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bles sont fouettés, ou publiquement, ou dans leur prison. - Encore aujourd'hui, en parcourant les deux tiers du globe, on trouve le fouet non pas en honneur, mais en horreur; partout il provoque les gémissemens et les cris de l'enfance comme de la vieillesse. Depuis le nègre qui, sous le fouet d'un chef d'esclaves, arrose de son sang une terre fécondée par ses sueurs, jusqu'au serf russe que son maître fait fustiger sur le moindre prétexte, que de malheureuses victimes de ce supplice barbare qui fait mourir un peu tous les jours. De Constantinople à Madrid on est fouetté; ici par le caprice d'un pacha; là au nom de la religion et des lois (1). Dans les bagnes de Brest, de Toulon, de Rochefort, un bourreau, armé d'une corde goudronnée de l'épaisseur d'en pouce, frappe les reins nus d'un misérable, pendant qu'un sous-comite, l'encourageant de la voix et du geste, lui crie: pique, pique, garçon. Ce reste de barbarie disparaîtra par le progrès du temps, commé ont disparu la question, la torture et le raffinement dans les supplices. On finira par se convaincre qu'en matière d'amélioration morale, plus fait douceur que violence. :

(1) Lés alcades de Madrid ont rendu, au nom du roi, en avril 1824, une ordonnance où on remarquait les dispositions suivantes : «Nul individu ne pourra, soit lors de la procession de la semaine sainte, ou de celles qui ont lieu dans le courant de l'année, suivre lesdites processions en se donnant la dicispline, sous peine pour les contrevenans ou pour ceux qui les encourageraient, de dix jours de prison et de 500 ducats d'amende pour les nobles, et de 200 coups de fouet, et de dix ans de galères pour les rotu

riers.

FOUILLE. C'est l'action de dépouiller un prisonnier de tous les objets qui pourraient servir à lui procurer son évasion. Livré aux tâtonnemens de plusieurs hommes, on lui enlève successivement toutes les choses dont il pourrait faire un mauvais usage: argent et bijoux, de peur qu'il ne s'en serve pour corrompre; ciseaux et couteau, de peur qu'il ne se coupe la gorge; et cravate, pour qu'il ne tente pas de s'étrangler. Dans les bagnes on fouille jusque dans le rectum des forçats, parce qu'on a acquis la conviction que quelques-uns en faisaient une cachette capable de contenir des ressorts dentelés propres à scier le fer.

FOULER AUX PIEDS. Chez les anciens, comme aujourd'hui parmi les orientaux, les rois vainqueurs foulaient aux pieds les rois vaincus. Virgile a dit :

Et terram hostilem moriens petit ore cruento
Quem Turnus super assistens......

.....

Tunc super abjectum posito pede : Nixus et hasta.

Et Claudien :

Colla triumphati proculcat Honorius Istri.

Ils les foulaient en appuyant le pied droit sur le cou du vaincu prosterné. Chez les Coréens le supplice des voleurs est d'être foulé aux pieds jusqu'à la mort. Avant d'exécuter les meurtriers, on est aussi dans l'usage de les fouler long-temps aux pieds. Voy. ELÉPHANS.

FOUR. Tavernier raconte qu'Abbas ayant acheté

chez un boulanger six livres de pain, trouva qu'il y manquait cinquante-sept dragmes; pour faire un exemple éclatant, il ordonna qu'on mît le boulanger dans un four chaud.

FOUR A CHAUX. Il est dit dans le livre des Rois, que David fit jeter les Ammonites, pris à la guerre, dans les fourneaux où l'on cuit la brique. A Pome on condamnait, sous les empereurs, certains criminels au service dangereux des fours à chaux : In calcariam quoque vel sulphuriam damnari solent. Le féroce Mouley-Ismaïl fit pendre par les pieds, sur la bouche d'un four à chaux, deux Anglais qui n'avaient pas voulu se convertir au mahométisme.

