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des démonstrations qui ne seraient pas moins imprudentes quï habiles. >>

Ce ne fut pas seulement par des adresses de personnages, d'i torités, de corps officiels que la République fut acceptée et recomm Pendant deux mois, il ne cessa d'arriver à l'Hôtel-de-Ville des putations venant apporter des adhésions, des félicitations et ten à honneur de « voir le gouvernement provisoire. » Les mem du gouvernement recevaient tour à tour les délégués de la nati et les renvoyaient contents avec quelques paroles patriotiques Au moment de la Révolution, le duc d'Aumale était gouver général de l'Algérie et le prince de Joinville, son frère, se trou avec lui. Ni l'un ni l'autre n'eurent la pensée d'essayer un s vement de l'armée contre la volonté nationale. Le duc, en apa nant la nomination du général Cavaignac, remit, par intéri gouvernement de l'Algérie au général Changarnier, puis il adre à la population civile et à l'armée des proclamations où il leur sait avec dignité ses adieux.

Les deux princes quittèrent ensuite la colonie pour aller ret ver leur père et leur famille en Angleterre.

Le gouvernement provisoire reçut aussi une adhésion, et fut pas la moins inattendue, formulée en ces termes :

« Messieurs, le peuple de Paris ayant détruit, par son héroist « les derniers vestiges de l'invasion étrangère, j'accours de le « pour me ranger sous le drapeau de la République que l'on « de proclamer.

«Sans autre ambition que celle de servir mon pays, je viens « noncer mon arrivée aux membres du gouvernement provisoire « les assurer de mon dévouement à la cause qu'ils représenten « comme de ma sympathie pour leurs personnes. Recevez, me «<sieurs, l'assurance de mes sentiments.

a Signé Louis-Napoléon BONAPARTE.▸

C'était le conspirateur de Strasbourg et de Boulogne qui écrival cette lettre où le prétendant perçait encore sous une apparence républicanisme. Le gouvernement avait amnistié tous les crimes délits politiques; il ne pouvait donc faire réintégrer l'homme de Boulogne dans la prison de Ham; il venait d'abolir la peine de mort en matière politique, et ne voulut pas appliquer au fils d'Hortense

Beauharnais la loi portée par la Restauration contre les membres de la famille Bonaparte. Trop indulgent envers cet homme, malgré ses criminels antécédents, le gouvernement républicain se contenta de l'inviter à se retirer; Louis Bonaparte retourna en Angleterre. § VIII. INAUGURAtion de la République. Pas un acte hostile, as une protestation n'avait accueilli en France l'établissement de (République. Le gouvernement provisoire regardait, à bon droit, frésolution comme approuvée par toute la nation. Le 26 février, annonça, pour le lendemain, 27, l'inauguration officielle et solenlle de la République.

Le 27, en effet, les bataillons de la garde nationale et toute la pulation armée étendaient leurs lignes depuis la place de la Basjusqu'à la Madeleine; derrière elles se pressait une innombraaffluence, venue non-seulement de tous les quartiers de la ville, ais des environs de Paris. Le gouvernement provisoire, réuni pied de la colonne de Juillet, proclama publiquement la Répuique, au milieu d'acclamations enthousiastes. Puis, il parcourut, Im bout à l'autre, les boulevards, salué partout des mêmes acclaations. Jamais gouvernement nouveau n'avait rencontré une aussi niverselle et aussi complète adhésion; c'était une de ces heures ares où une nation reprend confiance en elle-même, et en fait écla er avec entraînement le témoignage spontané.

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LES MORTS DE FÉVRIER Avec un caractère différent, es mêmes sentiments se manifestèrent, le 4 mars, à la cérémonie nébre célébrée en l'honneur des citoyens frappés dans les comats des journées de Février. Le gouvernement provisoire y assista, 4, depuis la Madeleine où eut lieu le service, jusqu'à la colonne de Bastille, dans les caveaux de laquelle les cercueils furent dépo, à côté de ceux des morts de Juillet 1830, le gouvernement rerillit les mêmes témoignages de sympathie et de respect, que endaient seulement moins bruyants les sentiments de réserve spirés par la circonstance.

CHAPITRE II

Politique extérieure.- Gestion intérieure. - Journée du 20 avril. - Électi - Lettres, arts, sciences.

POLITIQUE EXTÉrieure.

§ I. Dans l'état actuel des relati internationales, si un peuple est incontestablement maitre de d sir ou d'accepter le régime de gouvernement le plus à sa cas nance, il doit cependant tenir compte de l'effet qui en résul dans les rapports avec les autres peuples. L'opposition fran avait toujours reproché à la Restauration d'avoir subi les traites 1815, à Louis-Philippe de s'y être trop soumis. Que devait fain République ? La révolution de Juillet avait chassé le gouverneme qui les avait signés; l'indépendance de la Belgique avait annak pensée hostile qui avait constitué le royaume des Pays-Bas; ce restait des traités de 1815, c'était la cesssion forcée des frontie de la première république. La seconde devait-elle faire la guer la Prusse pour recouvrer les provinces du Rhin; au Piémont, rière lequel on trouverait l'Autriche, pour reconquérir la Savo le comté de Nice? Une telle guerre ne relierait-elle pas contre France tous les signataires des traités de 1815? La France pouv elle se jeter dans une aussi aventureuse entreprise?

