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pendant leur vie ; mais ces droits n'étaient pas transmissibles à leurs enfants. Le nouveau bill ne restreignait plus à la génération actuelle le droit de voter, conféré aux hommes libres. Il résultait, d'un autre changement, que les francs tenanciers, dans les cités ou bourgs, garderaient leur vote pour le bourg ou la cité, ou le comté, comme auparavant, sans être astreints à aucune des formalités établies dans le dernier bill.

Enfin lord Russell ajoutait que l'intention du gouvernement était de conserver 500 membres à l'Angleterre, d'en donner 105 à l'Irlande et 53 à l'Écosse.

Quelques-unes de ces modifications simplifiaient considérablement le mécanisme du bill; d'autres étaient calculées pour augmenter son efficacité: mais aucune ne devait imprimer un caractère particulier à la discussion qui eut lieu sur la seconde lecture le 16 et le 17 décembre. Aussi n'offrit-elle qu'une répétition des arguments pour et contre qui avaient déjà été développés à satiété dans la session précédente. Enfin, le 18, à une heure et demie du matin, la Chambre se divisa, et, sur 486 votants, 324 contre 162 se prononcèrent pour la seconde lecture.

Après ce vote, trop prévu pour faire une vive sensation, le parlement s'ajourna au 17 janvier 1832, laissant la nation aussi incertaine que jamais sur le sort définitif qui attendait le bill dans la Chambre des pairs, où rien n'annonçait jusqu'alors qu'une nouvelle épreuve lui dût être plus favorable que la première.

AMÉRIQUE.

CHAPITRE XI.

ÉTATS-UNIS DU NORD. - Travaux du congrès. - Message

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du président. Question du tarif. — HAÏTI. — Nouvelles négociations avec la France. - ÉTATS MEXICAINS. Affermissement du pouvoir de Bustamente. Ouverture du congrès. Finances. Traité avec la France. COLOMBIE. – État des partis.- Rappel du général Santander.— Division de la république en trois États indépendants.— BOLIVIE → PÉROU. — CHILI. — Reconnaissance de la Bolivie par la France. Rétablissement de la paix avec le Pérou. — BUENOS-Ayres. Continuation de la guerre entre les unitaires et les fédéralistes. - Succès de ces derniers. BRÉSIL.-État des partis. Mécontentement général. -Troubles à Rio-Janeiro. — Révolution à Bahia.— Révolution à RioJaneiro. Abdication de l'empereur en faveur de son fils.- Installation d'une régence. - Ouverture des Chambres. - Troubles graves à RioJaneiro et à Fernambouc. - État du pays.

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ÉTATS-UNIS du nord.

Un germe de discorde déjà ancien, et le plus dangereux qui ait jusqu'alors menacé leur tranquillité intérieure, semble avoir pris cette année une force nouvelle aux États-Unis. Le Congrès était ouvert depuis le 7 décembre 1830 le tarif des droits de douanes, dont les États commerçants et les États producteurs de marchandises exportables n'avaient jamais cessé de se plaindre, y devint encore un sujet de débats fréquents et animés. Dans son dernier message, le président s'était montré favorable à une révision des principes de ce tarif, et même à une modification de ses dispositions. Cette partie du message fut renvoyée par la Chambre des représentants à un comité, dont le rapport fut contraire à toute altération dans le bill existant. Le tarif ayant été récemment révisé, disait-il, toute tentative pour y introduire de nouveaux changements, à cette époque, alarmerait les grands intérêts du pays, ébranlerait la confiance dans les engagements du gouvernement, détruirait les espérances, renverserait les calculs de plusieurs millions d'Américains, qu'elle réduirait à la détresse, et exposerait la répu

blique tout entière aux dangers de la politique égoïste que les autres nations pourraient adopter. La minorité du comité publia, suivant les usages modernes du Congrès, un contrerapport qui présentait la question du tarif sous un point de vue diametralement opposé. Enfin, une convention des députés de quinze États, qui avaient été nommés pour obtenir, s’il était possible, des modifications dans le tarif, fit paraître également un long rapport, où elle le dénonçait comme étant tout à la fois nuisible, injuste et inconstitutionnel.

