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Reggio, reçoit, à Soveria, la soumission de plusieurs généraux, entre à Cosensa et dans quelques autres villes sur la route de Naples. Le 6 septembre, François II quitte Naples pour aller s'enfermer à Gaěte. Le lendemain, 7, Garibaldi fait une entrée triomphale à Naples, accompagné seulement par quelques officiers. Le 9, il monte au fort Saint-Elme, occupé ainsi que les autres forts, par les 'roupes napolitaines qui ouvrent les portes et livrent tout à Garialdi.

Ce fut à ce moment que, pour ne pas laisser l'Italie méridionale la discrétion du prestigieux général, Victor-Emmanuel, coneillé par Cavour, envahit les États du pape dont les dernières resources s'épuisent dans le combat de Castelfidardo (18 septembre). De toutes parts des volontaires étaient venus, chaque jour, grosir l'armée de Garibaldi. Le 1er octobre, Garibaldi livra bataille, rec 14,000 hommes, à 36,000 Napolitains chargés de défendre la agne du Vulturne; après treize heures de combat, l'armée royale at vaincue. Le 21, le général se rencontra à Tenno, avec VictorEmmanuel qu'avaient précédé les troupes victorieuses à CastelfiJardo et d'autres troupes venues par mer. Le 1 novembre, Capoue, ssiégée par les troupes régulières, capitula; le. 7, Victor-Emmanel entra à Naples, où Garibaldi lui présenta le résultat du scrufin, ouvert pour l'annexion du royaume des Deux-Siciles, annexion vatée presque à l'unanimité.

L'unité et l'indépendance de l'Italie étaient faites; Gaëte, une des plus redoutables forteresses de l'Europe, assiégée par les Piémontais, tint jusqu'au 13 février 1861, jour où Francois Il capitula. L'ex-roi se retira à Rome. Dès lors, cette dernière ville, toujours occupée par les Français, fut le seul obstacle à ce que le royaume d'Italie se Complétát par sa capitale naturelle. Ce ne pouvait être pour les Italiens un motif de gratitude envers la France.

Le 21 février, un nouveau parlement, élu par toutes les parties de l'Italie, sauf Rome, décerna à Victor-Emmanuel le titre de Roi Italie.

Tels furent les premiers résultats du traité de Zurich et la fin de la confédération italienne.

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Promenades princières. - Déc Mort de Cavour. Royaume d'ha'int

§ I. EXPÉDITION de Syrie. A la suite des événements d'Orient en 1840, la Syrie, conquise par Ibrahim, avait été restituée à la Turquie. Le gouvernement du sultan ne sut pas faire vivre en pai les populations musulmanes et chrétiennes de cette contrée. L'an cienne haine se ranima entre les Maronites, catholiques, et Druses, professant une religion encore à peu près inconnue. 1860, ces derniers se ruèrent sur les premiers et en firent grands massacres, non-seulement dans les montagnes mais jusq dans les villes. A Damas, le quartier chrétien fut assailli, sacca incendié, en présence d'une garnison turque qui ne fit aucune fort pour arrêter le carnage.

Abd-el-Kader, mis en liberté par Louis-Bonaparte (12) tobre 1852), puis envoyé avec une pension de 100,000 fran à Brousse, avait transféré sa résidence de Brousse à Damas; a de ses Algériens, il se porta au secours des victimes et en saun un grand nombre. Cent cinquante villages furent brûlés, 6,000 chr tiens assassinės, 2,000 femmes vendues. La nouvelle de ces atro cités excita en Europe une grande indignation. En France, le part clérical, toujours prêt à saisir toutes les occasions pouvant hi donner de l'importance ou le mettre en relief, pressa le gouver nement d'intervenir en Syrie. Napoléon III, agissant par des moti analogues, mais ne pouvant intervenir seul, proposa aux grandes puissances une action commune et l'envoi d'une expédition com binée. Il publia, à ce propos, une lettre adressée à M. de Thou venel, dans laquelle il protestait, avec son emphase habituelle, de son amour pour la paix et affirmait n'être animé que de sentiments d'humanité. Sa proposition rencontra quelques obstacles, car, depuis la cession de la Savoie, on se méfiait de son prétendu désintéressement. Toutefois, les puissances parvinrent à se mettre d'accord et conclurent, le 3 août 1860, une convention stipulant l'envoi en Syrie d'une force européenne de 12,000 hommes, dont le séjour ne devait pas excéder un laps de six mois. La France fut chargée de fournir 6,000 hommes.

