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LE

J

No. 115.]

Journal Hebdomadaire.

GUERNESEY, SAMEDI 15 AVRIL, 1815.

ANE FRECKER, STRAW-HAT MANUFACTURER, from the Strand, London, most respectfully informs her friends and the public in general, that she has just received an elegant and fashionable assortment of straw, chip and leghorn bonnets, flowers, &c. which are now on sale, at her straw warehouse, HautPavé, opposite the Mill.

Ladies' bonnets, from 7 to 34 shillings, children's in proportion.

The above flatters herself of having the best and most fashionable shapes at present in this isl. nd.

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FIVE

(VOL. III

HIGH PRICE FOR SILVER.

IVE SHILLINGS AND TWO PENCE
given for Dollars, at Mr. Moss, Grand Carrefour,
High-street.
N. B. All other kind of Silver proportionably high.

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NOR SALE, AT MR. LE LIEVRE'S SHOP, F

FOR

T

Fountain-street, a few baskets of figs.

NO BE LET IMMEDIATELY, A HOUSE & garden, walled, situated at the Grange, lately occupied by Mr. Neave; for information, apply to Mr. T. Macculloch, near the Beauregard,

The Mark Smith, Esq. situated at the Grange, is to
THE HOUSE AND GARDEN, BELONGING

let immediately; apply to John Arnold.

ELIAS GUERIN, HAS FOR SALE, SWED

deals, of different lengths and thicknesses,

Wheat at 20s, per quarter.

Flour, 42s. 6d. per sack.
Barley, 16s. per quarter.
Oats, 14s. per do.

Ship bread, 15s. per cwt.
Do. damaged, 9s. per do.
Clover seed, 68s. per cwt.
Buck wheat, Os.
A quantity of sacks.

OR SALE,

HANDSOME

SECOND

hand double chest of drawers well worth the attention of those who are in wart of it; for particulars, apply to Edward Newman, at Mr. Joseph Touzeau, near the Royal-Court.

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and Swedish iron of different sizes, wine and porterTO LET, FOR MIDSUMMER, APART

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A few tons of cordage, and about ten thousand enquire of Peter de Havilland esq. New-Town-House. Dutch hoops.

THE

HE HOUSE BELONGING TO THE HEIRS of the late Mr. Dobrée, in Berthelot-street, is to let, for Lady-Day next; apply to John Arnold.

JAMES GOULD, GIVES NOTICE, THAT

ON

N TUESDAY NEXT, THE HOUSE AND ground adjoining, belonging to Peter le Patourel, situate at the Mount Durand, will be let, to the highest bidder, on the spot, between 11 and 12 in the morning.

RICKS CONSTANTLY FOR SALE, AND

his salt pans will be exposed to public sale. on the Bine Wednesday and following days; at St. Martin's

10th of May next; they coutain about fifty acres of land, in a state of preparation for making salt; the sale will begin, the above day, at 10 o'clock, precisely.

kiln. The proprietors of the above have a quantity of
Roman cement for sale.

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Crne upland and meadow hay, for sale, at a

NAPT. POWER, HAS ABOUT FOUR TONS of reasonable price.

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handsome London built gig, made to carry four persons, for sale.

TWO STORES ON THE QUAYS, TO LET, WANTED, A YOUNG LAD AS AN AP

immediately, or for the 25th March next; appli cation to be made to Mr John Collings, sen.

prentice to a taylor; apply to James Foster, Tru

Londres, le 10 Avril.

La malheureuse nouvelle de la chûte de Bordeaux qui arriva Samedi dernier en ville, fut en quelque sorte contrebalancée par les rapports reçus hier des progrès des royalistes dans les autres parties du Sud. Les journaux François du 6. du présent admettent que Lyon étoit menacé: mais des lettres particulières de Paris, vont jusqu'à dire, que Lyon, Grenoble et Chambery étoient toutes tombées au pouvoir des troupes royalistes. Ceci néanmoins peut admettre quelque doute, mais il paroit certain que le duc d'Angoulême est à la tête de 25000 hommes, dont quinze mille sont assez bien armés. Le principal corps des Loyalistes se montant a 7,000 hommes est à Corp, village du Dauphiné près de Gap; le reste est divisé en plusieurs détachemens pour distraire l'attention des rebelles. On dit qu'ils attendent avec beaucoup d'anxiété l'assistence des alliés, et dans le fait nous ne pouvons voir qu'avec peine chaque délai d'un instant, quoi qu'inévitable, qui tend à frustrer où à affoiblir cet espoir.

Les journaux et les avis particuliers nous sont parvenus bier au soir, d'Anvers jusqu'au 4, et de Bruxelles jusqu'au 5 du présent.

