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river de Saint-Pétersbourg, un courrier porteur de l'acceptation définitive du czar? Napoléon, si impatient, si habitué à ne jamais attendre, accepterait-il de l'Autriche le moindre retard? Le prince de Schwarzenberg brûla ses vaisseaux. Il se dit à lui-même que s'il était désavoué, il irait planter ses choux dans ses terres; mais que s'il était approuvé, il serait au pinacle. Renonçant donc aux lenteurs et aux scrupules diplomatiques, il répondit, sans hésiter, qu'il était prêt, et prit rendez-vous avec le duc de Cadore, ministre des affaires étrangères, pour signer le lendemain, au palais des Tuileries, le contrat de mariage de l'empereur des Français, roi d'Italie, avec l'archiduchesse d'Autriche Marie-Louise.

IV

LES FIANÇAILLES

Le 7 février 1810, M. Champagny, duc de Cadore, ininistre des affaires étrangères de France, et le prince Charles de Schwarzenberg, ambassadeur d'Autriche, se réunissaient aux Tuileries, et signaient, sans la moindre difficulté, le contrat de mariage de Napoléon et de l'archiduchesse Marie-Louise. Le texte était la copie à peu près littérale du contrat de mariage de Marie-Antoinette, signé quarante années auparavant.

En sortant des Tuileries, le prince de Schwarzenberg expédia un courrier à Vienne, pour annoncer la grande nouvelle, qui devait peut-être y causer plus de surprise que de joie. « Monsieur le comte, écrivait-il à M. de Metternich, en signant le contrat de mariage, tout en protestant que je n'étais aucunement muni de pouvoirs ad hoc, je crois avoir uniquement signé un acte qui puisse garantir à l'empereur Napoléon la résolu

tion prise par mon auguste souverain de venir au devant de toute négociation sur cet objet important. Les dépêches que vous me fites l'honneur de m'adresser, monsieur le comte, ne me laissèrent plus aucun doute sur la marche que j'avais à tenir. Sa Majesté, à ce que Votre Excellence m'assure, approuve ma conduite, en m'enjoignant de continuer à travailler dans le même зens; le mariage est donc une affaire que mon gouvernement juge, comme de raison, être du plus grand intérêt, et dont la réalisation lui paraît bien désirable. Quand on connaît le caractère de l'empereur Napoléon, il ne semble pas douteux que, si j'avais mis de mon côté de la mauvaise grâce, il eût quitté ce projet pour en chercher un autre. Si cette affaire fut brusquée, c'est que Napoléon n'en fait guère d'autre, et il me paraît qu'il fallait profiter d'un moment favorable. J'ai la conviction la plus complète d'avoir bien servi mon souverain à cette époque, et si j'ai eu peut-être le malheur de lui déplaire par le parti que j'ai pris sans tergiverser, Sa Majesté peut me désavouer; mais, dans ce cas-là, je demanderai instamment mon rappel. »

Le lendemain, le prince de Schwarzenberg en voyait à Vienne un des secrétaires de son ambassade, M. de Floret, qui était porteur de cette letere pour M. de Metternich: « Paris, ce 8 février 1810. Je vous envoie, cher comte, notre ami Floret, qui vous mettra au fait de tout ce qui s'est

passé. Vous allez bientôt vous convaincre qu'à moins de brouiller tout, il me fut impossible d'agir autrement. Si j'avais insisté à ne pas signer il aurait rompu pour en finir ou avec la Russe ou avec la Saxonne. J'ai déclaré formellement que j'étais pleinement autorisé à donner les assurances les plus positives que des propositions de mariage seraient très favorablement accueillies de la part de ma cour, mais que si je n'étais pas prêt à signer, un contrat, on ne pouvait l'attribuer qu'à l'impossibilité dans laquelle mon ministère se trouvait, de supposer une marche aussi rapide à une affaire à peine entamée. Je vous conjure, cher ami de faire en sorte que cette grande affaire ne souffre aucune difficulté et qu'elle se fasse de bonne grâce... Je plains la princesse, il est vrai, mais qu'elle n'oublie pas cependant qu'il est bien beau de rendre la paix à de si bons peuples, et de s'établir le garant de la tranquillité et du repos général. Floret vous remet notre journal; il en fera les commentaires verbalement, n'ayant pas le temps de faire copier. Vous voudrez bien vous contenter de ce mode-là, pour ne pas retarder le départ de Floret. Faites terminer cette affaire noblement, et vous aurez rendu un service immense à la patrie.

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A la réception diplomatique qui avait lieu aux Tuileries, le 8 février, Napoléon s'approchait de l'ambassadeur d'Autriche et lui disait du ton le plus amical: « Monsieur l'ambassadeur, vous

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