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pendant tout le temps de la guerre de l'indépendance, languissait depuis le mois de janvier dans la citadelle de Nauplie, accusé d'une tentative pour insurger sa province natale.

Les germes de mécontentement répandus par ces personnages minèrent peu à peu l'autorité du président, particulièrement dans les îles bientôt on en vint à une résistance ouverte.

Dans le mois d'avril, le Maïna se déclara indépendant du comte Capo-d'Istria, pour établir un gouvernement local. Cet exemple fut aussitôt suivi par l'île d'Hydra, l'une des plus importantes de l'Archipel, qui accomplit sa révolution avec un ordre parfait, et qui priva dès lors la flotte grecque de ses meilleurs marins. Cette île se soumit aussi à un gouvernement provisoire, à la tête duquel étaient Miaulis et Conduriottis.

Ces nouvelles autorités demandèrent au président la convocation de l'assemblée nationale, une constitution, la liberté de la presse et l'examen des comptes de l'État. Il ne voulut accorder aucune de ces choses, regardant la civilisation et les lumières trop peu avancées en Grèce pour qu'elle pût supporter de semblables institutions. Cependant la réunion de l'assemblée nationale paraissait alors dans tous les vœux : des adresses à cet effet furent signées de tous les côtés, à Poros, Syra, Spezzia et autres îles, et sur le continent, dans différentes places de la Morée et de la Roumélie. Le président persévéra dans ses premiers refus et multiplia les arrestations.

La Hellade, la seule frégate que la Grèce possédât, et le reste de la flotte étaient à Poros. On découvrit, ou du moins l'on crut que le président se disposait à y embarquer une expédition contre les îles qui s'étaient soustraites à son pouvoir ou qui condamnaient la marche de son administration. Le gouvernement provisoire d'Hydra résolut de lui enlever cette ressource. A la fin de juillet, il envoya pendant la nuit, à Poros, deux ou trois cents hommes qui montèrent à bord de la Hellade et s'en emparèrent. Miaulis arriva ensuite avec de nou

velles forces, et mit sous ses ordres tous les autres vaisseaux dans le port de Poros. Les habitants de la ville les reçurent comme des libérateurs et se rangèrent de leur parti.

De son côté, le président dirigea la flotte russe sur Poros pour la bloquer, et prépara un mouvement combiné de ses troupes contre la ville. Miaulis ayant refusé de rendre la flottille grecque sur les sommations de l'amiral russe, les hostilités commencèrent. Un vaisseau grec qui venait de Syra avec des provisions fut coulé bas par les Russes, et en représailles un de leurs bâtiments fut canonné par une corvette grecque. Cependant, 1,200 hommes des troupes du président étaient arrivés pour réduire l'ile rebelle. Poros n'avait pas plus de 500 hommes pour se défendre; néanmoins cette attaque échoua. Les Russes et les troupes du président furent repoussés avec une perte considérable. Mais le manque d'eau et de provisions empêchait la ville de faire une longue résistance. La flotte était dans la même situation. Des barques furent amenées d'Hydra pour transporter dans cette île la population de Poros, qui préféra s'expatrier plutôt que de se soumettre à la merci des assiégeants. Miaulis renvoya pareillement ses marins à Hydra, et ne retint qu'une poignée d'hommes pour l'exécution du projet qu'il avait formé.

Le 13 août, l'escadre russe manoeuvra pour s'emparer de la flottille grecque, tandis que l'armée du président marchait de nouveau sur la ville. A l'approche des Russes, Miaulis et ses quelques marins s'embarquèrent dans une chaloupe pour regagner Hydra, et bientôt on vit sauter la Hellade ainsi que les autres bâtiments qui étaient dans le port. Miaulis avait mieux aimé les détruire que de les laisser tomber au pouvoir de la Russie ou du président. Les troupes du gouvernement entrèrent ensuite dans la place qu'ils réduisirent en un monceau de cendres, comme s'il ne se fût pas agi d'une ville grecque et des propriétés de leurs concitoyens.

Sur le continent, les Maïnotes s'étaient aussi levés en armes contre l'autorité du comte Capo-d'Istria. Ils descendirent de

leurs montagnes et chassèrent ses troupes de Calamata, où ils se vengèrent en quelque sorte par le pillage de cette ville qui n'en était pas 'cause, de la destruction de Poros. Le président renforça son armée pour se porter contre eux; mais les troupes françaises, dans le voisinage, s'emparèrent de la ville, afin d'empêcher les partis d'en venir aux mains. Une flottille de petits vaisseaux hydriotes, qui avait secondé les opérations des Maïnotes, était dans le golfe de Coron. Une frégate française qui s'y trouvait aussi ne leur avait opposé aucune résistance; mais l'amiral russe vint les sommer de se rendre. Au lieu d'obéir aux ordres de l'étranger, les Hydriotes firent sauter leurs vaisseaux les plus forts, et poussèrent les autres. à la côte, à l'exception d'un seul qui réussit à s'échapper.

