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que leur tenuité les rend fufceptibles d'être enlevées, d'être entraînées par l'air, & de nager comme lui dans l'efpace. Il faut obferver que l'eau froide s'introduit dans un corps impénétrable à l'eau chaude, à raifon du plus grand volume, & de la dilatation de l'eau échauffée. Enfin on ne connaît point encore de différence entre les particules de l'eau, qui toutes nous paraiffent homogènes.

Les végétaux n'exiftent que par l'air & l'eau ; la terre eft leur matrice, L'eau eft le diffolvant de plufieurs corps. Elle tient de l'air en diffolution puifque l'eau naturelle mife fous le récipient de la machine pneumatique laiffe échapper des bulles d'air fenfibles, & reprend la même quantité d'air qu'on en a féparé lorfqu'on la lui rend. Cet air reftitué, au lieu de former des bulles comme il fait dans l'eau qui en eft faturée, s'y incorpore paifiblement, reprend fa place dans l'eau qui en était purgée par la machine pneumatique.

L'eau diffout une certaine quantité de terres calcaires. Cette diffolution eft prouvée par la distillation des eaux qui femblent les plus pures. Celles des fources qui ont coulé long-temps fur ces espèces de terre, forment des incrustations, des ftalactites plus ou moins confidérables. L'adhérance de ces terres avec l'eau eft très-faible.

Les matières métalliques, excepté les métaux parfaits, font attaqués par l'eau. Elle agit fur l'efprit de vin, fur les efprits ardens de même efpèce, fur les efprits recteurs des fubftances animales & végétales, fur la partie la plus volatile des huiles quelconques, fur les compofés de matière huileufe, tels que les favons; fur les mucilages, les gommes dans la compofition defquels il entre des principes terreux, huileux & falins. Enfin c'eft avec les fels

qu'elle agit le plus décidément, & c'est avec eux qu'elle femble avoir la plus grande affinité. Elle ne les diffout pas tous avec la même facilité, & dans la même proportion. Un phénomène fort fingulier dans la diffolution des fels, c'eft que l'eau ayant diffous une maffe de fel quelconque au point de fatuiration excédente, c'est-à-dire qu'il tombe du fel au fond du vaiffeau fans être diffous, eft encore en état de tenir en diffolution un fel d'une autre efpèce, fans que le premier foit dégagé & précipité de fon diffolvant. On peut dire généralement que tous les fels font folubles dans l'eau, & que tout corps mis en diffolution n'eft diffous par elle que par l'intermède de quelque matière faline qui entre dans fa compofition.

L'eau diffolvant actif produit l'effet contraire. Elle a la propriété d'unir, de combiner les corps. Sa préfence dans tout le règne animal, végétal, dans les huiles, dans l'efprit de vin, eft une preuve démonftrative de cette vérité.

L'eau eft capable de produire par deux caufes contraires des effets étonnans, par la chaleur, & par le froid. L'eau réduite en vapeurs dans le digefteur de Papin, par la machine à feu qui fert à tirer l'eau du fouterrain des mines produit des effets confidérables. On peut même regarder l'eau comme la caufe accidentelle de certains tremblemens de terre. Ce phénomène peut arriver, lorfque l'eau renfermée dans une cavité intérieure de la terre eft pouffée à l'ébullition par les feux fouterrains. Si fon volume eft confidérable, fi fes vapeurs ne trouvent point d'iffue, il doit néceffairement en réfulter un tremblement, une commotion. Enfin l'eau glacée eft capable de faire fendre les corps les plus folides. La dilatation de l'air eft la caufe du premier

phénomène, fon expanfion eft la caufe du fecond..

Lorfque l'eau commence à geler, toute végétation ceffe. Donc la congellation eft le point extrême du froid pour toute végétation, & fi quelques plantes font encore vivaces; elles ne végètent plus. La cire fondue, qui eft une fubftance végétale, lorfqu'elle eft échauffée eft pour toute végétation le point extrême du chaud, au-deffus duquel toute plante fe defsèche, & périt.

La chaleur raréfie, l'eau augmente fon volume, & l'ébullition, le plus fort degré de chaleur qu'on puiffe lui donner, la réduit en vapeurs. Le mercure d'un thermomètre plongé dans l'eau bouillante, remonte entre le 80 & le 84° degré.

