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renoncement à ses lumieres, à sa propre volonté, et au plaisir de la nouveauté et du changement. Je vous conjure donc mes très-cheres filles, vous qui êtes les fondements de la maison, vous qui avez été formées par ces saintes religieuses vous qui savez les intentions de ceux qui vous ont gouvernées, vous qui connoissez mon respect pour la regle, d'être fermes dans la vôtre; et de n'y souffrir jamais ni altération, ni relâchement.

J

LETTRE XXV.

A Me. de Glapion. (1)

Ce 14 octobre 1699,

E veux bien que vous m'aimiez; mais je ne prétends pas que vous soyez triste en mon absence. Si je demande de la

(1) De Glapion des Routis, née en 1674 morte en 172... Pour avoir une idée de Me. de Glapion, qui figure si avantageusement dans ces lettres, et qui de toutes les dames de Saint-Louis fut la plus intimement honorée de la confiance de l'institutrice; on peut voir son portrait, tel que je le tiens d'une de ses éleves, dans l'avertissement qui est à la tête de ces lettres aux dames de Saint-Louis.

gaieté dans la maladie; jugez, ma chere fille, si je pardonnerois de l'abatement dans l'amitié. Suivez avec joie le dessein que vous me confiez. Je pratique ce que je vous conseille, et je suis tranquille malgré le déplaisir d'être si loin du lieu du monde où je me plais le plus. Mais ce déplaisir me revient souvent dans l'esprit; il sera long : j'y suis préparée : à ma place, l'on a mille raisons de mourir, et l'on ne meurt point. Le roi et Me. la duchesse de Bourgogne ne sortent point de ma chambre: il faut que je me leve à cinq heures pour vous écrire. Je suis bien fâchée du mal de ma sœur (1) Radouai. Saint-Periers (2) est souvent malade. Voilà ce que c'est que les bonnes santés! Adieu, ma chere Glapion : assurez toutes vos sœurs, depuis Me, du Pérou jusqu'à Mlle. de la Palliere qu'elles sont toutes dans mon cœur, et parez vous de cette longue lettre à la récréation.

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(1) De Remond de Radouay, née en 1668, dame de Saint-Louis en 1686,d'un esprit aimable, et goûtée de Me. la maréchale de Noailles, au point d'exciter la jalousie de Me. de Maintenon.

(2) De Saint-Periers de Baudeville, née en 1675.

LETTRE

JE

LETTRE XXVI.

A la même.

E me suis bien apperçue du dégoût que' vous avez pour vos confesseurs : vous les trouvez grossiers : vous voudriez plus de brillant et plus de délicatesse : vous voudriez aller au ciel par un chemin semé de fleurs. Mais, ma chere fille, vous êtes chrétienne et religieuse; et il y a bien des devoirs dans ces deux mots. Je suis en état de choisir, et je n'ai d'autre confesseur que le vôtre. Il me seroit aisé d'entendre de beaux sermons; et je leur préfére la simplicité de cet homme. Sacrifiez vos répugnances. Vous ferez plus de bien par là, que par ces austérités que vous ne demandez pas, et que vous avez de la peine à ne pas demander. Adieu, ma chere fille je ne sens aucun mal; mais je suis dans une foiblesse dont mon esprit se ressentira bientôt. Tout manque en moi; je m'échappe à moi-même; mais ma sensibilité pour vous et pour SaintCyr, vit encore.

Tome III.

(9) H

Po

LETTRE XXVII.

:

A la même,

A Saint-Cyr, ce 31 mars 1700.

Oint de fille de Sainte-Marie aussi cordiale, aussi affectueuse, que je le serois si je vous disois tous mes sentiments pour l'infirmerie et pour l'infirmiere. Dieu vous montre ce qu'il veut de vous, la pratique de la charité, la solitude, et la privation du plaisir de solemniser sa mort et sa résurrection avec nous. J'ai fait le chapitre ce matin, et parlé l'après-diné en particulier je vais à Marly, et voilà qui n'est pas si régulier. Votre droiture saura bien allier les deux choses qui vous paroissent incompatibles: il n'y a que les distinctions qui affligent dans les communautés, parce qu'elles humilient. Pour vos impatiences, ma chere fille, elles ne sont pas bien grandes, puisque personne ne s'en apperçoit : vous les sentez, vous! raison de plus de continuer à veiller sur vous-même. Occupez-vous gaiement de la gloire de Dieu : vous lui devez beaucoup, et j'espere que vous payerez bien,

LETTRE XXVIII.

A la même.

NE perdez pas le fruit des bons propos

que vous tenez, en communiquant aux autres vos dégoûts: cachez-les avec soin; faites mieux, n'en ayez plus. Il faut que le bien se fasse par les supérieurs : aimez-les donc, et faites-les respecter. Sortez de votre retraite, toute grande, toute forte, toute zélée. Laissez les pensées d'enfant aux enfants, et venez aider à établir une maison qui doit sanctifier le monde. Ne croyez pas être seche pour les malades: vous êtes charitable et douce: mais vous voulez les rendre raisonnables, et c'est trop exiger. L'envie d'être approuvée est naturelle; mais tâchez d'aimer le bien pour le bien, et d'offrir tout à Dieu : l'amour - propre trouvera toujours assez à se mettre par-tout.

Pourquoi cette aversion pour le catéchisme? Ne contient-il pas toute la religion? Vous trouvez ridicule que le maître fasse des demandes d'un écolier, et que l'écolier fasse des réponses d'un maître. Vous voudriez que la question fut faite

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