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lors de l'entrevue de Ferrières : le ravitaillement et le vote par la France tout entière.

« Du reste, il ne pourra engager le Gouvernement que lorsque, après avoir été négocié à Versailles, il aura été définitivement accepté à Paris. »

La note se terminait en affirmant que le gouvernement de la défense nationale n'a absolument rien à changer à la politique qu'il a proclamée à la face du monde », et en affirmant « l'espoir que la justice de notre cause sera finalement reconnue par tou l'Europe ».

Dès le 1er novembre, le maire de Paris et ses adjoints résignéreat leurs fonctions.

En présence des actes graves d'indiscipline qui s'étaient produits le 31 octobre, un décret du 2 novembre porta :

Art. Ir. Tout bataillon de la garde nationale qui sortira en armes, en dehors des exercices ordinaires et sans convocation régulière, sera immédiatement dissous et désarmé.

Art. 2. Tout chef de bataillon qui aura convoqué son batalka en dehors des exercices ordinaires, ou sans ordre régulier,pourra être traduit devant un Conseil de guerre. »

Un certain nombre des chefs de bataillon qui avaient pris part au mouvement du 31 octobre furent révoqués.

Henri Rochefort donna sa démission de membre du gouve

nement.

Le général Tamisier, commandant supérieur de la garde nationale, donna sa démission et fut remplacé par le général Clément Thomas, qui avait rempli la même fonction en 1848.

M. Edmond Adam, préfet de police démissionnaire, eut pour suc cesseur M. Cresson, avocat.

Le 3 novembre eut lieu le scrutin plébiscitaire annoncé par l'affiche du 1′′, sur la question ainsi formulée : « La population de Paris maintient-elle, oui ou non, les pouvoirs du gouvernement de la défense nationale? »

Le dépouillement des suffrages donna 557,996 OUI et 62,658 NON. Ce vote réconforta l'autorité du gouvernement, mais il ne donna pas à la population parisienne plus de confiance dans le commandement militaire.

Par suite de la démission de plusieurs maires et adjoints, les citoyens furent appelés, le 7 novembre, à élire un maire et trois adjoints par arrondissement. Le scrutin fut favorable à un peti

nombre de personnages considérés comme partisans de la tentative

du 31 octobre.

§ II. L'ARMISTICE.

Le 5 novembre, le gouvernement annonce

en ces termes l'issue des négociations relatives à l'armistice :

« Les quatre grandes puissances neutres, l'Angleterre, la Russie, l'Autriche et l'Italie, avaient pris l'initiative d'une proposition d'armistice, à l'effet de faire élire une Assemblée nationale.

« Le gouvernement de la défense nationale avait posé ses conditions, qui étaient le ravitaillement de Paris et le vote pour l'Assemblée nationale par toutes les populations françaises.

:

La Prusse a expressément repoussé la condition du ravitaillement; elle n'a d'ailleurs admis qu'avec des réserves le vote de l'Alsace et de la Lorraine.

Le Gouvernement de la défense nationale a décidé, à l'unanimité, que l'armistice ainsi compris devait être repoussé. »

Cette nouvelle fut bien venue des Parisiens; ils ne redoutaient rien tant qu'une convention, qui leur eût fait tomber les armes des mains sans avoir eu au moins un sérieux engagement avec l'ennemi. Puisque l'armée de Metz était anéantie, ils ne désespéraient pas de se délivrer eux-mêmes.

Les négociations pour l'armistice ont été racontées en détail par M. Thiers dans un Rapport adressé par lui, le 9 novembre, aux ambassadeurs des quatre grandes puissances (Angleterre, Russie, Autriche et Italie). On peut inférer de son récit que M. de Bismarck avait accepté les négociations sans désir de les amener à un résultat effectif et qu'il avait même compté, pour les rendre inutiles, sur le succès d'une insurrection dans Paris. Après cette timide intervention en faveur de la France, l'Europe se renferma dans une stricte neutralité.

