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d'y aller, c'est-à-dire à égalité de droits et de position avec les autres co-signataires du Traité de 1856 et sur l'invitation précise du Gouvernement anglais. J'espère qu'aussitôt qu'il aura reçu la lettre de Lord Granville, ces difficultés seront levées, ou même qu'alors un de nos rapports aura pu lui parvenir.

Aujourd'hui l'ambassadeur d'Angleterre, revenant sur ces points, m'a demandé, de la part de son Gouverneinent, si nous ne pourrions pas, par suite de la conversation avec M. Washburne, désigner un autre plénipotentiaire. J'ai répondu que cela était d'autant plus impossible que d'un moment à l'autre M. Jules Favre, recevant une de nos dépêches, peut se mettre en route; qu'en tout cas il y aurait double emploi, que cela créerait une confusion et qu'en somme c'était après avoir examiné tous les côtés de la question que M. Jules Favre avait été chargé de représenter la France à la Conférence et que nous ne pouvions pas faire un nouveau choix. J'ai exprimé des regrets au sujet de ces retards, en priant Lord Lyons de les transmettre à Lord Granville et de bien faire remarquer qu'il n'y avait nullement de notre faute. Chaque jour nous faisons tout notre possible pour faire parvenir plusieurs messages à Paris.

Il est à remarquer, du reste, que M. de Bismarck se sert de cette conversation de M. Washburne contre nous et pour mettre dans l'embarras vis-à-vis de l'Angleterre, alors qu'il aurait dû, s'il avait agi sincèrement, faire connaître à M. Jules Favre tous les détails de la question, l'invitation de l'Angleterre et la délivrance des saufconduits.

Veuillez présenter ces observations à Lord Granville et montrer que notre bon vouloir, ainsi que la rectitude de notre conduite, ne peuvent être mis en doute malgré les allégations prussiennes.

No 123. LE COMTE DE CHAUDORDY AU MINISTRE DE FRANCE,

A FLORENCE.

Bordeaux, le 5 janvier 1871.

M. Nigra, avec lequel j'avais parlé de votre nomination à Florencem'a prévenu que vous seriez très-bien accueilli par son Gouvernement et que le Roi recevra officiellement les lettres de créance que la Délégation vous donnera en qualité d'envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire de France.

Vous apprendrez que M. de Bismarck se sert d'une conversation qui aurait eu lieu entre M. Jules Favre et le ministre des Etats-Unis à

Paris, pour faire croire que le ministre français se refuse à aller à la Conférence. Le comte de Bismarck cherche à nous mettre, à ce sujet, dans l'embarras vis-à-vis de l'Angleterre. S'il avait agi avec sincérité, il aurait fait avertir M. Jules Favre, qui, n'ayant reçu aucun de nos derniers rapports, ne connaît pas la situation de la question, ni les détails concernant l'invitation de l'Angleterre et les saufs-conduits accordés; alors M. Jules Favre aurait pu répondre à M. Washburne avec connaissance de cause, tandis que le chancelier de l'Allemagne du Nord a cherché à tirer parti de l'ignorance où se trouve forcément notre ministre des Affaires étrangères. Du reste Lord Granville a compris mes explications et il aitendra que M. Jules Favre puisse être régulièrement averti. Je vous préviens pour le cas où vous auriez à répondre à ce sujet.

Signé CHAUDOrdy.

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LE COMTE DE BEUST AU COMTE APPONYI, A LONDRES.

Vienne, le 8 janvier 1874.

En vue de certains intérêts spéciaux se rattachant pour la Monarchie austro-hongroise aux affaires traitées dans la Conférence qui siége actuellement à Londres, S. M. l'Empereur et Roi, notre Auguste Maître, a résolu d'envoyer en Angleterre en mission extraordinaire son Conseiller intime, M. le Comte Antoine Szécsen.

En même temps, S. M. I. et R. Apostolique a muni S. E. le Comte de Szécsen de pleins pouvoirs qui l'autorisent, le cas échéant, soit à servir de suppléant à V. E., si vous étiez empêché, Monsieur le Comte, par un motif quelconque, de remplir les fonctions de Plénipotentiaire d'Autriche-Hongrie auprès de la Conférence de Londres, soit à prendre part, en qualité de second Plénipotentiaire, aux délibérations de ladite Conférence, si une autre Puissance se faisait aussi représenter par deux Plénipotentiaires.

J'invite Votre Excellence à introduire S. E. M. le Comte Antoine Szécsen en cette qualité auprès de Lord Granville. Je vous demande aussi, Monsieur le Comte, de vouloir bien assister de vos conseils et de votre expérience cet Envoyé de S. M. l'Empereur et Roi, afin qu'il puisse remplir l'objet de sa mission pour laquelle il doit, d'ailleurs, en toute chose, agir de parfait concert avec V. E.

Il est bien entendu que le fait de l'envoi du Comte de Szécsen, à Londres, ne doit rien changer à votre position de Plénipotentiaire d'Autriche-Hongrie auprès de la Conférence, puisqu'il n'est autorisé

ARCH. DIPL. 1873- 111.

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à faire usage de ses pleins pouvoirs que dans le cas éventuel de l'admission de seconds Plénipotentiaires à la Conférence, ou d'un empêchement subit et imprévu qui vous forcerait d'interrompre vos fonctions.

Recevez, etc.

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M. le comte de Bismarck redoute votre sortie de la capitale, il n'a pu s'y refuser devant l'instance des neutres. Il voudrait vous faire refuser, mais venez sans délai.