Le 8 août, le corps expéditionnaire français partit de Toulon; il arriva le 16, à Beyrouth.

Dès le 29 juillet, le Sultan, comprenant la nécessité de ne pas se laisser convaincre d'impuissance ou de mauvais vouloir, avait envoyé en Syrie, avec des troupes régulières, le général Fuad-Pacha, investi de pouvoirs extraordinaires. Fuad fit cesser les scènes de meurtre et d'incendie, arrêta ceux des meurtriers qui n'eurent pas le temps de se sauver. Quand les Français arrivèrent, ils trouvèrent le pays pacifié, du moins en apparence. Les troupes européennes eurent peu de chose à faire. Une commission, nommée par les cinq puissances s'installa pour procéder à la réorganisation de la Syrie. A l'expiration du terme de six mois, l'occupation fut prorogée jusqu'au mois de juin 1861. A celte derniére époque, les cabinets européens refusant une nouvelle prolongation, les troupes françaises furent rappelées, malgré des pétitions au Sénat suscitées par les diverses religions chrétiennes.

§ II. SESSION LÉGISLATIVE DE 1860. Les événements d'Italie et de Syrie détournèrent l'attention publique des travaux du Corps législafif qui, d'ailleurs, ne se montra pas plus exigeant, pas plus difficile que dans les sessions antérieures. Cependant, la politique intérieure et extérieure, la question romaine, le système financier furent vivement censurés par MM. Jules Favre, Ernest Picard, Émile Ollivier, Darimon; mais la majorité les écouta peu ou par simple curiosité et vota docilement tout ce que le gouvernement voulut bien lui demander notamment la loi du 10 juin qui étendit les limites de Paris jusqu'à l'enceinte fortifiée, absorbant ainsi seize communes, jusque-là indépendantes, grevées de charges moins lourde que celles de Paris et où, par conséquent, la vie coutait moins cher pour les populations peu aisées.

Avant de se séparer, le 20 juillet, le Corps législatif fut convoqué à suivre les funérailles de Jérôme Bonaparte, que sa domesticité appelait encore Roi de Westphalie, >> et qui mourut le 24 juin âgé de 76 ans. Son corps fut déposé aux Invalides.

§ III. PROMENADES PRINCIÈRES. Au mois de juin, Napoléon III était allé se rencontrer à Bade avec le prince Guillaume régent de Prusse et les petits souverains allemands. Tous échangèrent les témoignages d'amitié usités en pareilles circonstances, et de part et d'autres on protesta de son amour pour la paix.

En août et septembre, l'empereur et l'impératrice des Français allèrent visiter la Savoie, Chamounix, Chambéry, Nice, Marseille,

Toulon, la Corse et l'Algérie, trouvant partout l'enthousiasme de commande. L'Empereur prononça plusieurs discours où il fut prodigue d'assurances pacifiques.

Au mois d'octobre, les empereurs de Russie et d'Autriche et le prince régent de Prusse eurent à Varsovie une entrevue destinée à prémunir leurs trois États contre la contagion révolutionnaire de I'Italie Napoléon III écrivit à Alexandre qu'il ne soutiendrait pas je Piémont dans une attaque contre la Vénétie, mais qu'il ne consen- · tirait ni à laisser reprendre la Lombardie ni à restituer Nice et la Savoie. Ces déclarations mirent fin à cette conférence, dont le bate non avoué, mais le but principal, était de s'entendre sur les me sures à prendre si dans un avenir plus ou moins proche s'élevaient des difficultés du côté de la Pologne.

En novembre et en décembre, l'impératrice, dont la sœur è'al morte le 16 septembre, fit un voyage incognito en Angleterre en Écosse. Elle rentra à Paris le 23 décembre.

La rumeur publique prétendit que la douleur que lui avait caus la perte de la duchesse d'Albe n'était pas le seul motif de son voyage; on prétendit (à tort ou a raison) que des querelles de me nage, suscitées par le mécontentement que lui avait causé l'att tude de l'empereur vis-à-vis du pape l'avaient poussée à fain cette excursion.

