatives attachés à la dignité royale.

«< 5°. Les intérêts communs des états confédérés seront traités dans une diète dont le siége sera à Francfort, et qui sera divisée en deux colléges, savoir, le collége des rois et le collége des princes.

:

(1) Ce ne fut que le 11 décembre suivant, et après la bataille d'Iéna, que l'électeur de Saxe s'unit à la confédération du Rhin, et consentit à recevoir le titre de ROI. Son contingent fut fixé à vingt mille hommes mais s'il fut le dernier à s'y soumettre, il fut aussi le dernier à s'en détacher. Tels sont les nobles caractères : ils s'attachent et se détachent lentement, et sont victimes dans les deux cas.

1806.

1806.

« 6°. Les princes devront nécessairement être indépendants de toute puissance étrangère à la confédération, et ne pourront prendre de service, en aucun genre, que dans les états confédérés ou alliés à la confédération.

«7°. Sa majesté l'empereur des François sera proclamé protecteur de la confédération, et en cette qualité, au décès de chaque prince primat, il en nommera le

successeur.

« 8°. Le prince primat réunira à ses états, et possédera en toute propriété et souveraineté la ville et le territoire de Francfort (1).

«< 9o. Chacun des rois et princes confédérés possédera en toute propriété les terres équestres enclavées dans ses pos

sessions.

« 10°. Les membres des ordres militaires ou religieux qui, en conséquence du présent traité, seront dépossédés ou sécularisés, recevront une rente annuelle

(1) Charles-Théodore Dalberg, qui consentit à recevoir avec le titre de prince primat la souveraineté de la ville de Francfort, avoit eu une jeunesse très-brillante, et s'étoit distingué par la noblesse de son caractère autant que par l'éclat de ses talents. Il n'y a que la foiblesse de l'âge qui puisse faire excuser le sacrifice que ce prince fit de tous les intérêts de son pays à la volonté d'un despote étranger. Après la chute de Napoléon, il se retira à Constance, dont il étoit originairement évêque, et où, rendų son premier caractère, il se fit aimer et respecter,

et viagère proportionnée aux revenus dont ils jouissoient.

« 11°. Il y aura entre l'empire françois et les états confédérés, collectivement et séparément, une alliance, en vertu de laquelle toute guerre continentale que l'une des parties contractantes auroit à soutenir, deviendra immédiatement commune à toutes les autres.

« 12o. Dans le cas où une puissance étrangère à l'alliance et voisine armeroit les hautes parties contractantes, pour ne pas être prises au dépourvu, armeront pareillement, d'après la demande qui en sera faite par le ministre de l'une d'elles à Francfort.

« 13°. Le contingent à fournir par chacun des alliés, en cas de guerre, est fixé comme il suit :

«La France fournira deux cent mille hommes de toutes armes; la Bavière, trente mille; le Wurtemberg, douze mille; le grand-duché de Bade, huit mille; le grand duché de Berg, cinq mille; Darmstadt, quatre mille.

« 14°. Les hautes parties contractantes se réservent d'admettre, par la suite, dans la confédération les princes et états d'Allemagne qu'il sera trouvé de l'intérêt com mun d'y admettre. »

En publiant ce traité, les journaux du

1806.

continent, qui étoient presque tous sous la main du gouvernement françois, se hâtèrent d'annoncer uniformément << que ce nouveau pacte étoit moins un changement qu'une suite nécessaire des changements qui, depuis cent ans, s'étoient opérés en Allemagne ; qu'il étoit plus conforme aux intérêts des parties contractantes; qu'il offroit la garantie d'une paix plus durable pour l'avenir, et qu'il pouvoit être regardé comme le complément du traité de Presbourg (1) ; qu'il diminuoit à peine l'importance politique et le pouvoir effectif de la maison d'Autriche; qu'il n'ajoutoit rien à celui de la France, et ne faisoit que donner à l'union des états germaniques une organisation mieux entendue..... >>

Il y a presque autant d'erreurs que d'assertions dans cette apologie, qu'on peut regarder comme la pensée du gouvernement françois, et dont il seroit aussi facile qu'ennuyeux de démontrer la fausseté. Nous ne ferons à ce sujet qu'une seule réflexion; c'est qu'il est bien étonnant que l'Autriche, que ce traité dépouilloit de la moitié de ses forces effectives et de toute son importance politique, n'ait élevé à ce sujet, dans aucun papier public, soit en

(1) Nous pensons même qu'il faisoit dès-lors une partie des articles secrets du traité de Presbourg.

Allemagne, soit en Angleterre, soit en paix, soit en guerre, aucune réclamation, aucune protestation, aucune plainte ; tant étoit profonde l'impression que la bataille d'Austerlitz avoit produite sur l'esprit de François II!

Le 1er. septembre, la diète de Francfort fut dissoute; l'empire germanique cessa d'exister...... Et l'Allemagne, suivant la note qui fut remise le 2 août, par M. Bacher, aux membres de la diète, reprit un rang et une consistance dont elle étoit privée par le morcellement de son territoire entre cent quatre-vingt-deux souverains, grands et petits... Le même jour (1er. septembre) les représentants de la confédération du Rhin tinrent leur première séance.

1806,

Prusse sort

Le roi de Prusse, plus inquiet, ou Le roi de moins intimidé que l'empereur d'Au- de son intriche, protesta contre des dispositions action. qui blessoient évidemment les prérogatives de tous les princes, et toutes les libertés de l'Allemagne. Ses protestations tardives ne furent point écoutées : il se plaignit, il menaça; c'étoit précisément ce qu'on attendoit de lui, et ce qu'on désiroit au palais des Tuileries.

Depuis la paix de Bâle, la Prusse recevoit de la France un subside annuel de plusieurs millions, comme prix de sa con

« PreviousContinue »