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l'honneur qui l'ont constamment animée, et ses drapeaux qui, naguères donnés par le meilleur des monarques, et salués avec tant d'enthousiasme, ont reçu des sermens unanimes garantis par la loyauté du nom français.

Extrait d'une lettre de Laon, 10 mars au soir.

Une coupable entreprise a été tentée contre l'arsenal de cette ville. Des troupes dirigées par deux traîtres, dont l'un commande le département, sont à neuf venues loger hier dans la ville de La Fère, heures du soir, avec une feuille de route du commandant de Lille. Ces troupes étaient venues en un jour de Cambrai; leur but était de s'emparer de l'arsenal pour marcher sur Paris. La fermeté de M. le général d'Aboville, et de M. le major Pion, commandant le 2o régiment d'artillerie, a déjoué cette tentative criminelle. Officiers, sous-officiers et soldats, tous ont fait leur devoir. On s'est assuré de l'arsenal et des portes, qui ont été gardés avec du canon. Le reste de la garnison était formé en bataille sur l'Esplanade, les armes chargées et les canons en batterie. Les traîtres n'ont pas osé exécuter leur complot, et ils se sont retirés. Leur force consiste en quatre escadrons de chasseurs royaux de France, 150 chasseurs non montés, et 150 hommes d'infanterie, grenadiers et chasseurs. En partant ils ont voulu faire crier aux canonniers de la garnison vive l'Empereur! mais les braves canonniers sont restés fidèles à leur poste, et ont répondu par le cri de vive le Roi!

Le ministre de la guerre ayant rendu compte au Roi de la conduite honorable tenue le to de ce mois par M. le maréchal-de-camp baron d'Aboville, commandant l'Ecole d'artillerie à la Fère, qui, par sa conduite ferme et honorable, a fait échouer les tentatives faites par les agens de Bonaparte pour s'emparer de la place qui lui est confiée, a nommé cet officier-général commandeur de l'Ordre royal et militaire de Saint-Louis, et lui a accordé une pension

sur sa cassette.

S. M. a ordonné qu'il lui soit fait un rapport sur les officiers, sous-officiers et soldats qui, dans cette circonstance, ont bien mérité du Roi et de la patrie, et qu'il lui soit proposé les récompenses dont ils sont susceptibles.

Paris, le 11 mars, à quatre heures du matin.

Il vient d'arriver trois officiers des chasseurs à cheval dits royaux, chez Mgr le duc de Berry; ils sont envoyés par le colonel Lions et les officiers du régiment, pour dire à S. A. R. qu'ils n'ont connu qu'a La Fère la démarche dans laquelle on voulait les engager; qu'ils se sont rassemblés à Compiègne, ont manifesté leur façon de penser au général Lefebvre-Desnoëttes, et que sur-le-champ le général Lions a pris le commandement du régiment, fait sonner à cheval, et a repris la route de Cambrai, lieu de leur garnison.

Ces officiers sont un major, un chef d'escadron et un capitaine.

ORDONNANCES DU ROI.

Ordonnance du Roi concernant les militaires de toute arme et de tout grade en semestre et en congé limité ou illimité.

Au château des Tuileries, le 9 mars 1815. LOUIS, PAR LA GRACE DE DIEU, ROI DE FRAnce et DE NAVARRE,

Nous avons fait connaître à la France entière l'entreprise formée sur un des points de notre royaume par un homme dont le nom seul rappelle les malheurs de la patrie.

Nous comptons sur les sentimens patriotiques de tous les Français, sur leur attachement inviolable au trône, à leur souverain légitime, à cette charte constitutionnelle qui fixe à jamais leur destinée; nous comptons sur le dévouement d'une armée dont la gloire a retenti dans toute l'Europe; et si, par suite de la paix, cette armée a subi une réduction qui ne nous a pas permis d'employer activement tous les braves officiers qui en font partie, et dont l'existence a été l'objet constant de notre sollicitude, le moment est venu où, laissant un libre cours aux sentimens d'honneur et de courage qui les animent, nous les appelons à en donner de nouvelles preuves.

A ces causes, sur le rapport de notre ministre secrétaire-d'état de la guerre ;.

Le conseil des ministres entendu,

Nous avons ordonné et ordonnons ce qui suit Art. er. Tous les militaires en semestre et en congé limité, officiers, sous-officiers et soldats de

toute arme, rejoindront sur-le-champ leurs régimers respectifs.

Les commissaires des guerres sont autorisés à délivrer des feuilles de route portant indemnité.

Les militaires qui sont dans ce cas pourront, au lieu de rejoindre leurs corps, se faire inscrire dans les bataillons ou escadrons de réserve dont il sera parlé ci-après, articles 3 et 6.

2. Tous les militaires devront partir dans les trois jours qui suivront la publication de cette

ordonnance.

3. Les généraux commandant les départemens feront réunir, dans le plus bref délai, au chef-lieu du département tous les sous-officiers et soldats. des régimens d'infanterie de ligne et d'infanterie lé gère qui sont en congé illimité, ou qui, rentrés dans leurs foyers avant le 8 août 1814, sont disponibles en vertu de nos ordonnances des 15 mai et 8 août. Ils procéderont de suite à l'organisation de bataillons de réserve composés chacun de six compagnies de 100 hommes chacune, non compris les officiers. Chacun de ces bataillons portera le nom du département où il aura été formé, et ils seront distingués entr'eux par le numéro d'ordre de leur formation..

4. Les officiers d'infanterie et de l'état-major en non activité seront placés, suivant leur grade, dans ces bataillons, et jouiront de la solde d'activité, ainsi que les sous-officiers et soldats, à dater du moment de leur réunion dans le chef-lieu du département.

5. Les généraux commandant les divisions militaires surveilleront la formation de ces bataillons,

et donneront aux généraux commandant les départemens toutes les instructions nécessaires pour leur prompte organisation. Ils se rendront, à cet effet, aux chefs-lieux des départemens qui composent la division militaire dont ils ont le commandement.

6. Les sous-officiers et soldats des troupes de cavalerie qui sont en congé illimité, seront également reunis aux chefs-lieux de leurs départemens. Les généraux commandant ces départemens réuniront par arme, autant que possible, sous-officiers et cavaliers, et donneront le commandement de ces corps aux officiers de cavalerie en non activité.

7. Les généraux commandant les divisions et les départemens se concerteront avec les préfets pour faire fournir des chevaux aux sous-officiers et soldats de ces escadrons. Les militaires qui se monteront à leurs frais, recevront de suite le remboursement de leurs chevaux aux prix fixés par l'ordon

nance.

8. Les sous-officiers et soldats des troupes d'artillerie à pied et à cheval, du génie, des pontonniers, des ouvriers et du train d'artillerie, qui sont en congé illimité, seront également réunis au chef-lieu de leur département, et dirigés sur les écoles d'artillerie et du génie qui seront le plus à proximité.

9. L'armement des bataillons et escadrons de réserve sera fourni par les soins des préfets, qui disposeront des armes qui existent en dépôt aux chefslieux des départemens et des arrondissemens. Tous les citoyens qui se trouvent encore détenteurs d'armes de guerre, et qui ne font point partie de la garde nationale organisée, sont requis de les mettre

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