§ VI. DECRET DU 20 NOVEMBRE. En cette année 1860, le secon empire était à son apogée. Tout avait succédé à ses espérances & à ses entreprises, depuis la prise de possession du pouvoir, par l coup du 2 décembre. L'Europe entière, non seulement l'avait re connu, mais venait lui faire fête jusque dans sa capitale. avait vaincu la Russie et l'Autriche, les deux plus grandes puis sances militaires; la Prusse n'était guère qu'une puissance de second ordre; l'empire ne la craignait pas et, au besoin, il l'eût neutralisée par l'antagonisme de l'Autriche qui, à ce moment semblait plus que sa rivale prête à prendre la direction du mouvement de l'Allemagne vers l'unité. L'Angleterre se métait de Napoléon III; lui, la caressait par des demonstrations am:-" cales et l'amadouait par des réductions de tarifs douaniers. L'unité de l'Italie, moins Rome, s'était faite sans lui et peut-ère un peu malgré lui. Mais, il s'était résigné de bonne grâce à abandonner son rêve de confédération et avait signifié aux sourens étrangers qu'il ne laisserait pas toucher au royaume d'Italie. Lui seul maintenait le pape à Rome; ce n'était pas par amour pour le

pouvoir temporel; c'était la rançon qu'il payait pour l'appui que le parti clérical lui avait donné en 1851 et lui donnait encore. Napoléon III savait bien que les cléricaux l'acceptaient faute de mieux et eussent préféré le petit fils de Charles X sur le trône de France; les cléricaux n'ignoraient pas que le conspirateur de 1831 ne tenait guère à l'existence du Saint-Siége; mais le neveu du persécuteur de Pie VII faisait leur affaires, quant à présent, et, par lui, il comptaient introniser en France l'influence ultramonaine qui dépérissait partout ailleurs. L'épiscopat français était tout soumis à Rome et, profitant du concordat contre lequel il protestait, tenait le clergé diocésain dans une dépendance absolue : « Je fais marcher mon clergé comme un régiment; » disait en plein sénat, un cardinal, archevêque et sénateur.

L'ultramontanisme avait enfin dompté, écrasé l'antique église gallicane. Pour en détruire jusqu'au dernier vestige le pape venait d'exiger (1856) que la liturgie romaine fut substituée, dans toutes les églises en France, aux anciennes liturgies particulières, il fut obéi1.

A cette occasion, l'administration de la bibliothèque impériale de Paris, pria le ministre de l'instruction publique et des cultes d'inviter les évêques à lui envoyer les livres liturgiques supprimés, afin de les conserver à la bibliotheque, comme documents historiques. Les évêques déférérent à cette invition Un seul accompagna ses envois de témoignages de regret pour l'ancienne latergie; ce fut l'évêque de Troyes, l'abbé Cœur, mort depuis.

Dans une première lettre, datée du 24 décembre 1856 et entièrement autographe, il disait :

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Monsieur le Ministre,

L'Église de Troyes est au nombre de celles qui ont été troublées par Inivers, et un mandement épiscopal, antérieur à ma nomination, a, depuis Leuf ans, interrompu le cours de nos traditions liturgiques.

Nous avons donc un assez grand nombre de missels et de bréviaires, antrefois sacrés pour nos pères, abandonnés aujourd'hui comme des objets se honte, et maudits, et chargés d'anathèmes, comme des monuments de hisme et presque d'hérésie.

Je ne puis qu'applaudir à la sollicitude de V. E. qui veut bien ouvrir un ieux refuge à ces débris humiliés des temps de notre gloire..... » L'évêque demande quel mode d'envoi il doit employer.)

Le 11 avril 1857, l'évêque envoie les livres, accompagnés d'une lettre où il

d.t:

Ce sont là de chères dépouilles et les restes trop humiliés d'un passé glorieux; qu'ils reposent en paix dans la bibliothèque impériale comme en un

sanctuaire.

Au moyen âge, les trésors de l'antiquité trouvèrent un pieux refuge dans les cloitres, en attendant la Renaissance n'est-il pas permis aux modernes

:

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