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LIBRAIRIE DES AUTEURS

10, RUE DE LA BOURSE, 10

1867

Viollet Coll. 7-31-46

252.5
L59

PRÉFACE

En réunissant en volume les discours du trône, nous avons supposé que le public s'intéresserait à cette publication, qui a pour elle tout l'attrait de la nouveauté. En effet, personne ne songe à lire dans la collection du Moniteur officiel les discours prononcés par les différents souverains qui se sont succédé depuis 1814. C'est l'histoire prise sur le vif, et toutes ces phrases préparées, sortant de la bouche des monarques, nous initient à leur façon de gouverner, bien mieux que les écrits les mieux rédigés.

L'ancienne monarchie, en détruisant les priviléges de la noblesse, avait attiré à elle tous les pouvoirs; le roi était absolu, les parlements des provinces n'avaient d'autre droit que celui d'enregistrer les édits royaux. Si quelquefois ils protestaient, l'exil ou la prison finissait toujours par avoir raison des plus entêtés.

Le parlement de Paris n'était pas traité avec plus de respect, l'absolutisme monarchique, n'admettant aucun contrôle, recevait toujours trèsmal les humbles remontrances de cette compagnie.

Quant aux Etats Généraux, on ne songeait guère à les convoquer; il fallut lutter énergiquement pour décider Louis XVI a réunir les représentants des trois ordres. A partir de 1789, la discussion des intérêts de la nation par des mandataires nommés par elle devint une règle; les discours prononcés aux États Généraux, à l'Assemblée nationale sont dans toutes les mémoires; mais Bonaparte, au 18 brumaire (1), s'empara du pouvoir et retira aux députés une partie de leurs droits. L'absolutisme reparaissait, l'influence des assemblées républicaines n'existait plus.

Durant le règne de Napoléon Ier, les Chambres furent muettes: siégeant pour la forme, le Sénat, le Corps législatif et le tribunat n'eurent aucune indépendance, et leurs membres se montrèrent sans énergie devant les ordres du souverain. La suppression du tribunat n'eut aucun retentissement, les deux Chambres qu'on laissait exister suffirent largement à remplir la besogne que l'Empereur voulut bien leur laisser.

Le pays ne jouissait d'aucune liberté, la volonté ou le caprice d'un seul était devenu la loi de tous. Du détroit de Messine à la mer Baltique, de

(1) 9 novembre 1799.

l'Océan à la Vistule, des préfets français étaient installés et remplaçaient dans leurs palais les souverains chassés par Napoléon. Quant aux monarques qui avaient pu conserver leurs trônes, leur pouvoir n'était pas plus étendu que celui d'un simple lieutenant de l'Empereur, et les droits de leurs peuples n'étaient pas plus respectés que les droits du peuple français.

La presse n'existait pas, on peut s'en convaincre par cet extrait de la Correspondance de Napoléon I, publiée sous la surveillance d'un comité dont les membres sont choisis par le gouvernement actuel :

A M. de Talleyrand.

Paris, 6 mars 1806.

M. Talleyrand, mon intention est que les articles politiques du Moniteur soient faits par les relations extérieures. Et quand j'aurai vu pendant un mois comment ils sont faits, je défendrai aux autres journaux de parler politique autrement qu'en copiant les articles du Moniteur.

NAPOLEON.

Le secret des lettres était violé continuellement, une police ombrageuse étendait ses ramifications dans tout l'empire, faisant ses rapports et désignant au pouvoir comme ennemis tous les hommes ayant quelques velléités d'indépendance. La gloire des armes tint pendant assez longtemps

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