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reconnu la conquête de l'Algérie. Pour Alexandrie, il fallait d mander à l'Égypte si elle consentirait à accueillir et à surveiller hôte qu'on ne pouvait lui imposer. Avant que la question fût fa au Caire, la monarchie de Louis-Philippe était renversée, Le gi vernement provisoire ne crut pas pouvoir prendre une décisi L'Assemblée nationale, saisie, en 1849, d'une demande pour mise en liberté de l'émir, passa à l'ordre du jour, se fondant ce que, par le massacre des prisonniers français, Abd-el-a s'était mis hors du droit des gens, comme si ce massacre, quelq horrible qu'il fût, n'était pas couvert par la parole de Lamond et la ratification du duc d'Aumale, stipulant au nom de la Fran Transféré tour à tour au château de Pau, puis au château đị boise, Abd-el-Kader ne quitta la France qu'en décembre 18 après cinq années d'injuste captivité, pour aller établir sa réside à Brousse, sur les côtes de la Syrie.

§ V. LETTRES. Indépendamment de l'Histoire des Girondins Lamartine, l'année 1847 vit commencer la publication de d grandes et sérieuses œuvres, les deux Histoire de la Révolu française, l'une, par Michelet, l'autre par Louis Blanc, Chacune tient des recherches curieuses, des études remarquables. He regretter que certaines divergences d'appréciation aient amené les deux éminents écrivains une polémique d'un caractère agressif.

En 1847, Alexandre Dumas fit représenter, au Théâtre-Historiq le Chevalier de Maison-Rouge, qui, remettant en relief, comme livre de Lamartine, des choses et des hommes de la Révoluti contribua à exciter l'opinion publique. Ce drame contenait ! chant patriotique (Mourir pour la patrie), qui devint, au 24 févri aussi populaire que la Marseillaise.

Frédéric Soulié meurt en 1847. § VI. INDUSTRIE.

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Plusieurs lignes de chemin de fer ont été vertes en 1847 Amiens à Boulogne et Rouen au Havre (134 20 mars); chemin atmosphérique de Saint-Germain (24 avril ligne d'Orléans à Vierzon et à Bourges (27 juillet); Creil à Com piègne (21 octobre).

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§1. LES BANQUETS.

Tandis que de lamentables scandales mettaient à nu sous les yeux du pays le triste état moral de la soété sous le gouvernement de Juillet, de graves incidents se mulapliament qui menaçaient sérieusement la situation politique de la yauté constitutionnelle.

Reconnaissant l'impossibilité d'obtenir d'une majorité servile la forme la plus inoffensive, les députés de l'opposition résolurent e per la question en dehors du Parlement, devant l'opinion puque qui, dans les pays libres, doit faire prévaloir sa pensée, ant les électeurs qui font les députés. Ils s'arrêtèrent à l'idée banquets organisés sur un aussi grand nombre de points que sible, auxquels, sous la présidence de députés, assisteraient et tres députés et des citoyens invités ou ayant souscrit à ces ons. Ce n'était pas une innovation. Les assemblées de ce eure étaient tout à fait dans les habitudes nationales; en 1846, „Garot lui-même n'avait pas dédaigné de s'asseoir à un banquet, Lieux, et d'y haranguer les électeurs.

Le chef de l'opposition constitutionnelle, M. Odilon Barrot, conqua chez lui tous les députés adversaires du ministère pour s'asrer de leur concours dans la campagne qu'on allait ouvrir. Les timistes refusèrent de s'associer à la conquête d'une réforme pouvait consolider la dynastie qu'ils combattaient. Les radicaux appelait ainsi les républicains depuis que les lois de septemavaient rayé de la langue française le mot républicain), les caux consentirent à seconder une tentative qui n'exigeait d'eux tenn sacrifice de doctrine et dont le succès même pouvait être un de plus vers l'avènement de leurs idées. Les opposants dynasques déclarèrent que, si l'expérience échouait, si les fautes du vernement conduisaient, dans un avenir prochain, à la répuique, nul d'entre eux n'était inféodé à la monarchie et que la épublique ne les aurait pas pour ennemis.

Dans une réunion subséquente, où prirent part des députés du entre gauche, on résolut de libeller une pétition pour la réforme Rectorale et parlementaire, but commun vers lequel tendaient

toutes les nuances d'opinion, de propager cette pétition à l'a des banquets et de constituer un comité central chargé de la di tion de tout le mouvement réformiste. La rédaction de la pétr fut confiée à Pagnerre.

Un premier banquet eut lieu, à Paris, le 9 juillet 1817, dan jardin du Château-Rouge, à Montmartre. Quatre-vingt-six déput assistèrent; douze cents convives garnissaient les tables. MM. Lasteyrie, Recurt, Odilon Barrot, Duvergier de Hauranne, Sena Marie, Pagnerre, Gustave de Beaumont, Chambolle et d'autres p tèrent des toasts et prononcèrent des discours où la politique gouvernement fut censurée avec véhémence.

M. Thiers, tout en adhérant de grand cœur au mouvement formiste, qu'il promettait d'appuyer, et au banquet, crut devon pas prendre part à cette réunion, où serait attaqué l'ensemble politique d'un gouvernement sous lequel il avait été présiden conseil. La fraction extrême du parti républicain, dont la Réfo était l'organe, improuvait la campagne des banquets. ni M. Le Rollin, ni Flocon ne parurent au Château-Rouge.

