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PRONONCE

A LA BARRE DE L'ASSEMBLÉE NATIONALE,

Par M. DE CLOOTS, DU VAL-DE-GRACE, · Orateur du Comité des Etrangers,

LE

à la Séance du 19 Juin 1790.

Imprimé par ordre de l'Affemblée Nationale.

1

MESSIEURS,

E faifceau impofant de tous les Drapeaux de l'Empire Français qui vont fe déployer le 14 Juillet dans le Champ de Mars, dans ces mêmes lieux où Julien foula tous les préjugés, où Charlemagne s'environna de toutes les vertus; cette folemnité civique ne fera pas feulement la fête des Français, mais encore la fête du Genre-humain. La trompette qui fonna la réfurrection d'un grand Peuple, a retenti aux quatre coins du monde, & les chants d'alegreffe d'un choeur de 25,000,000 d'hommes libres, ont réveillé des Peuples enfevelis dans un long esclavage. La fageffe de vos Décrets, Meffieurs, l'union des Enfans de la France, ce tableau raviffant donne des foucis amers aux Defpotes, & de juftes efpérances aux Nations affervies.

Pr, Verb, No. 324,

A nous auffi il eft venu une grande penfée, & oferions-nous dire qu'elle fera le complément de la grande journée nationale! Un nombre d'Etrangers de toutes les Contrées de la Terre demandent à fe ranger au milieu du Champ de Mars; & le bonnet de la liberté, qu'ils éleveront avec transport, fera le gage de la délivrance prochaine de leurs malheureux Concitoyens. Les Triomphateurs de Rome fe plaifoient à traîner les Peuples vaincus liés à leurs chars; & vous, Meffieurs , par le plus honorable des contraftes vous verrez dans votre cortège des hommes libres dont la Patrie eft dans les fers, dont la Patrie fera libre un jour par l'influence de votre courage inébranlable & de vos Loix philofophiques. Nos vœux & nos hommages feront des liens qui nous attacheront à vos chars de triomphe.

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Jamais Ambassade ne fut plus facrée ; nos Lettres de créance ne font pas tracées fur le parchemin, mais notre miffion eft gravée en chiffres ineffaçables dans le cœur de tous les hommes; &, grace aux Auteurs de la DÉCLARATION DES DROITS, ces chiffres ne feront plus inintelligibles aux Tyrans.

que

Vous avez reconnu authentiquement, Meffieurs,

la Souveraineté réfide dans le Peuple or le Peuple eft par-tout fous le joug de Dictateurs qui fe difent Souverains, en dépit de vos principes. On ufurpe la Dictature, mais la Souveraineté eft inviolable; & les Ambaladeurs des Tyrans ne pourroient honorer votre Fête augufte, comme la plupart d'entre nous dont la miffion cft avouće tacitement par nos Compatriotes, par des Souverains opprimés.

Quelle leçon pour les Defpotes! quelle confola-. tion pour les Peuples infortunés, quand nous leur apprendrons que la première Nation de l'Europe, en ́ raffemblant fes bannières, nous a donné le signal du bonheur de la France & des deux Mondes !

Nous attendrons, Meffieurs, dans un refpectueux filence, le réfultat de vos délibérations fur la pétition que nous dicte l'enthoufiafie de la liberté univerfelle.

Ce Discours, prononcé par M. Cloots du Val-de-' Grace, Pruffien, eft figné de trente-cinq Commif. faires de MM. du Comité des Etrangers de toutes les Nations.

Réponse de M. ie Préfident aux Députations des différens Pays Etrangers.

« MESSIEURS,

Vous venez prouver aujourd'hui à l'Univers entier que les progrès que fait une Nation dans la philofophie, & dans la connoiffance des Droits de l'Homme, appartiennent également à toutes les autres Nations. Il est dans les fastes du monde, des époques qui influent fur le bonheur ou le malheur de toutes les parties du globe; & la France ofe aujourd'hui fe flatter que l'exemple qu'elle vient de donner, fera fuivi par les Peuples qui, fachant apprécier la liberté, apprendront aux Monarques que leur véritable grandeur confifte a commander à des hommes libres, & à faire exécuter les loix; & qu'ils ne peuvent-être heureux qu'en faifant le

bonheur de ceux qui les ont choifis pour les gouverner.

Qui, Meffieurs, la France s'honorera en vous admettant à la Fête civique dont l'Affemblée Nationale vient d'ordonner les préparatifs; mais, pour prix de ce bienfait, elle fe croit en droit d'exiger de vous un témoignage éclatant de reconnoiffance.

Après l'augufte cérémonie, retournez dans les lieux qui vous ont vu naître; dites à vos Monarques, dites à vos Adminiftrateurs, quelques noms qu'ils puiffent porter, que s'ils font jaloux de faire pafler leur mémoire à la postérité la plus reculée, dites-leur qu'ils n'ont qu'a fuivre l'exemple de Louis XVI, le Restaurateur de la Liberté Françoise.

L'Affemblée Nationale vous invite d'affifter à fa Séance, »

A PARIS DE L'IMPRIMERIE NATIONALE,

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