Le 8 novembre, M. Jules Favre adressa aux agents diplomatiques de la France à l'étranger une circulaire leur notifiant la rupture des négociations:

En refusant le ravitaillement, la Prusse refuse donc l'armistice. Et cette fois ce n'est pas l'armée seulement, c'est la nation française qu'elle prétend anéantir en réduisant Paris aux horreurs de la faim. Il s'agit, en effet, de savoir si la France pourra réunir ses députés pour délibérer sur la paix. L'Europe demande cette réunion. La Prusse la repousse en la soumettant à une condition inique et contraire au droit commun. Et cependant, s'il faut en croire un document publié sans être démenti, et qui émanerait de sa chan

EMPIRE.

cellerie, elle ose accuser le gouvernement de la défense nationale de livrer Paris à une famine certame! Elle se plaint d'être forcée par lui de nous investir et de nous affamer!

« L'Europe jugera ce que valent de telles imputations Elles sont le dernier trait de cette politique qui débute par engager la parole du souverain en faveur de la nation française et se termine par le rejet systématique de toutes les con binaisons pouvant permettre à la France d'exprimer sa volonté. »

D

Il n'y avait plus qu'à combattre. Le général Trochu se de ä enfin à donner une organisation vraiment militaire à la garde te tionale et aux troupes de Paris. Il en forma trois armées, dont a première comprenait la garde nationale; la seconde, toutes les troupes de ligne, trois brigades de mobiles et une division de cav lerie; la troisième, les marins, la masse des mobiles, divers corps spéciaux et une division de cavalerie. Chaque bataillon de garde nationale dut fournir quatre compagnies de guerre dont on forma des régiments de marche. Si cette mesure eût été prise dès l'orgine du siège, les régiments de marche se seraient trouvés ar ganisés et déjà aguerris au moment où l'on en décréta la formation.

CHAPITRE V

Coulmiers.

§ I. BATAILLE DE COULMIERS.

Champigny.

Les pourparlers de Versailles n'avaient pas empêché le gouvernement de Tours d'activer les préparatifs militaires : il les avait même pressés davantage afin de pot voir tenter la délivrance de Paris avant que l'armée de FredericCharles, rendue libre par la livraison de Mez, se dingeåt vers le centre de la France où le corps de Von der Thann se trouvait un peu imprudemment aventuré.

Le 7 novembre, d'Aurelle de Paladines reprit sa marche vers Orléans, tandis que Martin des l'aillières exécutait le mouvement précédemment ordonné et que le géneral Faye marchait de Saltris sur Orléans par la route de Vierzon. Le général Chanzy avait remplacé dans le commandement du 16° corps, le général Pourcet, malade.

Le 7 novembre, un corps prussien, rencontré à Ouzouer-leMarché, près de Beaugency, fut repoussé avec des pertes sérieuses. Le 8, un autre corps, en route pour occuper la forêt de Marchenoir, fut contraint de se replier de Saint-Laurent-des-Bois jusque vers Chanteaume, perdant 70 hommes tués ou blessés et 64 prisonniers. Von der Thann, craignant quelque évènement désastreux, donna ordre aux troupes d'Orléans de se tenir prêtes au départ. Le 9 novembre, Français et Prussiens se trouvèrent en présence prés de Coulmiers.

La bataille s'engagea dès huit heures du matin, sur un espace de 12 kilomètres, s'étendant de Bacon, à droite, jusqu'à Gémigny, à gauche. Le centre de l'armée française était entre ces deux points, à Coulmiers, où fut au si le fort de la lutte. Les troupes eurent à enlever, sous des feux violents de mousqueterie et d'artillerie, un village où l'ennemi, solidement retranché, disputait vigoureusement le terrain. L'élan des soldats surmonta toutes les difficultés. A cinq heures du soir, l'ennemi était en pleine retraite, et le général d'Aurelle occupait au Grand-Luz le quartier général de Von der Thann.