Le banquet parisien du 9 juillet eut un grand retentissemen produisit un effet considérable sur l'opinion publique; les de l'opposition, se répandant dans les départements, organise de tous côtés des banquets réformistes, auxquels concourure nombreux souscripteurs, et qui émurent profondément l'esprit populations. L'extrême gauche, après en avoir d'abord repot l'idée, s'y rallia promptement. Dans plusieurs villes, les souse teurs républicains se trouvant en majorité, exercèrent sur les r nions une influence décisive. Ainsi, à Lille, où M. Odilon Bar devait y assister ainsi que M. Ledru-Rollin, celui-là ayant voi introduire dans le programme un toast à la monarchie consti tionnelle, celui-ci, d'accord avec les souscripteurs, repoussa toast; M. Odilon Barrot ne parut point.

Dans plusieurs villes, les banquets furent exclusivement répt blicains.

Une de ces manifestations, à laquelle une circonstance fortuit donna quelque chose de dramatique, frappa fortement les esprits c'est le banquet présidé à Mâcon par Lamartine, bien que ce l'1quet ne fît pas partie de la campagne réformiste à laquelle le grand orateur restait étranger, et qu'il ne dût même pas avoir de signcation politique, étant offert par ses amis de Macon à l'écriva pour le féliciter du grand succès de son livre sur les Gironda

L'oeuvre istorique n'est pas sans défauts, mais elle venait de reLitre d'une façon saisissante, devant les yeux de la génération prste, les actes et les acteurs grandioses de la Révolution. En rat de ce livre, il était inévitable que Lamartine en vint à Ser les questions de politique actuelle qui occupaient tous les rss et, pour ainsi dire, emplissaient l'air.

de trois cents personnes étaient réunies sous la tente du Tet lorsque éclata un violent orage. Tout le monde se serra au de la tente et, sous la pluie, à la lueur des éclairs, au frade la foudre, entonna la dernière strophe de la Marseillaise. passé, le banquet eut lieu. Le maire de Mâcon adressa à e une allocution où il n'était question que de l'Histoire dins. Lamartine répondit par une de ces magnifiques imtons qui lui étaient familières, où l'on remarqua surtout le suivant, presque prophétique : « Si la royauté trompe les rantes que la prudence du pays a placées, en 1830, moins

nature que dans son nom; si elle s'isole dans son élévaConstitutionnelle; si elle ne s'incorpore pas entièrement dans t et dans l'intérêt légitime des masses; si elle s'entoure ristocratie électorale au lieu de se faire peuple tout entier; de se défie de la nation organisée en milices civiques et la désà peu comme un vaincu; si elle caresse l'esprit militaire nécessaire et si dangereux à la liberté; si, sans attenter nt à la volonté de la nation, elle corrompt cette vodachète, sous le nom d'influence, une dictature d'autant angereuse qu'elle aura été achetée sous le manteau de la

on; si elle parvient à faire d'une nation une vile meute raquants, n'ayant reconquis leur liberté que pour la revendre hères des plus sordides faveurs; si elle fait rougir la France es vices officiels et si elle nous laisse descendre, comme nous Mysen ce moment, dans un procès déplorable (procès Teste tres), si elle nous laisse descendre jusqu'aux tragédies de la gon; si elle laisse affliger, humilier la nation et la postérité probité des pouvoirs publics, elle tomberait, cette royauté, en surs! Elle tomberait, non dans son sang, comme celle 3, mais elle tomberait dans son piége. Et, après avoir eu les ais de la liberté et les contre-révolutions de la gloire, las parions la révolution de la conscience publique et la révolun du mépris !... »

La révolution du mépris! » ce mot, incessamment répété pen

dant six mois, allait caractériser la révolution qui se preparait lors, comme le mot de bornes, lancé, un peu plus tôt, par le m orateur, qualifiait déjà les conservateurs obstinės.

Luttes parlementaires, banquets réformistes, scandales ciaires, affaires de Suisse et d'Italie, assassinat Praslin, su Bresson, Girondins de Lamartine, tout avait singulièrement. excité les sentiments de la nation lorsque, le 29 décembre, L Philippe ouvrit la session de 1848.

§ II. SESSION DE 1848. Depuis plusieurs années, le diso du trône n'était plus guère qu'une suite de phrases banales signifiantes. Cette fois, on l'attendait avec une certaine cure car l'on comptait bien qu'il y serait question de la campagn banquets. En effet, après avoir mentionné, avec tout l'amoin sement possible, les affaires extérieures, le roi fit entendr paroles suivantes :

« Au milieu de l'agitation que fomentent les passions enne ou aveugles, une conviction m'anime et me soutient, c'est que possédons, dans la monarchie constitutionnelle, dans l'union grands pouvoirs de l'État, les moyens les plus assurés de surm tous les obstacles et de satisfaire à tous les intérêts moraux d riels de notre chère patrie. Maintenons fermement, selon la Ch l'ordre social et toutes ses conditions. Garantissons fidèlement, la Charte, les libertés publiques et leurs développements. transmettrons intact, aux générations qui viendront après nou - dépôt qui nous est confié; elles nous béniront d'avoir fondée fendu l'édifice à l'abri duquel elles vivront heureuses et libre

Louis-Philippe débita, avec une insistance significative, phrases qui causèrent dans l'Assemblée une émotion inaccoutum Ce n'était cependant pas la première fois qu'il faisait allusion factions ennemies qu'il avait à combattre, et l'on ne s'étonnait qu'il vantat, comme avait fait jadis Louis XVIII, les vertus merv leuses de la Charte, ni que, comme tous les monarques, il persuadé d'avoir fait le bonheur des générations présentes eti tures. Ce qui émouvait, ce jour-là, les députés et le public, c que le mot « passions aveugles ou ennemies » ne visait plus partis existant en dehors de l'enceinte législative, mais frappa des membres même de la réprésentation nationale, ceux qui avai voulu patronner la pétition réformiste, organiser, présider les ba quets et poser devant la nation entière les questions que la maj rité parlementaire refusait même de discuter.

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