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de se mettre après ce dernier. A dîner, la place à la droite de la Reine fut occupée par le Nonce; je me plaçai à la gauche de la Reine, le siège à la droite du Nonce était destiné à Mme Borghèse, mais, par un malentendu, elle se plaça à ma gauche, et M. de Labrador se mit à côté d'elle, ce qui était convenable.

Aujourd'hui, anniversaire de la naissance de la reine d'Espagne, il y a eu cercle à la Cour. Le ministre d'Espagne n'y a pas paru, mais il s'est rendu au palais un peu plus tard, et doit avoir eu une audience particulière.

J'évite avec soin, citoyen Ministre, toutes les disputes d'étiquette, et je rends exactement à M. de Labrador les visites qu'il me fait.

Salut et respect.

G. CLARKE.

Le chevalier d'Hervas, chargé d'affaires de S. M. C.

à Paris,

A Son Excellence le Ministre des Relations extérieures (1).

Paris, le 16 ventôse an XII (7 mars 1804).

Je reçois dans ce moment une dépêche de Toscane, en date du 17 février, et par laquelle le sénateur Mozzi me prévient

Que lorsque la guerre fut renouvelée entre la France et l'Angleterre, le général Clarke fut chargé de redemander, entre autres objets, l'arrestation de tous les Anglais qui se trouvaient en Toscane. S. M. connaissant dans sa sagesse qu'en se prêtant à cette demande, on sortait de cet état de neutralité que l'on a désiré de conserver, et que cet acte pouvait produire des conséquences funestes, surtout dans le port de Livourne, refusa d'une manière très honnête de s'y prêter, et il y a tout lieu de croire. que son refus motivé satisfit le gouvernement français.

Cependant, à Livourne, qui avait été déclaré en état de siège. et où se trouvaient les troupes françaises commandées par le général Olivier, tous les Anglais qui s'y trouvaient à cette époque furent mis en état d'arrestation, et ce ne fut qu'à force d'argent.

et de prières qu'ils purent obtenir d'être libres, sur leur parole qu'ils ne sortiraient pas de Livourne cette arrestation a été faite sur des négociants établis depuis longtemps à Livourne et dont plusieurs ont été naturalisés Toscans.

Il m'ajoute que S. M. les a engagés à patienter, et qu'elle s'adresserait au gouvernement français pour obtenir leur liberté définitive.

Il me fait passer en outre une pétition qu'ils ont adressée à S. M. et dont je remets copie à Votre Excellence.

Je la prie de vouloir bien prendre leurs demandes en considération, et d'obtenir du premier Consul une décision favorable pour ces négociants.

Je prie Votre Excellence de recevoir l'assurance de ma haute considération et de mes sentiments les plus distingués.

D'HERVAS.

Le Ministre plénipotentiaire de la République française
en Toscane

Au Ministre des Relations extérieures (1).

Citoyen Ministre,

Florence, le 25 ventôse an XII (16 mars 1804).

Le citoyen Thomas Guinigi, dont je vous avais annoncé la nomination à la magistrature des Finances et de l'Intérieur de Lucques, en ayant été déplacé par un acte inconstitutionnel du pouvoir exécutif, ainsi que je vous l'ai mandé précédemment, n'a point voulu obtempérer à ses ordres, qui le mettaient dans la magistrature des Eaux; il a motivé son refus sur la Constitution et sur le choix qu'avait fait de lui le Grand Conseil pour celle des Finances. Ce refus, quoique respectueusement tracé, a paru un acte séditieux aux meneurs de Lucques; ils ont délibéré s'ils n'en incarcéreraient pas l'auteur. Cependant cette délibération n'a eu aucune suite; ils ont sans doute trouvé prudent de ne pas trop

exaspérer un homme qui jouit de l'estime générale et qui est d'ailleurs recommandable par sa piété.

Il y a quelque temps que le gouvernement lucquois envoya à Belluomini fils (1), à Paris, des lettres de créance qui le nommèrent envoyé extraordinaire de la République lucquoise près de celle de France. On n'a point appris à Lucques qu'il les ait présentées et on a été surpris d'apprendre que le gouvernement lucquois venait de lui accorder un congé de deux mois pour se rendre à Milan, sous prétexte d'y vendre quelques-uns de ses meubles qui y sont restés et dont la vente ne paraît pas demander sa présence.