Tout dans ce voisinage sembloit annoncer le prompt Commencement des hostilités, les troupes des différentes puissances alliées se repandoient de tous côtés daus la Belgique. Les forces combinées se montoient déjà à 140,000 hommes, 30,000 Prussiens animés du plus bouillant courage étoient arrivés à Nainur.

la guerre des royalistes contre les rebelles prend une sérieuse apparence.

Le duc d'Angoulême après quelques engagemens, prit possession de Valeuce; et suivant les lettres particulières, il n'abandonna cette ville qu'après que de très grands renforts eureut rejoint les troupes des rebelles. Les royalistes augmentent journellement en nombre, et il y a une répugnance frappante parmi la partie la plus respectable de l'armée, à verser leur sang et celui de leurs parens dans une guerre civile. Non moins de onze cents officiers ont mieux aimé donner leur démission, que de violer les sermens qu'ils venoient de prêter. Ceci est très satisfaisant. Il nous fournit une preuve que même de tels exemples que ceux de Le | Febvre, Excelman, Ameil, les Lallemands et le plus infâme de tous les infâmes, le judas de Ney, ne peuvent tout à la fois et eutiérement corrompre grand nombre d'hommes dans un siècle civilisé. C'est la politique de Bonaparte de prendre le style et les manières d'un légitime souverain, et de traiter ses adversaires de rebelles.

Il a l'audace de parler de l'obeissance du doc d'Angoulême aux lois de sou pays, et aux ordres de son souverain, comme d'une rebellion. Il a l'audace de proclamer uue amnistie,-lui, un voleur qui a la corde au cou! I parle d'accorder une amnistie, cependant avec quelques exceptions. Parmi celles-ci, nous voyons avec plaisir les noms de Talleyrand et des autres membres du gouvernement provisoire du mois d'Avril, 1814, celui de ce brave Loyaliste Vendéen La Roche Lynch, e respectable maire de Bordeaux. C'est l'éxacte contre partie du décret impérial passé en Espague en 1808, par lequel les dues d'Infautado, d'Hijar &c. furent déclarés ennemis de la France et de l'Espagne, et traitres aux deux couronnes; et comme tels arrêtés, et traduits devant une commission militaire, et fusillés ! Ces deux noubles uéanmoins éxistent encore, et grace à dieu peuvent vivre assez pour voir pendre l'impudent

A Berlin, et dans toutes les villes de la Prusse l'enthousiasme et l'indignation étoient à leur comble au sujet de la perfidie sans cxemple des adhérens de Bona-Jaquelin, celui du maréchal Marmont, et du comte des parte. A peine est il resté un commis dans les maisons de commerce pour en gérer les affaires. Les jeunes gens de toutes les classes se présentoient en foule avec la méme ardeur qu'en 1818, ofirant volontairement leurs services pour la cause de leur pays et celle du genre humain. Le duc de Wellington étoit attendu à Bruxelles le 6 du préscut,

(Extrait du Times. J

PARIS, le 6 Avril.

Le 10me numéro du bulletin des lois, contient le décret uivant.

Les Anglois les Hanovriens forts de 30,000 hommes, s'étoient déjà avancés jusqu'à Turnay. L'arnice Francoquin qui les a proscrits. çoise qui se trouve en cette place et Lille, n'excede pas 20,000 hommes. Ney, l'infà me Ney qui en étoit le commandarit étoit parti précipitamment pour Paris. Son digue Collégue Caulincourt avoit gagné Vienne pour une mission, à laquelle, nous pensons bien, qu'on aura pas fait la plus légère attention. La déclaration des alliées les engage comme de raison, à ne pas entretenir la moindre communication avec ce rebelle, ce traitre de Bonaparte; et tout homme envoyé par lui doit être renvoyé de suite à la même frontière d'où il est venu plus spécialement uu scélérat couvert de sang, comme ce Cauliucourt, ce lâche assassin, vil meurtrier d'un prince de la maison de son roi! Oh! jamais non jamais que les noirs forfaits de ces criminels ne soient oubliés! Que l'Angleterre n'oublie jamais son Wright; la France, son Pichegru, son Trotte son Enghien; l'Allemagne son Palm, son Tchill, son Hofer!

L'Europe fait retentir encore une fois le cri de la vengeance, et ne laissera point triompher des crimes aussi noirs et aussi atroces.

Extrait du Times.