Le général Martin des Paillières, qui avait marché pendant neuf heures par de mauvais chemins, ne put arriver qu'après le combat. Le lendemain, dans une reconnaissance vers Chevilly, il enleva à l'ennemi deux pièces de canon, un convoi de munitions et une centaine de prisonniers. Le même jour 10, au matin, le général Cathelineau entra, avec ses volontaires bretons, dans Orléans, que les Prussiens avaient évacué durant la nuit du 8 au 9

La bataille de Coulmiers coûta aux Français 1,500 tués ou blessés; la perte des Prus-iens fut évaluée, par eux, d'abord à 600 hommes, puis à 1,200. Leurs forces sur le terrain étaient de 20,000 hommes. L'armée française en comptait près de 70,000, mais, outre que ce nombre ne fut pas entièrement engagé, les soldats étaient, pour la plupart, jeunes et inexpérimentés; les Prussiens les traitaient de « collégiens ». L'altitude de ces a collégens au feu étonna les Allemands; leur victoire les surprit ben plus encore.

Le 12 novembre, M. Gambetta arriva à Orléans apportant des décrets mettant à l'ordre de l'armée les troupes qui s'étaient le plus distinguées, des promotions pour les officiers, et des félicitations pour l'armée entière. Le général d'Aurelle de Paladines fut nommé commandant en chef de l'armée de la Loire.

Il expédia aussitôt au gouvernement de Paris une dépêche qui lui parvint le 17 et fut aussitôt placardée dans Paris.

Ge fut une grande joie dans la ville assiégée : l'armée de la Loire signalait son existence par une victoire; elle était sur la route de Paris, et Paris ne songea plus qu'à courir au-devant d'elle.

La victoire de Coulmiers détermina le général Trochu1 à abandonner son plan de sortie par l'ouest, dans la direction de Rouen, et à reporter cette opération au sud-est, afin de rompre, sur œ point, les lignes ennemies, et de s'avancer, en suivant la Seine, vers Fontainebleau, où l'on s'attendait à rencontrer l'armée de la Loire, dont les éclaireurs, disait la rumeur publique, avaient deja paru dans la forêt qui entoure cette ville.

Le gouverneur de Paris annonça cette intention à M. Gambetta dans une dépêche datée du 18, ajoutant qu'il lui fallait huit jours, pour se préparer, ce qui portait l'époque de la sortie au 26 vembre. La dépêche fut expédiée par un ballon que les vents en portèrent en Norwège, d'où elle fut renvoyée à Tours; elle y parvint seulement le 30 novembre.

Aussitôt, l'ordre fut donné à l'armée de la Loire de se portar avant, vers Fontainebleau, par Pithiviers. Le général d'Aurd mit en mouvement, le 1 decembre, à dix heures du matin, we les 15, 16, 18 et 20° corps, ensemble 170,000 hommes, le 17' carpa soutenu, au besoin, par le 21°, devait garder Orléans.

A ce moment arriva de Paris une dépêche annonçant que, le 30, le général Ducrot avait remporté une victoire à Champigny, que le combat recommencerait le 2 décembre, et que l'amiral la Roncare le Noury s'était emparé d'Épinay.

Il s'agissait d'Épinay, près de Saint-Denis. Par une erreur bea explicable, on crut, à Tours, qu'il était question d'Épinay-sur-Orge près de Longjumeau, au sud de l'aris, et dans la direction générale de Fontainebleau. On en conclut que les lignes prussiennes avaient été forcées, et que Ducrot marchait vers l'armée de la Loire. M. Ga betta annonça cette bonne nouvelle dans une proclamation pleine des meilleures espérances !

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§ II. BATAILLE DE CHAMPIGNY. Le 28 novembre, le general Trochu annonça aux citoyens, aux gardes nationaux et aux troupes de Paris les opérations prètes à s'accomplir. De son côté, le général Ducrot, commandant de la deuxième armee, adressait a

Voir les divers ouvrages du général Trochu cités plus haut.

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