Page images
PDF
EPUB

de lire ce billet, l'empereur fit arborer le drapeau blanc, en signe de reddition. Cependant, le feu de l'ennemi ne s'arrêtait pas. L'em pereur s'en étonna et dicta au général Ducrot, qui était près de lu l'ordre à l'arinée française de cesser le feu sur toute la ligne. Quan le général eut écrit, l'empereur lui dit : « signez. » Le genera refusa vivement, faisant observer que le commandant en chef pouvait seul signer un pareil ordre. Napoléon III, ne voulant pas laisser une trace visible du pouvoir occulte qu'il avait exercé jusque la fit chercher le général Wimpffen qui répondit par l'envoi de sa demission que l'empereur n'accepta pas. Celui-ci écrivit alors au r de Prusse : « Monsieur mon frère, n'ayant pu mourir au milieu à mes troupes, il ne me reste qu'à remettre mon épée entre les ma de Votre Majesté. » Le roi de Prusse accepta l'épée de son frete, l'invita à nommer un de ses officiers munis de pleins pouvoirs par signer la capitulation, et, de son côté, désigna, à cet effet, le work de Moltke.

Le général de Wimpffen, officiellement investi du commander en chef, dut accepter la tâche d'aller discuter les termes de pitulation. Le débat fut court. Le comte de Moltke posa les caitions suivantes : « L'armée française sera prisonnière de part. les officiers conserveront leurs épées et leurs propriétés per nelles; les armes de la troupe seront déposées dans un mageta livrées aux Allemands. » Si le lendemain, 2 septembre, à 9 leas du matin, ces conditions n'étaient pas acceptées, le bombardea recommencerait. Le général de Wimpffen obtint, comme « advuze sement », que les officiers pourraient rentrer dans leurs foyers en signant l'engagement de ne pas combattre contre les Alleman pendant la durée de la guerre.

Il fallait choisir entre ces deux conditions ou une destrucă a complète sans lutte possible. M. de Wimpffen et tous les generat signèrent'.

Parmi les ouvrages écrits sur cette première partie de la guerre es sulter: Histoire de la chute du second Empire, par Ange Deschamps; la C pagne de France, par Ferd. Delaunay; Histoire de la Révolution de 1879480 et la France envahie, par Jules Claretie; Pour la Vérité et pour la Justin par le général Trochu; la Guerre de France, par M. Ch de Mazade Guerre franco-prussienne, par Alf. Michiels; Sedan, par le général Wimpfen; la Journée de Sedan, par le général Ducrot; Papiers et cer respondance de la famille impériale, Rapport sur les operatuas da 5 corps, par le général Frossard; la Guerre de 1870, par le colonel stabi Rustow; Opérations et marche du 5o corps jusqu'au 6 août, par le verrg de Failly; un Ministre de la guerre de 24 jours, par le comte de Palika, l

L'histoire doit signaler ici deux actes de sauvagerie et d'inhumanité. Les Allemands brûlèrent, après le combat, le village de Bazeilles, massacrèrent délibérément tous les habitants qu'ils y trouvèrent, hommes, femmes, enfants, et repoussèrent dans les flammes ceux qui, s'étant cachés, essayèrent d'échapper à la mort par l'incendie.

D'autre part, les prisonniers de guerre, au nombre de plus de 80,000, furent parqués pendant quinze jours, dans une petite presqu'ile de la Meuse, couchant sur un terrain marécageux, sans vêtements, presque sans vivres, n'ayant à boire qu'une eau corrompue par des cadavres d'hommes et de chevaux qui encombraient la rivière. Telle était la guerre allemande.

Quelques milliers d'hommes avaient réussi à s'échapper en Belgique où ils trouvèrent un accueil empressé.

Le lendemain, à 9 heures du matin, Napoléon III, en calèche, comme s'il allait à Saint-Cloud, se rendait au village de Donchery où l'attendait M. de Bismarck. Dans sa conversation avec le diplomate prussien, il rejeta la responsabilité de la guerre, sur « le sentiment national violemment excité ». Excité par qui?

