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lique et impérial, ambassadeur, conseiller et secrétaire du duc Jean IV:

Les François estoient testonnés,
Et leurs airs tout efféminés;
Avoient beaucoup de perleries,
Et de nouvelles broderies.
Ils estoient frisques et mignotz,
Chantoient comme des syrenotz;
En salles d'herbettes jonchées,
Dansoient, portoient barbes fourchées,
... Les vieux ressembloient aux jeunes;
Et tous prenoient terrible nom,
Pour faire paour aux Bretons.

273 page 328

Mort de Duguesclin...

A doulce France amie, je te lairay briefment!
Or veille Dieu de gloire, par son commandement,

Que si bon conestable aiez prochainement

De coi vous vailliez mieux en honour plainement!

Poëme de Duguesclin, ms. de la Bibl. royale, no 7224, 142 verso.

V. l'excellent art. Charles V de M. Lacabane (Dict. de la conversation).

274 page 331 La France atteignait dans Froissart la perfection de la prose narrative...

Sans parler de tant de beaux récits, je ne crois pas qu'il y ait rien dans notre langue de plus exquis que le chapitre : « Comment le roi Édouard dit à la comtesse de Salisbury qu'il convenoit qu'il fust aimé d'elle, dont elle fut fortement ébahie.»

Quoique Froissart ait séjourné si longtemps en Angleterre, je n'y trouve qu'un mot qui semble emprunté à la langue de ce pays Le roi de France pour ce jour étoit jeune, et volontiers travilloit (voyageait, travelled). T. IX, p. 475, année 1388.

Dans son voyage aux Pyrénées, cheminant le joyeux prétre, avec ses quatre lévriers en lesse...

« Considérai en moi-même que nulle espérance n'étoit que aucuns faits d'armes se fissent ès parties de Picardie et de

Flandre, puisque paix y étoit, et point ne voulois être oiseux; car je savois bien que au temps à venir et quand je serai mort, sera cette haute et noble histoire en grand cours, et y prendront tous nobles et vaillants hommes plaisance et exemple de bien faire; et entrementes que j'avois, Dieu merci, sens, mémoire et bonne souvenance de toutes les choses passées, engin clair et aigu pour concevoir tous les faits dont je pourrois être informé touchants à ma principale matière, åge, corps et membres pour souffrir peine, me avisai que je ne voulois me séjourner de non poursuivre ma matière; et pour savoir la vérité des lointaines besognes sans ce que j'envoyasse aucune autre personne en lieu de moi, pris voie et achoison (occasion) raisonnable d'aller devers haut prince et redouté seigneur messire Gaston comte de Foix et de Berne... Et tant travaillai et chevauchai en quérant de tous côtés nouvelles, que par la grâce de Dieu, sans péril et sans dommage, je vins en son châtel à Ortais... en l'an de grâce 1388. Lequel.... quand je lui demandois aucune chose, il me ic disoit moult volontiers; et me disoit bien que l'histoire que je avois fait et poursuivois seroit au temps à venir plus recommandée que mille autres. » Froissart, IX, 218-220.

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Jehan raconte d'abord comme quoi : « A l'âge où les enfants commencent à muer leurs premières dents et où ils ont encore leur folle plume, et ne sont prenables d'aucune loi, › il fut chargé de garder les oies, puis les pourceaux; comment ensuite, accroissant son estat d'estre promeu aux honneurs lerriens, il eut la garde des chevaux et des vaches. Mais il y fut blessé, et revint dire que jamais il ne garderoit de vaches : « Et lors, lui fust baillée la garde de quatre-vingts agneaux débonnaires et innocents..., et il fut comme leur tuteur et curateur, car ils étoient soubs âge et mineurs d'ans. » Il ne se conduisit pas comme certains pasteurs temporels ou spirituels..., etc Ensuite ledit Jehan de Brie, sans simonie, fut establi et institué à porter les clefs des vivres.... de l'hôtel de Messy, appartenant à l'un des conseillers du roy nostre seigneur lès enquestes de son parlement à Paris... Quand ledict de Brie eut été licencié

et maistre en ceste science de bergerie, et qu'il estoit digne de lire en la rue au Feurre (la rue du Fouarre, où étaient les écoles) auprès la crèche aulx veaux, ou soubz l'ombre d'ung ormel ou tilleul, derrière les brebis, lors vint demourer au PalaisRoyal, en l'hostel de Messire Arnoul de Grantpont, trésorier de la Sainte-Chapelle royale à Paris... Premièrement, les aigniaux qui sont jeunes et tendres doivent ester traitez amyablement et sans violence, et ne les doit-on pas férir ne chastier de verges, de bastons, etc. Lorsque l'on coupe les agneaux: Doit lors le berger estre sans péché, et est bon de soi confesser, etc., etc. Ce charmant petit livre n'a pas été réimprimé, que je sache, depuis le xvIe siècle. J'en connais deux éditions, toutes deux de Paris; l'une porte la date de 1542 (Bibl. de l'Arsenal), l'autre n'a pas d'indication d'année (Bibl. royale, S. 880).

Le passage suivant a bien l'air d'être écrit par un homme de robells estoient (les agneaux) sous âge et mineurs d'ans; et pour ce que ledit Jehan n'est pas noble, et que il ne lui appartenoit pas de lignage, il n'en put avoir le bail, mais il en eut la garde, gouvernement et administration, quant à la nour

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Vint droit à Villenove, où la chevalerie
De Bertran et des siens estoit adonc logie.
Ila dit à Bertran que point ne le detrie :
Sire, l'avoir est prest, je vous acertefie,
Et la solution séclée et fournie,
Come Jhesu donna le fils sainte Marie
A Marie-Magdalaine qui fut Jhesu amie.
Et Bertran li a dit: Beau sire, je vous prie,
Dont vint ycilz avoirs, ne me le celez mie?
La pris li Aposteles en sa thresorerie?
Nanil, Sire, dit-il, mais la debte est paie
Du commun d'Avignon, a chascun sa partie.
Dit Bertran Du Guesclin: Prévost, je vous afie,
Ja n'en arons deniers en jour de notre vie,
Se ce n'est de l'avoir venant de la clergie,

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Et volons que tuit cil qui la taille ont paiée,
Aient tout lor argent, sans prendre une maillie.
Sire, dit li prévos, Dieu vous doint bonne vie!
La pour gent arez forment escléessie (réjouie).
Amis, ce dit Bertran, au pape me direz,
Que ces grans tresors soit ouvers et defermez,
Ceulz qui lont paié, il lor soit retorez,

Et dittes que jamais n'en soit nul reculez.
Car, se le savoie, jà ne vous en doubtez,

Et je fusse oultre mer passez et bien alez,

Je seroie ainçois par deçà retournez...

Poème de Duguesclin, ms. de la Bibl. royale, no 7284, folio 49.

FIN DU TOME TROISIÈMB

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