Dans le cours de ces tristes dissensions, les Russes furent sans cesse les auxiliaires actifs du président. Les commandants anglais et français s'efforcèrent en vain d'interposer leur médiation; l'obstination du comte Capo-d'Istria, jointe à la violence de ses alliés, accréditèrent l'opinion qu'il y avait ici un intérêt russe en jeu.

Depuis le commencement de ces troubles, et surtout depuis la levée de boucliers des Maïnotes, dont le bey Mavromichalis était toujours détenu à Nauplie, différentes fois le président avait reçu l'avertissement que sa vie était menacée. Il le méprisa, et le crime fut commis. Georges et Constantin, l'un fils et l'autre frère du bey captif, vinrent à Nauplie dans le dessein d'assassiner le comte. Le 9 octobre, ils l'attendirent à la porte de l'église, où ils avaient appris qu'il devait se rendre. Dès qu'il parut sur le seuil, ils le frappèrent d'un coup de pistolet à la tête et d'un coup de poignard dans le bas-ventre. Le président ne vécut pas une minute de plus. L'un des assassins, Constantin, fut massacré sur la place par les assistants; Georges se réfugia dans la maison du consul français, qui refusa de l'abandonner à la rage des soldats et du peuple, mais promit de le livrer sur une demande régulière des magistrats. Il

fut condamné dans la suite a être fusillé, et mourut avec toute l'intrépidité du fanatisme.

Ce forfait paraît avoir été le résultat d'une vengeance privée, plutôt qu'un acte politique. Le sénat établit aussitôt une commission de gouvernement, composée de Colocotroni Coletti et Augustin Capo-d'Istria, frère du président assassiné. Il fut placé à la tête de cette commission, et, comme son prédécesseur, il se trouva bientôt en butte, de la part d'adversaires irréconciliables, à des inimitiés et à des obstacles qui pe permirent pas de présager une longue durée à son nouveau pouvoir.

CHAPITRE VII.

ITALIE.

SUISSE.

Insurrection de la campagne de Bâle.

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Convocation d'une assemblée constituante à Berne. - Rentrée de la diète fédérale. Elle s'interpose dans les troubles de Bâle.

taires.

Préparatifs mili

Réponses des diverses puissances à la déclaration de la diète sur la neutralité de la Suisse. - Nouvelles constitutions cantonales. L'insurrection se rallume dans le canton de Bâle.

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PIEMONT. Mort du roi Charles-Félix.

succède.

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Le prince de Carignan lui

Espérances et réformes qui suivent son avénement.

ÉTATS ROMAINS. MODÈNE. PARME.

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Le cardinal Capellari est élu pape. - Insurrection à Modène, dans l'État pontifical, à Parme. Inutiles efforts des insurgés pour soulever les autres États de l'Italie.Le pape, le duc de Modène et la duchesse de Parme demandent des secours à l'empereur d'Autriche. Négociations à ce sujet avec la France. Invasion d'une armée autrichienne dans les duchés de Parme et de Modène. - Réaction à Modène. - Les Autrichiens entrent dans les légations. — Rétablissement de l'autorité du Saint-Siége. Les Autrichiens se retirent. - Réformes administratives et judiciaires dans les États pontificaux. - Conclusion d'un emprunt. - Etat des choses à la

fin de l'année.

DEUX-SICILES.-État des finances.- Changement de ministère. — Fiançailles d'une princesse de Naples avec un infant d'Espagne.

On sait avec quelle rapidité une partie des peuplades suisses s'était soulevée en 1830, réclamant des réformes administratives et des droits politiques qu'elle avait obtenus, pour la plupart, dès l'année dernière.

A Bâle, centre d'une aristocratie marchande qui tenait les campagnes sous le joug, l'affranchissement avait marché d'un pas moins prompt. Cependant, à l'instar de ce qui était arrivé dans les autres cantons, elles avaient demandé hautement le redressement des griefs dont elles avaient à se plaindre. Le principal de ces griefs consistait dans la composition actuelle du grand conseil où les intérêts des districts extérieurs n'étaient pas représentés dans une juste proportion : en effet, ce

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