Sur ces entrefaites, le citoyen Derville-Maléchard, notre chargé d'affaires à Lucques, s'est rendu, à ce que nous avons appris par les gazettes de Gènes, à Gênes, où il est logé chez le ministre Saliceti. Ceci a donné lieu à divers bruits. Sans en croire aucun, mais sachant que ma correspondance relative à Lucques a été communiquée au citoyen Derville, je ne puis assez remarquer la tendresse mutuelle que paraissent se témoigner les citoyens Derville et Saliceti, et peut-être, citoyen Ministre, cette tendresse méritera-t-elle votre attention.

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Le citoyen Lucien Bonaparte vient de passer à Florence, il ne s'y est arrêté qu'un jour; il est parti hier pour Rome. Je ne l'ai point vu, et il n'a vu personne.

Je viens d'apprendre par Mme la princesse Borghèse qu'elle

(1) Le fils du fameux gonfalonier lucquois, chef du parti démocratique, qui traita un peu plus tard avec Bonaparte pour investir la princesse Elisa du gouvernement de son pays.

viendra dans deux mois à Florence; je vous prie, citoyen Ministre, de me faire savoir la manière dont le premier Consul veut qu'elle soit traitée à Florence, et si son intention est que je lui donne des fêtes; dans ce cas, je vous prie de vouloir bien pourvoir à la dépense.

Salut et respect.

G. CLARKE.

P.-S. Cette demande est également relative à Mme Bonaparte, mère du premier Consul, qui doit se rendre à Florence cet été, pour aller ensuite aux bains de Lucques.

Au ministre Talleyrand, à Paris (1).

Citoyen Ministre,

Florence, le 28 floréal an XII (18 mai 1804).

Diverses difficultés ont empêché jusqu'à ce moment le mariage de ma fille avec le lieutenant Ligniville. Ces obstacles sont de nature à n'être levés que par moi et rendent par conséquent indispensable ma présence à Paris. Ce mariage, qui est d'un extrême intérêt pour ma famille, a besoin de mes soins pour s'achever, et j'ose me flatter que le Gouvernement me permettra de ne pas sacrifier mes affaires particulières après en avoir fait un si désastreux abandon pendant si longtemps. Je vous prie donc instamment, citoyen Ministre, de m'accorder un congé de deux mois avec appointements pour me rendre à Paris.

La citation que vous m'avez transmise et qui m'ordonne de comparaître à Paris, en prairial, est une raison de plus qui me fait désirer d'y aller, d'autant que vous n'avez point répondu à la lettre que j'ai eu l'honneur de vous écrire à cet égard.

J'espère, citoyen Ministre, que vous voudrez bien m'accorder le congé que je vous demande, et que vous connaîtrez, sans doute, être sans inconvénients. Le citoyen Siméon, qui m'a déjà remplacé pendant les quatre mois de mon séjour à Lucques et auquel vous avez témoigné votre contentement de sa conduite,

peut me remplacer momentanément de nouveau, sans qu'il en résulte aucun préjudice pour les affaires.

Salut et respect.

G. CLARKE,

Ministre plénipotentiaire en Toscane.

A M. de Talleyrand, ministre des Relations extérieures (1).

Monsieur,

Florence, le 10 prairial an XII (30 mai 1804).

à

Je me suis empressé, ainsi que Votre Excellence me le prescrivait, de transmettre au commissaire général Colaud, Livourne, copie de la note-circulaire que vous avez adressée aux ministres étrangers accrédités près du gouvernement français, et de lui demander le procès-verbal de sa prestation de serment et de celle des sous-commissaires placés sous ses ordres. J'aurai l'honneur de vous l'envoyer aussitôt que je l'aurai reçu. Je joins ici mon serment de soumission aux constitutions de l'Empire et de fidélité à l'Empereur, ainsi que celui du premier secrétaire de la légation. Les trois élèves qui y sont attachés, MM. Rosily, Ligniville et Ziepffel, se trouvent dans ce moment et d'après votre autorisation à leurs régiments. Leur absence m'a porté à retenir ici M. Le Pelletier d'Aunay, qui a l'honneur d'être connu de vous et qui désire s'attacher à la carrière diplomatique. Son travail m'est devenu indispensable, vu la multiplicité d'écritures que nécessite particulièrement dans cette légation le séjour des troupes françaises en Toscane, et qui est amenée par une foule de petits détails qui ne sont pas de nature à vous être transmis. Par son instruction, par sa fortune et par son usage du monde, M. Le Pelletier d'Aunay est susceptible de bien remplir une place d'élève, lorsque vous voudrez bien la lui accorder.

Je prie Votre Excellence d'agréer l'assurance de mon respect. G. CLARKE.

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