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NOTICES HISTORIQUES

SUR

LA VIE ET LES OUVRAGES

DES

MEMBRES DE LA CLASSE

D'HISTOIRE

ET DE LITTÉRATURE ANCIENNE

MORTS depuis sa création, le 3 Pluviose an XI [24 Janvier 1803], jusqu'à la fin de l'année 1811.

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SUR

LA VIE ET LES OUVRAGES

DE

A

JULIEN-DAVID LEROY.

La famille de Julien-David Leroy offre le spectacle intéressant et peu commun d'un père et de quatre fils qui se sont tous distingués dans les sciences ou dans les arts, et qui tous, dignes les uns des autres, ont joui d'une célébrité méritée, et ont presque également contribué, quoique dans des genres différens, à l'illustration de leur nom et de leur pays.

Julien Leroy, chef de cette famille, occupoit, au commencement du siècle dernier, une des premières places parmi les artistes les plus habiles de la capitale; et après avoir perfectionné le mécanisme usité jusqu'alors pour l'horlogerie, il laissa loin de lui tous ses rivaux, par l'invention et l'exécution d'une pendule qui marquoit le véritable lieu du soleil, ou le temps vrai, tandis qu'on n'étoit encore parvenu qu'à faire marquer le temps moyen; invention qui lui mérita la récompense la plus flatteuse que pût obtenir un mécanicien, le suffrage de l'Académie des

sciences.

Pierre Leroy, l'aîné des quatre frères, continua la

Lue dans la séance publique

du vendredi 2 Germinal an XII [23 mars 1804].

réputation de son père, et ajouta encore à celle de l'horlogerie Françoise, dans la recherche des moyens mécaniques de déterminer les longitudes en mer.

Charles, le second, professa pendant plusieurs années avec éclat la médecine à Montpellier; il composa plusieurs ouvrages estimés sur cette science importante, et vint ensuite la pratiquer à Paris vers la fin de sa carrière, avec les succès dus à ses études profondes et à sa longue expé

rience.

Les travaux de Jean-Baptiste, insérés dans la collection des mémoires de deux illustres corps auxquels il a successivement appartenu, l'Académie des sciences et l'Institut national, et l'hommage rendu publiquement à sa mémoire dans cette même enceinte, par une bouche plus éloquente que la mienne, attestent assez son mérite et me dispensent de l'apprécier.

pour

Julien-David, dont je viens vous entretenir, naquit le 6 mai 1724 il étoit le dernier des quatre frères, et ne leur a été inférieur, ni par ses talens, ni par son zèle le progrès des lumières et des arts. Entouré, dès le berceau, d'objets et d'exemples propres à lui en inspirer le goût, il apprit à les chérir en apprenant à sentir et à penser, à mesure que ses sens se développoient; et à peine sorti de l'enfance, sa passion pour l'architecture devint si forte, qu'il lui consacroit tous ses momens de loisir et de récréation, et même beaucoup de ceux qui auroient dû appartenir à des études d'un autre genre, qu'il a eu quelquefois lieu de se repentir d'avoir trop négligées.

Il eut pour premier maître en architecture le célèbre Blondel, regardé comme le fondateur de l'école qu'on est

convenu d'appeler école d'architecture Françoise, quoique les principes et les élémens qu'on y enseignoit, soient ceux de l'architecture Romaine, qui nous ont été transmis par Vitruve et par ses interprètes, Palladio Scamozzi, et sur-tout Vignole, dont les œuvres ont été beaucoup plus répandues parmi nous. Il prit aussi des leçons de deux architectes très-renommés alors, La Guêpière, directeur général des bâtimens du duc de Wirtemberg, et Le Geay, devenu ensuite premier architecte du roi de Prusse Frédéric le Grand. Les progrès qu'il fit sous ces trois habiles maîtres, lui méritèrent en 1751 le premier grand prix de l'Académie d'architecture, dont il avoit obtenu le second deux ans auparavant. Ce triomphe lui ouvrit la route de l'Italie, qu'il brûloit depuis long-temps de parcourir ; il s'empressa de s'y rendre.

Je n'entreprendrai de peindre ni sa joie en arrivant dans la capitale des arts, ni son enthousiasme lorsqu'il put contempler les superbes restes de la magnificence Romaine, qui en sont encore le plus bel ornement, et auxquels, quand l'histoire ne nous diroit nulle part ce que fut Rome, on reconnoîtroit sans peine, malgré les ravages du temps et des barbares, la métropole du monde; ni son admiration à la vue de la basilique de Saint-Pierre, monument pompeux du génie du Bramante et de Michel-Ange : tous les amateurs des arts ont éprouvé les mêmes sensations; mais ce qui est particulier à David Leroy, ce qui mérite d'être remarqué, c'est le goût de préférence que fit naître tout-àcoup en lui la vue des monumens élevés à Rome par des artistes Grecs. Ce goût, qui se fortifia par l'étude de ces monumens, devint si impérieux, qu'aussitôt que le temps

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