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Les trois Articles additionnels ont été signés séparément. Il est entendu qu'ils feront partie intégrale du Traité de paix. Le soussigné, chancelier de l'Empire allemand, a déclaré qu'il se charge de communiquer le Traité aux Gouvernements de Bavière, de Wurtemberg et de. Bade et d'obtenir leurs accessions.

Signé JULES FAVRE.

Signé V. BISMARCK. Signé POUYER-QUertier. Signé ARNIM.

Signé E. DE GOULARD.

Le Président de l'Assemblée nationale,

Signé JULES GRÉVY.

Les Secrétaires,

Signé Bon DE BARANTE, N. JOHNSTON, Ve DE MEAUX,
PAUL BETHMONT, MIS DE CASTELLANE, PAUL

DE RÉMUSAT.

Le Président du Conseil,

Chef du pouvoir exécutif de la République française
Signé A. THIERS.

L'ALLIANCE AUSTRO-ALLEMANDE

ORIGINE DE LA TRIPLE-ALLIANCE

TRAITÉ DE VIENNE

(7 octobre 1879)

Considérant que Leurs Majestés l'Empereur d'Autriche et Roi de Hongrie et l'Empereur d'Allemagne et Roi de Prusse doivent

1. Le traité austro-allemand a été publié le 3 février 1888, en même temps à Berlin par le Reichsanzeiger, et à Vienne par l'Abendpost; le texte en était précédé de la note suivante:

Les gouvernements de la Monarchie austro-hongroise et de l'Allemagne ont trouvé bon de publier le traite d'alliance conclu entre eux le 7 octobre 1879, pour faire cesser les doutes qu'on élevait de divers côtés sur le but absolument défensif de cet accord, doutes qu'on a exploités sous l'influence de mobiles divers.

Les deux gouvernements alliés sont guidés dans leur politique par le désir du maintien de la paix, et ils travaillent, dans la mesure du possible, à ce qu'elle ne soit point troublée. Ils sont convaincus que la connaissance du texte de leur traité d'alliance fera disparaître tous les doutes existant à ce sujet et ils ont résolu pour cette raison de le publier.

estimer comme leur devoir inéluctable de souverains de veiller en toutes circonstances à la sécurité de leurs empires et à la tranquillité de leurs peuples;

Considérant que les deux monarques seront à même, par une alliance solide des deux empires, dans le genre de celle qui existait précédemment, d'accomplir plus facilement et plus efficacement ce devoir;

Considérant, enfin, qu'un accord intime entre l'AutricheHongrie et l'Allemagne ne peut menacer personne, mais est plutôt de nature à consolider la paix européenne créée par les stipulations du traité de Berlin;

Leurs Majestés l'Empereur d'Autriche et Roi de Hongrie et l'Empereur d'Allemagne, se promettant solennellement de ne jamais donner une tendance agressive quelconque à leur accord purement défensif, ont résolu de conclure une alliance de paix et de protection réciproque.

Dans ce but, L.L. M.M. ont nommé comme leurs plénipotentiaires :

Pour S. M. l'Empereur d'Autriche et Roi de Hongrie, son conseiller intime réel le ministre de la Maison impériale et des Affaires étrangères, le feld-maréchal lieutenant Julius, comte Andrassy, etc.

Pour S. M. l'Empereur d'Allemagne, son ambassadeur et plénipotentiaire extraordinaire, le lieutenant général prince Henri VII, Reuss, etc., etc.

Qui tous deux se sont mis en rapport, aujourd'hui, à Vienne, et après échange de leurs pouvoirs dûment reconnus bons et suffisants, ont arrêté ce qui suit:

ARTICLE PREMIER. Si, contrairement à ce qu'il y a lieu d'espérer, et contrairement au sincère désir des deux hautes parties contractantes, l'un des deux empires venait à être attaqué par la Russie, les deux hautes parties contractantes sont tenues de se prêter réciproquement secours avec la totalité de la puissance militaire de leur empire, et par suite, de ne conclure la paix que conjointement et d'accord.

ART. 2. Si l'une des deux hautes parties contractantes venait à être attaquée par une autre puissance, l'autre haute partie

contractante s'engage par le présent acte, non seulement à ne pas soutenir l'agresseur contre son haut allié, mais, tout au moins, d'observer une neutralité bienveillante à l'égard de la partie contractante. Si toutefois, dans le cas précité, la puissance attaquante était soutenue par la Russie, soit sous forme de coopération active, soit par des mesures militaires qui menaceraient la puissance attaquée, alors l'obligation d'assistance réciproque avec toutes les forces militaires, obligation stipulée dans l'article premier de ce traité, entrerait immédiatement en vigueur, et les opérations de guerre des deux hautes parties contractantes seraient aussi, dans cette circonstance, conduites conjointement jusqu'à la conclusion de la paix.

ART. 3. Ce traité, en conformité de son caractère pacifique, et pour éviter toute fausse interprétation, sera tenu secret par les deux hautes parties contractantes Il ne pourrait être communiqué à une troisième puissance qu'à la connaissance des deux parties, et après entente spéciale entre

elles.

Vu les dispositions exprimées par l'empereur Alexandre à l'entrevue d'Alexandrowo, les deux parties contractantes nourrissent l'espoir que les préparatifs de la Russie ne deviendront pas, en réalité, menaçants pour eux; pour cette raison, il n'y a actuellement aucun motif à communication.

les

Mais si, contre toute attente, cet espoir était rendu vain, deux parties contractantes reconnaîtraient comme un devoir de loyauté d'informer au moins confidentiellement l'empereur Alexandre qu'elles devront considérer comme dirigée contre elles deux toute attaque dirigée contre l'une d'entre elles.