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M. JULES FAVRE AU COMTE DE CHAUDORDY, A BORDEAUX.

Paris, le 9 janvier 1871.

Je vous approuve tout à fait de n'avoir point donné à M. Tissot mandat de nous représenter à la Conférence. Si quelqu'un devait y aller à ma place ce serait vous. Mais il vaut mieux encore que cette place reste vide tant que l'Europe ne m'aura pas permis de l'occuper dignement. Insistez donc, je vous prie, auprès des Représentants des Puissances à Bordeaux, pour qu'elles nous facilitent l'accomplissement de notre tâche. Qu'elles pèsent sur la Prusse pour obtenir qu'elle en finisse avec ses mesquines difficultés. Tant qu'elle nous les oppose, c'est notre honneur qu'elle nous convie à écarter, et nous ne pouvons faire un tel sacrifice.

No 127. M. JULES FAVRE AU COMTE DE GRANVILLE.

Paris, le 10 janvier 1871.

Monsieur le Comte, je reçois seulement aujourd'hui, 10 janvier, à 9 heures du soir, par l'intermédiaire de M. le Ministre des États-Unis, la lettre que Votre Excellence m'a fait l'honneur de m'écrire le 29 décembre dernier, et par laquelle elle veut bien m'annoncer qu'elle a prié M. le Comte de Bernstorff de faire tenir à ma disposition lc

sauf-conduit qui m'est nécessaire pour franchir les lignes prussiennes, et assister, comme Représentant de la France, à la Conférence qui doit s'ouvrir à Londres.

Je remercie Votre Excellence de cette communication et de l'obligeance qu'elle a mise à me faciliter l'accomplissement du devoir qui m'est imposé.

Il m'est, toutefois, difficile de m'éloigner immédiatement de Paris, qui, depuis huit jours, est livré aux horreurs d'un bombardement exécuté sur sa population inoffensive, sans l'avertissement usité dans le droit des gens. Je ne me sens pas le droit d'abandonner mes concitoyens au moment où ils sont victimes de cette violence.

D'ailleurs, les communications entre Paris et Londres, sont, par le fait du commandant en chef de l'armée assiégeante, si lentes et si incertaines que je ne puis, malgré mon bon vouloir, répondre à votre appel dans les termes de votre dépêche.

Vous vouliez bien me faire connaître que la Conférence se réunirait, le 3 janvier, puis s'ajournerait probablement à une semaine.

Prévenu le 10 au soir, je ne pouvais profiter de votre invitation en temps opportun. De plus, en me la faisant parvenir, M. le Comte de Bismarck n'y a pas joint un sauf-conduit, cependant indispensable. Il demande qu'un officier français se rende au quartier général prussien pour le chercher, se prévalant de réclamations qu'il aurait adressées à M. le Gouverneur de Paris, à l'occasion d'un fait dont un parlementaire aurait eu à se plaindre, le 23 décembre; et M. le Comte de Bismarck ajoute que, jusqu'à ce que satisfaction lui ait été donnée, le commandant en chef prussien interdit toute communication par parlementaire.

Je n'examine point si une pareille résolution, contraire aux lois de la guerre, ne serait pas la négation absolue des droits supérieurs que la nécessité et l'humanité ont toujours fait maintenir au profit des belligérants. Je me contente de faire remarquer à Votre Excellence que M. le Gouverneur de Paris s'est empressé d'ordonner une enquête sur le fait relevé par M. le Comte de Bismarck, et, en le lui annonçant, il a porté à sa connaissance des faits de même nature beaucoup plus nombreux imputables à des sentinelles prussiennes, sur lesquels cependant il n'avait jamais songé à s'appuyer pour interrompre les échanges de relations ordinaires.

M. le Comte de Bismarck semble avoir admis, en partie au moins, la justesse de ces observations, puisque, aujourd'hui même, il charge M. le Ministre des États-Unis de me faire savoir que, sous la réserve d'enquêtes respectives, il rétablit les relations par parlementaires.

Il n'y a donc plus aucune nécessité à ce qu'un officier français se

rende au quartier général prussien, et je vais entrer en communication avec M. le Ministre des États-Unis pour me faire remettre le saufconduit que vous avez bien voulu obtenir.

Dès que j'aurai cette pièce entre les mains et que la situation de Paris me le permettra, je prendrai la route de Londres, sûr, à l'avance, de ne pas invoquer en vain, au nom de mon Gouvernement, les principes de droit et de morale que l'Europe a un si grand intérêt à faire respecter.

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Monsieur le Comte, vous me pardonnerez si, par infraction aux usages diplomatiques, le Gouvernement a cru devoir publier avant que V. Ex. l'eût reçue la dépêche que j'ai l'honneur de vous adresser aujourd'hui. La nécessité de mettre sous les yeux du public les documents qui peuvent l'éclairer sur les questions qui touchent à la Conférence de Londres, ne nous a pas permis d'attendre l'expiration du délai, malheureusement très-long, après lequel nous aurions appris l'arrivée de cette dépêche entre les mains de V. Ex.

Je vous prie de vouloir bien accueillir cette explication, et en même temps d'agréer, etc.

Signé: JULES FAVRE.

No 128. LE COMTE APPONYI AU COMTE DE BEUST.

(Télégramme.)

Londres, le 12 janvier 1871.

La Russie accepte définitivement la rédaction suivante : « Aucune Puissance ne peut se délier, etc., qu'à la suite de l'assentiment des Parties contractantes, au moyen d'une entente amicale. »

Lord Granville qui ne doute pas de votre consentement, vous prie d'accepter.

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