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profiter de l'occasion peut-être unique qui se présente de revenir à l'ordre ancien et de rentrer dans la voie générale. Mais quels sont pour cela les moyens les plus prompts et les plus efficaces? Nous tâcherons de les indiquer dans notre dernier chapitre.

CHAPITRE VIII.

Des moyens à prendre pour rétablir en France la discipline de l'Église et rendre promptement au clergé, surtout aux curés de campagne, la considération et l'influence que le nouveau régime ecclésiastique leur a ravies.

Quelles qu'aient été dans la théorie les maximes du clergé français, dans la pratique il s'est toujours conduit par ce principe, qu'ayant été dit au pape dans la personne de saint Pierre Duc in altum, avancez en pleine mer, c'est-à-dire, selon l'interprétation de saint Ambroise, enfoncez-vous dans les questions les plus profondes et terminez les affaires les plus difficiles, c'est au chef de l'Église universelle qu'il appartient de terminer les grandes affaires des Églises particulières, et que c'est toujours à lui qu'il faut

avoir recours dans les momens de crise et de danger. Nous avons vu cette pratique suivie lors de la question du serment civique qui s'éleva aux premiers jours de la révolution, dans la célèbre dispute que fit naître le premier concordat, et plus récemment encore lorsque nos évêques, asservis, opprimés par la loi organique, ne pouvaient lever les obstacles qui arrêtaient l'exécution du second. « Pour sortir avec l'honneur qui convenait « à des évêques d'une position aussi critique «<et aussi embarrassante, ils s'adressèrent << avec unanimité à la chaire apostolique, afin « de marcher constamment sous l'influence « et la direction de leur chef, et savoir de lui «< ce qu'ils devaient faire dans ces circon<< stances (1). >>

Telle est la première démarche à faire comme le premier moyen à prendre pour sortir de l'état funeste où nous a mis le nouveau régime c'est que nos prélats s'adressent de concert au chef de l'Église, et puisqu'ils purent en 1819 lui faire parvenir leurs

(1) Voyez aux Pièces justificatives leur lettre au pape, du 30 mai 1819.

plaintes touchantes et apprendre de lui comment ils devaient se conduire dans les circonstances où ils se trouvaient, pourquoi ne le pourraient-ils pas aujourd'hui ? Les voies nous paraissent bien plus aplanies, les communications bien plus faciles, les esprits bien mieux disposés qu'à cette époque. Il leur serait donc bien aisé de s'adresser de nouveau au souverain pontife et de supplier Sa Sainteté de renouer avec le gouvernement actuel les négociations touchant l'exécution du concordat de 1817, ou d'en entamer de nouvelles sur tout autre plan que la haute sagesse du chef de l'Église croirait devoir choisir.

Cette première démarche est de la plus haute importance, puisque d'elle dépend la restauration de l'Église de France, la fin de ses trop longues épreuves, le remède au mal qui travaille le clergé, le salut de la religion et peut-être de l'ordre social dans notre patrie. Devant un si grand intérêt doivent disparaître tous les petits intérêts de classes, de dignités, de rangs, de positions. La plus parfaite union de tout le corps clérical est ici indispensable; tous les mem

bres doivent agir de concert comme un seul homme et diriger vers le but commun tous les efforts que chacun fera dans la sphère de sa spécialité.

C'est donc à nos premiers pasteurs à prendre l'initiative, en s'adressant promptement au pape. Et qui oserait douter de leur bon vouloir? Qui oserait même mettre en question leur vif empressement à se concerter entre eux et à s'entendre avec le Saint-Siége pour opérer une restauration religieuse tant désirée par eux et devenue si nécessaire?

C'est au clergé du second ordre à seconder, à soutenir de tous ses efforts cette démarche si décisive de ses chefs, en préparant l'opinion publique à la grande mesure qu'elle doit amener, et en montrant pour elle l'unanimité des voeux du sacerdoce.

Il est pour cela deux moyens principaux : 1° La liberté de la presse. Une cause est toujours gagnée en France quand elle a pour elle l'opinion publique, et cette opinion se forme surtout par le moyen de la presse. Lorsque celle-ci s'empare d'un sujet, elle le tourne et le retourne de tous les

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