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L'extraction a produit au total (d'après le rapport de l'exploitant) 5 à 600 myriagrammes de plomb sulfuré pur à grandes facettes, qui a été successivement vendu en nature aux potiers des départemens voisins.

Cette mine n'a jamais occupé plus de trois ouvriers. Elle n'a jamais eu besoin de directeur; celui dont parlent les instructions du Conseil des Mines, ne l'était que de nom et pour se soustraire aux orages révolutionnaires.

Il importe d'ajouter maintenant que les environs de la mine sont couverts de bois, et que Brassac communique avec la ville de Castres par une superbe grande route. La main d'œuvre d'ailleurs est à bas prix dans ces montagnes.

Observations.

La mine de Brassac est de nature à ce qu'on ne puisse rien assurer sur l'étendue et l'importance qu'elle peut avoir. D'une part elle n'offre rien de réglé puisqu'elle est disposée en amas, et de l'autre elle a été reconnue sur une trop petite étendue pour qu'on puisse en bien juger.

Jusqu'ici la valeur du minerai extrait a donné du bénéfice; mais l'extraction coûtait peu, puisqu'elle était superficielle.

Si on considère néanmoins que la couche métallifère a une grande épaisseur, et qu'elle est bien encaissée entre des bancs parallèles qui se prolongent à une grande distance, on sera porté à présumer, d'après les exemples de gisemens analogues, que cette couche doit renfermer un très-grand nombre d'amas métalliques, dont plusieurs doivent être très-riches en minerai. Si on considère de plus que la mine est pour ainsi dire vierge, il paraîtra hors de doute qu'on peut y hasarder des recherches, avec la plus grande probabilité de rencontrer au moins ass de minerai pour couvrir les frais.

Ainsi on peut dire que les recherches à faire à Brassac u'offrent aucune chance défavorable; elles en présentent au contraire une bien avantageuse, savoir, celle de trouver quelque grand amas métallique capable de donner en peu de tems et à très-peu de frais, un produit très - considérable.

On pourrait procéder à ces recherches en perçant une galerie dans la couche métallifère. On se placerait pour cela

au pied de la colline du côté de l'Ouest, à peu près à 25 mètres au-dessous des travaux superficiels. Aussitôt que la galerie aurait été approfondie de 60 ou 80 mètres, on la joindrait par un puits placé sur le haut de la colline. Quant aux ouvrages subséquens ils dépendraient naturellement du résultat des premières tentatives et de la nature plus ou moins solide du rocher. Il faudrait en outré se mettre en mesure de découvrir la tête de la couche dans toute l'étendue de son prolongement présumé. A cet effet on creuserait un nombre suffisant de tranchées, soit transversales, soit longitudinales; on les placerait à 40 ou 50 mètres environ les unes des autres.

Conclusions.

I

On peut regarder la mine de plomb de Brassac comme absolument vierge; elle n'a encore été l'objet d'aucune concession ni d'aucun travail d'exploitation proprement dit.

Le minerai y est disposé en amas ou stockwerck, au milieu d'nne couche de roche calcaire très-étendue et parfaitement encaissée.

Quelques travaux superficiels et très-mal conduits, ont cependant donné du bénéfice.

On peut donc en toute assurance hasarder des recherches sur cette mine, avec la plus grande probabilité de trouver assez de minerai pour couvrir les frais que les travaux pour

ront occasionner.

exé

J'estime qu'un fonds de 6000 francs suffirait pour cuter toutes les recherches qu'il conviendrait de faire avant de former aucun projet d'exploitation.

Fait double pour le Conseil des Mines de l'Empire et M. le Préfet du département du Tarn.

A Albi, le...., etc.

JOURNAL DES MINES.

No. 165. SEPTEMBRE 1810.

NOTICE GÉOLOGIQUE

SUR la Route du Col de Tende, dans les Alpes maritimes, précédée de Considérations sur les Terrains intermédiaires.

1.

Par J. J. OMALIUS D'HALLOY.

tion.