M. de Bismarck conduisit le prisonnier au château de Bellevue, quartier général du roi de Prusse.

Le 3 septembre, Napoléon III s'en alla au château de Wilhemshohe, près de Cassel, ancienne résidence de son oncle Jérôme, roi de Westphalie, propriété actuelle du roi de Prusse.

CHAPITRE XXI

Le quatre septembre 1.

§ I. LE 4 SEPTEMBRE. Tels sont les « graves événements » dont, le 5 septembre, M. de Palikao donnait au Corps législatif, non pas la

Retraite de Mézières, par le général Vinoy; Recueil des dépêches officielles francaises, et Recueil des dépêches officielles allemandes; Anuuaire encyclopédique, 1871; la Guerre franco-allemande, par le grand état-major

prussien.

1 Parmi les nombreuses, trop nombreuses publications sur la Révolution du 4 septembre, consulter: la Défense nationale, par Jules Favre; le 4 septembre et la Défense nationale, par le comte E. de Kératry; Histoire de la chute du second empire, par Aug. Deschamps; Histoire de la Révolution de 1870-1871, par J. Claretie; Pour la Vérité et pour la Justice, par le général

connaissance, mais le pressentiment. Il ajouta que le gouvernement était décidé à faire appel aux « forces vives de la nation, indiqua des mesures déjà prises, et promit de n'arrêter ses efforts « qu'au moment où nous aurons expulsé de la France la race des Prussiens.

M. Jules Favre prit ensuite la parole, fit peser sur l'empereur toute la responsabilité des événements; puis : « Il faut savoir, dit- : il, où nous en sommes du gouvernement. L'empereur communique-il avec ses ministres? leur donne-t-il des ordres?» Le ministre de la guerre ayant répondu négativement, s'il en est ainsi, reprit l'orateur, le gouvernement de fait a cessé d'exister; c'est dans le pays, dans le pays seul, que réside maintenant le salut... que tous les partis s'effacent devant un nom militaire, qui prenne a défense de la nation. Ce nom est connu, il est cher au pays, il dest être substitué à tous les autres. Que le pays m'entende. »

La séance fut levée sans que l'assemblée eût statué sur cette proposition qui visait le général Trochu.

Au sénat, le baron Jérôme David fit pompeusement une commi nication analogue à celle de son collègue. Répondant ensuite a président Rouher, il dit : «... Nous défendrons Paris dans ses forts, derrière son enceinte, dans ses rues. Notre glorieuse ak ne capitulera pas devant l'étranger, et, s'il le faut, nous nous se velirons tous sous ses décombres. » La vénérable assemblée ratta ces fières paroles par des transports d'un enthousiasme tout juvénile.

Des correspondances, arrivées dans la journée, éclaircirent ce que les paroles du ministre de la guerre avaient d'obscur, et an noncèrent le désastre de Sedan; les journaux du soir répandirent la sinistre nouvelle.

Paris en éprouva une commotion profonde. Des rassemblements nombreux se portèrent au Louvre (place du Palais-Royal), où restdait le général Trochu, et au Corps législatif, criant la déchéanx Le général répondit que son devoir était de défendre Paris, et qu le remplirait; mais que son pouvoir n'allait pas au delà. M. Gambetta, qui se trouvait au palais Bourbon, harangua la foule et l'i vita à se disperser; ce qu'elle fit.

Un rassemblement du même genre parcourant les boulevards,

Trochu (2a vol.); Souvenir du 4 septembre, par Jules Simon. On pour71 consulter aussi l'Enquête parlementaire sur le 4 septembre, quand une p blication aura réuni les réclamations, rectifications et démentis que cet ou vrage a suscités.

fut assailli, près du Gymnase, par une troupe de sergents de ville qui tuèrent et blessèrent plusieurs personnes.

Vers minuit, fut affichée une proclamation, signée de tous les ministres, qui confirma, officiellement, les nouvelles de la capitulation de Sedan, de la captivité de l'Empereur, et annonçait que le Gouvernement prenait les mesures commandées par la gravité des circonstances.

A minuit, les députés, convoqués à domicile, se réunirent en séance.

