Administratif, Statistique et Historique

DU

DÉPARTEMENT DE L'EURE

EN 1866.

Après la nomenclature du personnel dès grands corps de l'Etat et des administrations locales qui forme la première partie de l'Annuaire, vient, dans la seconde partie, un Recueil des arrêtés préfectoraux sur la police de la pêche.

La troisième partie commence par vingt-sept documents presque tous inédits sur l'antique abbaye de la Croix-St-Leufroy, accompagnés d'un plan des bâtiments claustraux et du manoir abbatial. Ils sont suivis de l'histoire de la commune d'Ajou et d'un Etat des annoblis en Normandie de 1545 à 1661, sur lequel nous devons à nos lecteurs quelques explications.

Il y a une quinzaine d'années, en visitant le précieux chartrier de Monsieur le marquis de Chambray, nous y trouvâmes un manuscrit du XVIIe siècle contenant l'Etat des annoblis en Normandie, et qui nous parut d'un haut intérêt. M. le Marquis voulut bien nous le communiquer et nous permettre d'en prendre une copie pour les Archives de l'Eure. Nous avions l'intention de le publier, mais après l'avoir lu et relu à plusieurs reprises, nous dûmes renoncer à cette pensée par l'impossibilité où nous étions.... de rectifier de trop nombreuses erreurs et d'étranges confusions.

Longtemps après, en visitant le chartrier du château d'Acquigny, nous eûmes le bonheur d'y rencontrer un second manuscrit contenant un état des annoblis normands de 1545 à 1661. Madame la comtesse Dumanoir nous permit, avec sa bienveillance ordlnaire, d'en prendre une copie que nous publions aujourd'hui.

Ce travail est évidemment l'œuvre d'un officier, peut-être d'un greffier de la cour des aides de Normandie. Il avait à sa disposition les registres et les dossiers de cette cour souveraine; il les dépouille feuille par feuille et à peu près dans l'ordre chronologique. Le manuscrit est d'ailleurs écrit au XVIIe siècle avec une netteté et une régularité qui ne laissent aucune difficulté de lecture.

Néanmoins il renferme de nombreuses erreurs dans les noms d'hommes et les noms de lieu qui sont parfois étrangement défigurés. Personne de ceux qui s'occupent de ces matières ne s'en étonnera, car les manuscrits et les imprimés sur la noblesse en présentent des exemples trop fréquents. Ces erreurs ne sont point du reste uniquement imputables à notre auteur. L'orthographe des noms variait beaucoup autrefois, on n'y attachait qu'une médiocre importance, et il n'est point rare de trouver des noms défigurés dans les minutes les plus authentiques. Le scribe exprimait par des lettres de son choix le nom qu'il entendait pro noncer, et le même nom de famille se trouve écrit dans des documents originaux de beaucoup de manières différentes. A cette première cause d'erreur viennent se joindre les difficultés de lecture que notre auteur a dû rencontrer particulièrement dans les registres du XVIe siècle, difficultés qui sont quelquefois insurmontables quand on ne connait pas personnellement les fa milles et les lieux dont il s'agit.

Nous n'avons pas la prétention d'avoir fait disparaître, à beaucoup près, toutes les erreurs. Nous avons mis entre parenthèses la vraie leçon quand elle nous a paru certaine, ou quand celle du manuscrit, quoique exacte au XVIIe siècle, ne permettait pas de reconnaître facilement aujourd'hui la famille ou le lieu désigné. Nous avons comparé article par article le manuscrit de M. le marquis de Chambray avec celui que nous publions et donné en notes les variantes toutes les fois que le premier manuscrit contenait la véritable leçon ou, dans les cas douteux, une leçon distincte de celle de notre auteur et qui pouvait mettre sur la voie de découvrir la véritable.

Notre manuscrit renferme un bon nombre d'annoblissements de 1545 à 1661 dont ne parle pas celui de M. de Chambray, mais ce dernier à son tour en indique d'autres de la même époque qui sont omis dans le premier; et, au lieu de s'arrêter à 1545, il remonte jusqu'au XIVe siècle. Nous publierons l'année prochaine, sous forme de supplément, et en conservant l'ordre chronologique, tous les articles que renferme en plus le manuscrit de M. de Chambray.

Qu'il nous soit permis d'adresser ici le témoignage public de notre reconnaissance à Madame la comtesse Dumanoir et à M. le marquis de Chambray qui ont mis si libéralement à notre disposition les richesses de leurs chartriers, et aussi à M. le Préfet et au Conseil général de l'Eure qui continuent d'accorder leur haut patronnage à la publication de l'Annuaire.

Evreux, le 3 avril 1866.

P.-F. L.