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On a annoncé par erreur, au N°. 328, page 9, que l'adreffe

& Procès-verbal du Régiment de Touraine, y font annexés.

DE M. L'ABBÉ JACQUEMART,

Député de la Sénéchauffée d'Angers,

SUR L'ÉLECTION DES ÉVÊQUES,

Prononcée le 9 Juin, & imprimée par l'Ordre de l'Assemblée 1 Nationale.

JE

E

Je ne puis qu'admirer, Meffieurs, & rendre hommage au zèle vraiment apoftolique dont votre Comité Eccléfiaftique a fait preuve dans le Rapport qu'il vient de remettre fous vos yeux. Dans un fiècle dont l'impiété & la licence font en quelque forre le caractère dominant, je n'ofois plus me flatter de voir renaître les vertus de l'Eglife primitive, les beaux jours de la Religion, cependant le magnifique projet de votre Comité me laiffe entrevoir une aurore de bonheur, & mon cœur ofe s'ouvrir encore aux douceurs de l'efpérance,

Je l'ai examiné, je l'ai médité, dans le filence des paffions, ce Plan fi religieufement énoncé ; j'ai écarté, autant qu'il a été en moi, tous les nuages dont l'intérêt, l'amour-propre auroient pu le défigurer à mes yeux: concentré, abforbe, fi j'ofe m'exprimer ainfi, dans l'amour du bien général, je n'ai écouté que lui, je lui ai fubordonné toutes mes affections particulières. Mais hélas ! qu'il me paroît loin encore du but qu'il fe propofe d'at

A

teindre. Je n'entreprendrai pas de l'attaquer dans toutes fes difpofitions: je me borne à l'article foumis à votre délibération; il eft affez important pour mériter une difcuffion particulière.

Cet article donne le choix des Evêques aux Electeurs du Département: je vous l'ai déja dit, Meffieurs, j'admire bien fincèrement le zèle de votre Comité; mais, dans cette occafion, je fuis tenté de le croire plus ardent qu'éclairé.

D'autres temps, d'autres mœurs. Ne nous laiffons pas égarer par la chimère de la perfection: regrettons, dans toute l'amertume de notre cœur, les temps & les vertus apoftoliques; mais ne nous flattons pas de les voir renaître inceffamment au milieu de nous. Tant que le nom de Chrétien fur fynonyme avec celui de Saint; tant que les Fidèles, uniquement occupés du Ciel, comptèrent pour rien les intérêts de la terre; tant que l'Eglife, unie par les liens de la foi la plus vive, de la charité la plus active, ne forma qu'une famille de frères qui, pour me fervir de l'expreffion confacrée par l'Efprit Saint, fembloient n'avoir qu'un cœur & qu'une ame; tandis enfin que les Chretiens, l'exemple des Nations, bornèrent leur ambition à la palme du martyre, on put compter fur les élections du Peuple; on put confier le choix des Evêques à des hommes qui en avoient toutes les vertus, & qui tous pouvoient prétendre à cette éminente dignité: mais cette première ferveur, une fois réfroidie, il fallut recourir à d'autres moyens, parce qu'on fentit que choix du Peuple, toujours facile à féduire, ouvroit la porte à l'ambition, à l'intrigue, & finiroit par avilir le plus augufte de tous les Miniftères.

le

Faut-il, Meffieurs, rappeler à votre fouvenir ces temps malheureux fur lefquels l'Eglife gémit encore, & qu'elle voudroit effacer de fes annales; ces temps, dis-je, l'opprobre du nom Chrétien, où l'on vit des proftituées pendant une longue fuite d'années, égarer le Peuple dans

la Capitale de l'Univers, & lui faire élever fur le premier Siége de l'Eglife les compagnons de leurs débauches. Voudroit-on nous rappeler à ces temps de corruption & de défordres ? avons-nous moins de vices ou plus de vertus qu'on en avoit alors? Ah! nous fommes plus éclairés fans doute; mais nos lumières nous ont- elles rendus meilleurs? elles nous ont appris à donner des formes, des couleurs agréables aux vices; nous fommes plus décents, mais par là même nous ne fommes peut-être que plus corrompus; nous fommes moins fuperftitieux, mais auffi beaucoup moins religieux. Eft-ce dans un fiècle où la foif de l'or & des plaifirs a tout dénaturé, qu'on devoit nous propofer de confier à une petite partie du Troupeau le choix fi important de fes premiers Pafteurs? n'eft-ce pas vouloir aggraver, perpétuer nos maux, & nous fermer la feule voie qui puiffe nous en délivrer? Pour nous vanter le choix des Peuples, on nous cite avec complaifance les Athanafe, les Ambroife; on paffe adroitement fous filence tous ces mauvais Pontifes qui, portés par un Peuple féduit à la première dignité de la Religion, en ont été l'opprobre & le fcandale. On couvre d'un voile épais ces fcènes horribles qui, plus d'une fois, firent couler le fang entre le veftibule, & l'autel.

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Ne nous le diffimulons pas, Meffieurs, quelles que foient les bornes que votre Comité a impofées au pouvoir & aux richelles de l'Epifcopat, il tentera toujours l'ambition & la cupidité des mauvais Miniftres. Quoi que nous puiffions faire, les Evêques feront toujours, par la fainteté de leur caractère, l'excellence de leur facerdoce, la fublimité de leurs fonctions, l'étendue de leurs pouvoirs, les Magiftrats les plus importans dans l'ordre politique & religieux. Il eft donc abfolument indifpenfable d'établir un nouvel ordre de chofes, qui ouvre la carrière aux talens, à la vertu, & la ferme conftamment au vice & à l'intrigue. Or, ce nouvel ordre de chofes, Meffieurs,

croyez-vous que votre Comité l'a bien faifi, en confiant aux Electeurs des Départemens, un choix qui doit avoir tant d'influence fur les mœurs d'une Nation que vous vous propofez de régénérer ?

Quels feront en effet ces Electeurs? ce feront, pour l'ordinaire, des habitans de nos campagnes, ou tout au plus des petites Villes & des gros Bourgs où vous avez été obligés de fixer les Chefs-Lieux de Diftricts: ce feront des Fermiers, communément peu capables de pefer & d'apprécier les qualités des Candidats; ce feront des Maires de village, purement paffifs, & toujours dif pofés à fe livrer aux impreffions qu'on voudra bien leur communiquer, qui, faute de connoiffances & de lumières, feront forcés à fe décider & à juger fur parole. Il fe trouvera, dans ces Affemblées, des hommes puiffans qui éblouiront par leurs richeffes, des Orateurs dominans qui féduiront fans peine des hommes fimples, qui n'ont jamais entendu que les Prônes de leur Cure; & le choix des premiers Pasteurs fera abandonné à un petit nombre d'intrigans qui auront un grand intérêt à le faire tomber fur leurs parens ou fur leurs créatures.

Il arrivera, comme vous l'a fait obferver un Prélat, dont vous admirez les talens autant que vous refpectez fes vertus (1), que dans plufieurs de nos Provinces, le grand nombre des Electeurs fera pris parmi les nonCatholiques, qui peut-être fe feront un plaifit cruel d'avilir une Eglife qu'ils rivalifent, en lui donnant de

mauvais Pafteurs.

On vous a dir, je le fais, & on a cru répondre à cette difficulté vraiment embarraffante (2), en vous faifant obferver qu'en France, des Hérétiques, des Infidèles mêmes jouiffoient du droit de préfentation. Mais, de bonne foi, eft-il permis de juftifier un abus par un autre? dans un

(1) M. l'Archevêque d'Aix. 21 (2) M. Treilhard.

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