JAI J'ai eu l'occasion de passer au Col de Tende Introduc dans le cours de l'année 1809, mais ayant dû faire cette traversée très-rapidement, et étant persuadé que cette partie des Alpes avait déjà été décrite, je ne m'écartai point de la route, et je ne pris que quelques notes destinées seulement à me rappeler les principaux objets qui avaient frappé mes regards. Depuis lors j'ai remarqué qu'on n'avait encore rien écrit sur la minéralogie de cette contrée, ou du moins je n'ai pu découvrir aucun ouvrage qui en parlât; ce qui m'a fait penser que la publication de mes notes, toutes imparfaites qu'elles sont, offrirait peut-être quelques matériaux utiles à la connaissance de la vaste chaîne des Alpes (1).

(1) Cet article était rédigé, lorsque j'ai appris que M. Mẻnard de la Groye, naturaliste connu déjà très-avantageusement dans les sciences, avait parcouru les Alpes maritimes Volume 28.

M

Division des terrains

res.

Comme les roches qu'on rencontre sur cette route me paraissent appartenir à une classe de terrain qui était naguère presque inconnue en France, je crois devoir donner une idée de la manière dont je considère cette espèce de sol, exposition qui pourrait aussi avoir l'avantage de faire naître quelques observations critiques qui m'éclaireront dans les nouvelles recherches que je me propose de faire sur cet objet.

2. Quand on eut constaté qu'il y avait des en primitifs Couches minérales qui recélaient des corps oret secondai- ganisés, on ne put plus regarder la croûte solide du globe comme formée d'un seul jet; on sentit au contraire qu'outre les couches postérieures à la naissance des êtres vivans, il devait nécessairement en exister d'antérieures à cette époque, qui avaient, pour ainsi dire, servi de bases solides aux fluides dans lesquels les premiers animaux et les premiers végétaux avaient vécu. On distingua dès-lors ces deux grandes classes de terrains par les noms de primitifs et de secondaires, c'est-à-dire, de postérieurs et Difficultés d'antérieurs à l'existence des êtres vivans. Cette division si simple fut long-tems la seule adop

de cette division.

avec beaucoup d'attention, et se proposait d'en donner une description. J'ai été d'abord tenté de supprimer cette Notice ; mais le travail de M. Ménard, destiné à faire partie de la relation de ses nombreux voyages géologiques, n'étant pas encore prêt à être publié, j'ai laissé subsister une esquisse, qui donnera au moins une idée préliminaire de l'intérêt que présenteront les observations de ce voyageur, et de la variété d'objets qu'il aura rencontrés dans l'intérieur de ce pays, où il parait qu'aucun minéralogiste n'avait pénétré avant lui.

tée; il faut convenir, en effet, qu'elle est la seule vraiment naturelle, la seule bonne dans un sens absolu; mais par la raison même qu'elle présente des caractères si exacts et si tranchans, elle est d'une application fort difficile; car on sait que la nature ne s'astreint jamais à ces divisions que nous sommes obligés d'établir pour parvenir à la connaissance des êtres qui la composent. On conçoit aussi que l'apparition des corps vivans n'était point par elle-même un phénomène assez important pour avoir fait changer subitement les circonstances qui présidaient à la formation de l'enveloppe solide du globe; on sent également qu'une foule de circonstances particulières pouvaient rendre les corps vivans très-communs dans certaines contrées, tandis qu'il n'y en avait pas dāns d'autres, et que, de deux terrains de même nature, formés à une époque conteinporaine, l'un peut se présenter à nos yeux avec tous les caractères des terrains primitifs, et l'autre recéler un grand nombre de corps organisés. Il n'est donc point étonnant qu'on ait vu divers sofs osciller, pour ainsi dire, d'une classe à l'autre.

classe inter

M. Werner paraît avoir senti le premier ce Etablissebesoin de la science, et il a etabli une classe ment d'une particulière pour ces terrains douteux qu'il ap- médiaire. pela de transition ou intermédiaires (ubergangs gebirgsarten), dénomination qu'on regarde communément comme défectueuse, et qui cependant est extrêmement utile, par cela même qu'elle ne présente pas une idée bien déter

minée.

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