Après que le ministre de la guerre a confirmé toutes les nouvelles connues, M. Jules Favre dépose une proposition ayant pour objet : 1° la déchéance de Louis-Napoléon Bonaparte et de sa dynastie; 2° la nomination, par le Corps législatif, d'une commission investie de tous les pouvoirs de gouvernement, ayant mission de résister, à outrance, à l'invasion, et de chasser l'ennemi du terriloire; 3° le maintien du général Trochu comme gouverneur de Paris.

Sur la demande du ministre, la discussion est remise à une séance levant avoir lieu le 4 septembre, à midi.

En se rendant à cette séance de jour, les députés eurent à traverser une foule compacte où éclataient les cris: La déchéance! vive la République !

Outre la motion de M. Jules Favre, deux autres propositions furent soumises à l'Assemblée.

La première, émanant du ministre de la guerre, conférait au comte de Palikao le titre de lieutenant-général et créait un Conseil de gouvernement et de Défense nationale, composé de cinq membres, élus à la majorité absolue, par le Corps législatif, et contre-signant la nomination des ministres.

C'était le maintien de l'Empire sous la régence de M. de Palikao. La seconde, signée de M. Thiers et de quarante-sept députés, portait: « Vu les circonstances, la Chambre nomme une Commission de gouvernement et de défense nationale. Une Constituante sera convoquée dès que les circonstances le permettront. »>

Les trois propositions furent renvoyées à une Commission charzée de statuer immédiatement. La séance fut suspendue pour être reprise dès que la Commission serait prête à communiquer son rapport à l'Assemblée.

Pendant cette suspension, l'agitation était grande sur la place de la Concorde; la foule cherchait à passer le pont, mais elle était re

tenue par une ligne de sergents de ville que soutenait, en arrière, un détachement de la garde de Paris. Vers deux heures, un bataillon de garde nationale, en armes, tambour en tête, se présente pour passer. Les sergents de ville, la garde de Paris ouvrent passage. Derrière le bataillon, la foule se presse, franchit le pont, arrive aux grilles du palais Législatif, les escalade et envahit les tribunes.

Vers deux heures et demie, le président remonte au fauteu et déclare la séance ouverte. Les cris partis des tribunes couvrent sa voix. M. Gambetta réclame vainement le silence en conjuras la foule de laisser délibérer l'Assemblée afin que la résolution qu va être prise soit régulière et légale.

Tandis qu'il parle, de nouveaux envahisseurs, plus ardents, pl déterminés, ont pénétré dans la salle même des séances, et en em‐ pêchent, par leur présence, l'accès à un grand nombre de députés qui s'étaient réunis dans une des salles de la Présidence. M. Schneider se couvre et se retire.

Cédant alors à la pression de la foule, à la nécessité des circastances, et ne voulant pas laisser au hasard la direction du m vement, M. Gambetta prononce la déchéance de la dynastie riale. Comme on de ande d'y ajouter la proclamation de la Rea blique, « ce n'est pas ici, dit M. Jules Favre, que la République d être proclamée; allons à l'Hôtel de Ville. »

Il sort, accompagné de M. Gambetta et des autres députés de Prris pour se rendre à l'Hôtel de Ville.

Dans le temps même où ces scènes se passaient à la salle de séances, environ deux cents députés réunis dans une salle à manger du palais, sous la présidence de M. Alfred Leroux, discutaient sur les trois propositions déposées le matin. Le rapporteur de la Commission, M. Martel, donna connaissance de son rapport qui concluait à l'adoption de la proposition de M. Thiers, en substituent aux mots « vu les circonstances » ceux-ci : « vu la vacance du trône. M. Thiers eût préféré la rédaction plus nette de M. Jules Favre qui dégageait mieux la situation. Toutefois il se rangea aux conclusions de la Commission qui furent adoptées presque à l'unanimité. Il restait à y donner la sanction du vote public dans la salle des séan ces. Quand les députés voulurent s'y rendre, l'encombrement ne leur permit pas d'y parvenir; ils rentrèrent dans le local où is avaient délibéré.

Là, ils apprirent ce qui venait de se passer et le départ des de

« PreviousContinue »