Le gouvernement ne le pensa pas. En son nom, Lamartine blia, le 5 mars, un manifeste diplomatique, lu et approuvé en seil, où, tout en déclarant les traités de 1815 résiliés en dr, en respectait, en fait, les stipulations territoriales et les pre pour point de départ des relations avec les puissances européenne Mais, en même temps qu'il donnait cette assurance pacifique cabinets, il promettait l'appui de la France aux peuples qui vo draient réclamer leur indépendance et à ceux dont l'indépendan serait menacée. Il rentrait ainsi dans les traditions de la Révolu tion que les nécessités de la défense avaient seules conduite à de venir conquérante.

C'était la Suisse et les États italiens que visait le manifested Lamartine. Pour parer, de ce côté, à toute éventualité, le 2 vernement ordonna la réunion, au pied des Alpes, d'une armé 50,000 hommes et chargea un comité de défense, préside par Arago, de pourvoir à la sûreté de la République.

Pouvait-on faire plus? Il suffira de rappeler que, sans parler des difficultés financières, l'effectif disponible de l'armée léguée par la monarchie n'était que de cent mille hommes.

Sans doute, l'exemple et l'influence morale de la France devaient Are une grande ressource. On verra plus tard, quand des soulèvebent éclateront en Europe et surtout en Italie, avec quel soin doux princes, patriotes et peuples repousseront l'offre de l'épée la France.

Le manifeste de Lamartine apaisa l'inquiétude qu'avaient pu avoir souverains que la République ne se lançât dans les hasards me guerre de propagande révolutionnaire. Ils s'empressèrent de iner leurs intentions pacifiques, et la République put s'oriser et se préparer en paix pour les chances de l'avenir

II. — AFFAIRES INTÉRIEURES. Ce n'était pas seulement dans choses militaires que l'administration royale laissait le désorLes finances étaient encore plus en désarroi que l'armée, et était peut-être le plus sérieux péril. La Révolution n'avait pas la cause de la crise, mais seulement la circonstance occasionlle qui avait déterminé l'explosion d'un mal préparé depuis longmaps. Dès le courant de 1847, le marché financier ployait sous poids d'une énorme accumulation de valeurs fiduciaires; l'État -même était obéré et le budget de 1848, celui que présenta le fermer ministère royal, se soldait en déficit. La catastrophe finansère se fut inévitablement produite sans la Révolution politique. elle-ci ne fit que mettre à nu la plaie latente. Les petites bourses me le chômage mettait à sec, allaient réclamer leurs économies posées à la Caisse d'épargne, et la caisse était vide. Les porteurs #billets de banque allaient venir réclamer le remboursement en pèces, et la Banque était hors d'état d'y satisfaire; les services allics avaient des besoins urgents, impérieux, et le Trésor pude était à peu près à sec. De tous côtés, on voyait en perspective i banqueroute. Un financier la conseilla cyniquement au gouverement, un autre lui présenta la liste des principaux banquiers Tec le chiffre de la contribution forcée qu'on pourrait frapper sur daan. Le gouvernement repoussa l'un et l'autre. Il consolida en Tentes les dépôts de la Caisse d'épargne, paya par anticipation le mestre de la dette publique échéant au 1er avril, donna cours Bé aux billets de la Banque, créa les coupures de 200 et de 100 francs. Il institua le Comptoir national d'escompte à Paris, et, ns les principales villes de France, un grand nombre d'établisse

EMPIRE. TROISIÈME RÉPUBLIQUE. ments de crédit de même nature, qui facilitèrent les transactio commerciales, rendirent d'immenses services à l'industrie, pr vinrent bien des ruines, épargnèrent des chômages et, par con quent, l'aggravation de misère qui en fût résultée fatalement dont tout le monde eût souffert.

Goudchaux, ayant quitté le ministère des finances (5 mars), futre placé par M. Garnier-Pagès qui fit décréter l'impôt des 45 centim Malgré les ordres donnés pour alléger les contribuables les mo aisés, cet impôt, exploité par les ennemis de la République, den contre elle une des causes les plus actives de défaveur. Cen pourtant pas une innovation, car les trois gouvernements rieurs avaient usé du même expédient sans soulever des plain aussi amères. Quand le gouvernement provisoire déposa ses voirs, cet impôt n'avait encore fourni que 80 millions : la ception en fut continuée.

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Le 24 février, un des collaborateurs de la Réforme, Marc sidière s'était emparé de la préfecture de police et s'y était insta un peu malgré le gouvernement de l'Hôtel de Ville. Caussidere vantait de faire de l'ordre avec du désordre. En effet, n'ayant disposition directe aucune force régulière, il avait composé surgés du 24 une sorte de milice armée, ayant pour costume blouse bleue avec une ceinture rouge. Ces hommes, qu'on vulgairement les Montagnards de Caussidière, remplaçaient à près la garde municipale, veillaient à la sureté de Paris et tâcha de maintenir un certain ordre dans les foules. Caussidière s'a chait surtout à assurer l'approvisionnement de la ville. Cela constituait pas une situation parfaitement régulière, mas n'était pas l'heure d'élever des conflits et il fallait se servir éléments qu'on avait sous la main. Par son attitude privée, Caus dière prêtait un peu aux railleries; toutefois, le public parisien tenait compte de ses intentions et de ses efforts.

Si les « onze dictateurs » se trouvaient toujours d'accord dan les questions capitales, il y avait cependant entre eux des dive gences d'opinion, de tempérament, de tendances d'où provena des tiraillements que l'on n'ignorait pas au dehors et dont partis hostiles cherchaient à tirer profit. Les conservateurs qu' vouloir conserver la monarchie quand même, l'avaient, suic leur habitude, conduite à sa perte, se montraient, apres le premier moment de stupeur, les plus acharnés révolution contre la République et s'ingéniaient à la discréditer par toute

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