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Cependant, malgré l'animosité avec laquelle était débattue cette question, qui semblait devoir partager l'Union américaine en deux camps ennemis, elle n'eut point encore cette fois d'influence fâcheuse sur la prospérité des États confédérés. Il suffit, pour s'en convaincre, de lire le message du président Jackson au Congrès, à l'ouverture de sa session, le 6 décembre 1831 (voyez l'Appendice). Ce message témoigne d'un progrès constant de la république vers toutes les améliorations sociales. Respectée au dehors, et neutre dans les guerres qui ont éclaté à diverses époques entre les autres puissances, elle n'a eu de différents avec elles que pour des indemnités dues à ses vaisseaux et à ses marchands, en réparation de la violation de sa neutralité. Les réclamations adressées à l'Angleterre ont été terminées par un arrangement favorable aux relations amicales des deux pays. Il ne restait plus à vider entre eux que la question des limites. Le Congrès aurait à s'en occuper dans sa session actuelle. Quant à la France, dont la république avait aussi depuis long-temps des indemnités à réclamer, un traité avait été signé, qui mettait fin à cette difficulté. Il n'attendait plus que la sanction de la législature (1). Les choses n'étaient pas aussi avancées avec l'Espagne, Naples

(1) Par ce traité, signé le 4 juillet à Paris, le gouvernement français s'est engagé à payer une indemnité de 25 millions de francs aux Etats-Unis, en se réservant de faire sur cette somme une retenue de 1,500,000 francs pour dédommager les citoyens français qui élevaient également des réclamations contre le gouvernement fédéral.

et le Portugal; mais le président ne désespérait pas de voir les négociations amenées à un dénoûment prompt et satisfaisant.

N'ayant aucun redressement de griefs à demander aux autres gouvernements de l'Europe, les États-Unis ont continué avec eux des relations de la nature la plus libérale, que plusieurs traités de commerce d'une utilité réciproque étaient encore venus confirmer.

Sous le rapport de la sécurité et de la paix intérieure, la république n'offre pas un tableau moins prospère. Parmi les effets les plus heureux des amélioratious introduites dans l'Union se fait remarquer un accroissement de commerce qui a produit une augmentation correspondante dans les revenus, laquelle a passé tous les espérances.

Ces revenus atteindront cette année à la somme de 17,700,000 dollars. Les dépenses, sauf la dette publique, ne dépasseront pas 14,700,000 dollars. Les paiements effectués sur le principal et les intérêts de la dette pendant l'année iront au-delà de 16,500,000 dollars. Il en résultera qu'en moins de trois ans, une somme de plus de 40,000,000 de dollars aura été appliquée à la dette publique; aussi le général Jackson, attendant, pour l'année prochaine, un excédant considérable des recettes sur les dépenses, joint aux sommes que rendraient les terres du domaine public, espérait-il que toute la dette des États-Unis serait éteinte dans les quatre années de son administration: « Nous montrerons alors, ajoutait-il, une grande nation riche de tous les moyens de bonheur et de sécurité, et complétement affranchie de toute dette.»>

Un état de choses si favorable autorisait le président à recommander à l'attention du Congrès, comme l'objet le plus important qui pût être soumis à ses délibérations, la question du tarif. Une réduction dans les droits de douanes était praticable, puisque les besoins du gouvernement éprouveraient eux-mêmes une grande diminution par l'extinction de la dette. Quant à la nécessité de cette réduction, on peut en juger par Ann. hist. pour 1831.

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l'irritation des débats que le tarif avait soulevés entre les États agricoles du midi et les États manufacturiers du nord. Bien que le message du président fût de nature à calmer l'impatience des premiers, il était douteux s'ils consentiraient encore jusqu'au terme rapproché qu'il leur faisait entrevoir, à payer des droits qui doublent le prix des marchandises européennes pour le planteur du sud, et, par réciprocité, soumettent ses produits à des droits analogues dans les ports de l'Europe. De là des craintes sérieuses pour la tranquillité et le maintien de l'union, qui annonçaient qu'elle était parvenue à une crise grave, et donneront un intérêt extraordinaire aux discussions du Congrès de l'année prochaine.

HAÏTI.

L'impossibilité pour cette république d'acquitter l'indemnité de 150 millions que lui a imposée le traité conclu en 1825 avec la France, est aujourd'hui démontrée, et sans doute on cessera de s'en étonner, en réfléchissant que demander aux habitants d'Haïti de payer cette somme, c'était, eu égard seulement à là force des populations respectives, les charger d'une dette qui équivaudrait à six ou sept milliards pour la France. Si l'on tient compte, comme il est juste de le faire, de la différence des ressources et des richesses, cette dette constituera un fardeau infiniment plus accablant pour un pays dont la prospérité est loin d'être en progrès. Toutefois, le gouvernenient français n'a point perdu de vue les affaires d'Haïti. Par un traité signé à Paris le 2 avril 1831 avec le commissaire de la république, d'après des bases convenues dès 1829, il a essayé d'en venir à un arrangement d'une convenance mutuelle pour les deux nations. Des concessions importantes étaient faites à la république sur le mode de paiement de sa dette; la France renonçait à des avantages commerciaux primitivement stipulés en sa faveur. Mais le gouvernement haïtien avait tiré les plus étranges conséquences de la révolution de juillet: affectant de ́eroire que la somme de 150 millions lui avait été demandée comme

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