En foi de quoi, les plénipotentiaires ont signé de leur propre main ce traité, et y ont apposé leurs sceaux.

Fait à Vienne, le 7 octobre 18791.

Signé: ANDRASSY, Prince HENRY VII DE REUSS.

1. Le texte du traité austro-allemand a été rendu public par la volonté du prince de Bismarck.

Le Chancelier, quelques mois après la crise du Septennat qui avait inquiété la France et la Russie, avait désiré alors intimider le Gouvernement russe dont la fidélité lui inspirait des inquiétudes. La divulgation de

ce pacte causa une assez vive émotion et contribua, on ne saurait le nier, à préparer l'alliance franco-russe.

En s'attachant à l'Allemagne, en 1879, l'Autriche-Hongrie avait souhaité trouver un appui éventuel contre la Russie exaspérée par le traité de Berlin et quelque peu menaçante. Le prince de Bismarck avait vu, quant à lui, dans cette entente « défensive », un moyen de préservation particulière contre son voisin de l'Est, après la dissolution de l'alliance des trois Empires.

La double alliance austro-allemande s'est transformée, moins de trois ans plus tard, en Triple Alliance par l'accession de l'Italie au système allemand. Le texte du traité initial constituant la « Triplice», comme d'ailleurs les modifications qui ont pu, depuis lors, y être apportées, sont restées et sont encore secrètes. On ignore même exactement la durée des périodes du traité et par conséquent les dates précises où il a été renouvelé. D'après l'opinion généralement admise, résultant de certaines déclarations des Puissances intéressées, la Triple Alliance est analogue au traité du 7 octobre 1879 et elle a un caractère purement défensif, en instituant une garantie territoriale réciproque. Chacun des contractants se serait engagé à contribuer à la défense de celui des autres alliés qui serait l'objet d'une agression étrangère.

Les causes profondes et occasionnelles de l'entrée de l'Italie dans la politique austro-allemande ont été trop souvent développées pour qu'il soit besoin de les rappeler longuement (désir de l'Italie de sortir de l'isolement, craintes d'un mouvement en faveur du Pape, intérêt dynastique et enfin expédition française en Tunisie que le prince de Bismarck sut exploiter contre nous).

Le traité de la Triple Alliance a été négocié à Vienne en février 1882, par le comte Kalnoky, le prince de Reuss et le comte de Robilant, ambassadeurs d'Allemagne et d'Italie auprès de l'empereur François-Joseph. Il a été signé le 20 mai, pour une durée de cinq ans. La première prorogation négociée par le comte de Robilant a été effectuée à Berlin en mars 1887, reportant, selon toute apparence, l'échéance de l'accord au 20 mai 1892. C'est en juin 1891 que la deuxième prorogation est intervenue sous le ministère du marquis di Rudini, M. de Caprivi étant chancelier de l'Empire allemand. On s'accorde à croire que, cette fois, la durée de la convention a été portée à douze ans, chacune des Parties contractantes ayant la faculté d'en sortir à la fin des six premières années. Aucune d'entre elles n'a profité de cette faculté en 1897, et le terme de la Triplice est resté fixé au 20 mai 1903. Le troisième renouvellement formel de ce pacte, qui a perdu beaucoup de son importance mondiale par le rétablis sement de cordiales relations entre la France et l'Italie, par l'alliance franco-russe. l'entente cordiale franco-anglaise et le rapprochement anglorusse, a eu lieu à Berlin le 28 juin 1902, dans les mêmes conditions de durée qu'en juin 1891. On est ainsi amené à penser, sans pouvoir toutefois rien affirmer, que la prochaine échéance de la Triplice serait le 20 mai 1915. (M. H.)

IV

LE ROYAUME D'ITALIE

Les textes qui ont consacré la formation successive du Royaume d'Italie, comme ceux relatifs à la restauration de l'Empire allemand, présentent un intérêt plus historique et rétrospectif que pratique et actuel. Les difficultés d'application qu'ont fait naître les traités de cessions territoriales conclus avec la France ou l'Autriche sont devenues excessivement rares. Néanmoins, les événements historiques dont ils sont les témoins écrits, ont eu de telles conséquences sur les destinées de l'Europe, qu'il est impossible de ne pas citer les plus importants d'entre eux, quelque désuètes et vieillies qu'en paraissent certaines dispositions, comme, par exemple, les articles du traité de Vienne qui règlent la cession au nouveau royaume des chemins de fer de la Lombardie.

Les affaires d'Italie » ont été pour nos pères, pendant de longues années, l'exemple le plus caractéristique des imbroglios diplomatiques. Le nombre des pièces de toutes natures, traités, conventions, protocoles, etc., auxquelles elles ont donné naissance, défie toute statistique. Le recul des années a naturellement opéré, au milieu de ce fatras, une sélection naturelle.

C'est ainsi que les événements se sont d'eux-mêmes répartis en quatre grandes périodes s'étendant de 1859 à 1870 :

1° 1859 l'empereur des Français et le roi de Sardaigne, alliés contre l'Autriche, arrachent à cette puissance la possession de la Lombardie. Les préliminaires de Villafranca établissent le principe de cette cession. Par les traités de Zurich du 10 novembre, la Lombardie est cédée définitivement à la France, qui la rétrocède à la Sardaigne.

2o L'année 1860 voit la proclamation et la reconnaissance du royaume d'Italie, sous le sceptre de Victor-Emmanuel II. C'est l'année où les grands-duchés de Toscane, Modène et Parme, le royaume de Naples, et les Marches et l'Ombrie se fondent dans la nouvelle nation.

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