La plus forte ébullition à l'air libre, & dans les vaiffeaux ouverts, n'agit point fur les métaux. Mais lorsqu'elle eft retenue, lorfqu'elle ne peut s'évaporer comme dans le digefteur de Papin, fa chaleur augmente au point qu'elle rougit. Elle eft alors en état de fondre un morceau d'étain, ou de plomb fufpendu dans fon centre. Elle décompofe les corps animaux & végétaux, comme feroit l'analyfe dans la cornue.

L'ufage de l'eau eft de la première néceffité dans la Chymie. La plupart des opérations demandent la plus pure & la plus limpide. Telles font les eaux qui coulent fur les grès, les fables, les cailloux, & les pierres vitrifiables. On ne doit point employer celles qui font dures & crues. Ces eaux tiennent en diffolution des matières gypfeufes & féléniteuses. Elles ne font pas bonnes à boire, elles ne peuvent diffoudre le favon, & ne fervent à aucun usage. La meilleure eau pour les opérations chymiques, eft celle qui eft diftillée, ou bien l'eau de pluie, de neige recueillie avec foin dans un temps calme,

quand il a plu, ou neigé déja quelque temps plein air, dans des lieux écartés, folitaires reçue dans des vafes de terre, ou de grès.

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Enfin dans toutes les expériences chymiques, l'eau ne.fouffre aucune altération, aucune décompofition. Elle contient feulement une plus ou moins grande quantité de terre; mais cette matière lui eft étrangère, on peut l'en purger totalement par les diftillations réitérées.

De la Terre.

La terre eft l'un des quatre élémens. C'est un principe primitif, & des plus fimples de ceux qui peuvent entrer dans la compofition des corps, tel eft le premier état fous lequel elle peut être confidérée. La terre pure, fans mélange, ou élément eft un corps pefant, fixe, folide, opaque, qui n'eft point inflammable, ni foluble dans l'eau. Elle entre comme partie effentielle & conftituante dans tous les végétaux, animaux, & dans une grande quantité de fubftances foffiles. C'eft à la terre que ces différentes substances doivent leur folidité, leur fixité. C'est elle qui rend leur aggrégation capable de réfifter à l'action des fluides, du feu, & de l'air qui pourraient s'y infinuer.

La terre enfuite confidérée comme le globe que nous habitons, eft une planète, un fphéroïde applati par les poles, de 9000 lieues de circonférence, & de 3000 de diamètre. C'eft un corps mixte qui renferme dans fon fein tous les agens néceffaires & deftinés à devenir la matrice des végétaux, des minéraux, & des métaux.

Ainfi que les autres élémens, il eft difficile de reconnaître la terre comme pure & ifolée : au contraire la différence des terres varie à l'infini

&

ces teres font diffemblables entr'elles par leur pefantear, leur dureté, leur fixité, leur qualité plus o moins refractaires. La terre variée confidérablement dans fes productions, l'eft infiniment dans les différentes espèces qui compofent fon tout, Elle n'eft point uniforme dans les lits, ou couches qui conftituent fa maffe totale. La bonne terre, le tuf, la terre argilleufe, la terre calcaire, le fable, le &c. fe trouvent par couches indéterminées, & l'on ne connaît point de proportions certaines décidées, qui fixent l'arrangement fucceffif, l'épaiffeur, l'étendue des lits différens qui forment l'enfemble général.

roc,

Selon quelques auteurs il existe une terre exactement pure, & fans aucun mélange : cette terre fe nomme élémentaire. Elle nous eft totalement inconnue. On n'en a des notions que par des fyftêmes profonds, ingénieux, qui démontrent la poffibilité de fon existence, & toutes les recherches que l'on a fait jufqu'à ce jour ont été infructueufes. Si cette terre exifte, elle doit réunir le plus complettement les qualités effentielles & épurées du principe terreux. C'eft elle qui doit former les diamans, les pierres précieufes, qui felon d'autres font compofés de la même terre, que le quartz, le spath, le grès, le fable, le caillou; mais qui en different par la réunion plus intime des molécules terreux, & par l'arrangement de leurs couches. Cet arrangement direct, transversal, ou croifé, donne plus ou moins de paffage à la lumière, & peut être la feule caufe de la transparence des pierres, ou de leur opacité.

Du règne minéral.

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Le règne minéral eft celui dans la claffe duquel

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