FOURCHES. Les fourches caudines sont célèbres dans l'histoire romaine; elles se formaient au moyen d'une lance mise en travers sur deux lances droites: espèce d'arc de triomphe, ou de joug, sous lequel on faisait passer les vaincus. On voit aussi dans plusieurs écrivains latins, qu'il était d'usage, à Rome, d'attacher aux bras d'une fourche les esclaves que l'on battait de verges et que l'on traî

nait dans les rues et les marchés.

FOURCHES PATIBULAIRES. On appelait ainsi autrefois des piliers de pierre, supportant des pièces de bois posées transversalement, auxquelles on suspendait les criminels condamnés à être étranglés, soit que l'exécution se fît au lieu même où étaient les fourches patibulaires, soit qu'elle eût été faite ailleurs.Les fourches patibulaires étaient ordinairement placées hors des villes, bourgs et villages, à la proximité de quelque grande route, et dans l'endroit le plus élevé, afin de

prolonger l'exemple du supplice (1). On voulut encore, par l'établissement des fourches patibulaires, ajouter à la peine du supplicié, en rendant son corps le jouet des vents, en l'abandonnant aux animaux carnivores, en le privant de toute sépulture; peine qui, chez les anciens, était envisagée comme plus grave encore que celle de la mort, puisque, suivant la mythologie païenne, elle influait sur le destin de la vie future. L'origine des fourches patibulaires remonte aux premiers temps de la république romaine; il était alors d'usage de dépouiller celui qui était condamné à périr sous les verges; on l'attachait à un morceau de bois qui se terminait en fourche, sa tête était fixée à cette extrémité, et dans cet état, on le fouettait jusqu'à ce qu'il expirât.- En France, avant qu'on élevât ces colonnes de pierre entre lesquelles on suspendait ceux qui avaient été mis à mort, on se contentait de planter en terre deux fourches qui supportaient la pièce de bois à laquelle on suspendait le supplicié. On doit aussi rapporter à cet usage l'origine de ces expressions, fourches patibulaires. Ces fourches étaient aussi appelées la justice, pour dire qu'elles étaient le signe extérieur de la haute-justice. Le droit de fourches patibulaires se divisait en cinq classes; le simple seigneur haut-justicier ne pouvait avoir que deux piliers; le châtelain pouvait en avoir

(1) Les mots fourches patibulaires et gibet ont le mème sens; si ce n'est qu'on entendait par fourches plus particulièrement les lieux où on exposait les criminels après qu'ils avaient été exécutés.

trois; le baron ou vicomte quatre. L'usage, cependant, n'était pas uniforme; il existait des coutumes dans lesquelles le seigneur châtelain pouvait avoir des fourches à trois ou quatre piliers. Le droit de fourches patibulaires était imprescriptible, se fût-il écoulé cent ans sans qu'aucun coupable y eût été suspendu, parce que ce droit subsistait par lui-même et non pas par son exercice; pourtant, lorsque ces fourches patibulaires étaient tombées de vétusté ou autrement, elles devaient être rétablies dans l'an et jour de leur destruction, passé lequel temps le seigneur devait en demander le rétablissement par des lettres-patentes. Sans cette précaution, il ne pouvait faire élever qu'un simple gibet si le cas le requérait, et il était tenu de le faire enlever ou démolir aussitôt après l'exécution du condamné qui en avait nécessité la construction.—Il existait plusieurs fourches patibulaires en dehors de Paris; les plus connues sont celles de Montfaucon et de Montigny. A Montfaucon on attachait les cadavres des personnes exécutées à Paris. Sous Charles IX, on y voyait toujours cinquante à soixante corps desséchés, mutilés, corrompus et agités par les vents. Lorsque toutes les places étaient occupées, pour y attacher de nouveaux cadavres, on descendait les plus anciens et on les jetait dans un souterrain dont l'ouverture était au centre de l'enceinte. On arrivait à cet affreux monument par une large rampe; une porte solide en fermait l'enceinte, sans doute dans la crainte que les cadavres ne fussent enlevés par des parens pour leur donner la sépulture, ou

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