Puisqu'il est moralement sûr que l'Europe doit être enveloppé dans une nouvelle mais, nous l'esperons, très courte guerre, en conséquence de l'audacieuse rebellion de Bonaparte, Ney, Carnot, et leurs complices, il devient très important de savoir si c'est bientôt, et dans quel endroit sera porté le premier coup. Il a été suggéré qu'un corps de troupes debarquées à Marseilles pourroit plus rapidement avancer au secours de l'armée royaliste sous le duc d'Angoulême: ce à quoi nous n'avons d'autre objection que le temps qui doit nécessairement s'écouler avant qu'une telle force puisse parvenir à sa destination. Il est certain même d'après T'aveu du Moniteur du 7, qui parvint hier en ville que

Lyons, le 12 Mars, 1814. Napoléon, empereur des François-considérant que plusieurs individus out trahi nous et notre empire; qu'ils y ont appelé l'étranger, et l'ont aidé dans ses projets d'invasion de notre territoire, de démembrement de l'empire, et le renversement du trône impérial.

Nous avons décrété et décrétons comme suit:-
Amuistiepleine et entière est accordée.

1. Aux fonctionnaires civils et militaires qui, par une liaison et une coupable intelligence avec l'étranger, l'ont appelé en France, et l'ont aidé dans ses projets

d'invasion.

2. A ceux qui ont comploté ou favorisé le renversement de la constitution de l'empire et du trône impé

rial.

Sont exceptés de la dite amnistie les sieurs Lynch, de la Roche Jacquelin, de Vitroles, Alexis de Noailles, le duc de Raguse Sodthene de la Rochefoucauld, Bourrienne, Bellart, prince de Benevent, comte de Bournonville, comte de Jaucourt, duc de Dalberg, Abbé de Montesquiou.

Ils seront livrés aux tribunaux pour être jugés selon la loi, et subir en cas de condamnation les peines déterminées par le code pénal.

Leurs possessious mobiliaires et immobiliaires seront séquestrées par les officiers de l'enregistrement, aussitôt la promulgation du présent décret. Par l'empereur

NAPOLEON.

Contre signé le 22 Mars, par le sécrétaire d'Etat.
Le duc de BASKANO.

Londres, le 6 Avril.

Il pait tous les jours des troupes qui vont renforcer l'armée que le duc de Wellington conduira de nouveau à la victoire. Depuis deux jours il est parti des détachements considerables des gardes à pied.

Le roi de France est à Gand.

Il est arrivé de Vienue, d'Italie et de Turin, des

messagers d'Etat et des courriers chargés de dépêches

déploya d'une manière si honorable en 1808, en envoyant des armes en Espagne, est encore plus impérieusement requise aujourd'hui. Ne perdons pas un instant à dépêcher de legers navires pour le port de Bordeaux. Les avis envoyés de cette place, au gouvernement donnent à croire qu'avec un juste encouragement, non moins des 60,000 hommes seroient bientôt rangés sous le drapeau blanc. On y assuroit que 10,000 avoient déjà rejoint le duc d'Angoulême, et nous apprenons que la plus vive prière est faite de fournir sans délai trente mille armes. Nous sommes bien persuadés qu'une telle requête ne sera pas faite en vain.

au

Nous sommes sûrs qu'aucun ministre Anglois ne voudra ni par hésitation, ni par indifférence, éteindre la flamme de la loyauté et du patriotisme, et abandonner au hasard les vies précieuses enga gées dans la cause sacrée. Piût à Dieu que les braves qui se sont volontairement offerts l'an dernir, pour seconder les Bordelais, fussent jour'hui au milieu d'eux. Nul doute qu'ils les conduiroient à la victoire, et infligeroient un terri ble châtiment à ces indignes parjures dont l'infamie a causé par toute l'Europe une indignation universelle. Le Baron Labadysse qui arriva de Bordeaux le 2 dernier, à bord de l'Espérance,- étoit porteur des dépêches de la duchesse d'Angoulême au roi son Oncle, relatives à cet important objet. De

du Tigre! Delà, nous pouvons nous rendre raison de sa bonne volonté à souscrire au traité de Paris, de sa promesse de la liberté de la presse, et d'une nouvelle constitution, de son abolition de la traite des nègres, de ses protestations de ne plus faire de Détenus, de sa suppression de toutes les carricatures sur la famille Royale, de sa récompense accordée à celui qui escorta Monsieur. Oame généreuse, bonne et calculatrice!

Les nouvelles d'hier étoient propres à confondre les vils agens du rebelle François dans ce pays; ceux qui osent tourner en ridicule notre correspon dance par l'assertion absurde que ce monstre de Bonaparte, souillé de tous les crimes et de toutes les horreurs, est le choix de tous les François-que pour lui ils braveront l'infamie universelle, la vengeance de toute l'Europe, les chances d'une guerre à laquelle ils ne sont pas entièrement préparés, et la perspective presque certaine de la dévastation et du démembrement-que pour lui ils rejeteront une constitution libérale, une monarchie paternelle, le commerce revivifié, l'ordre rétabli, et le retour de la morale et de la religion. Nous disons que ses assertions aussi absurdes et aussi incroyables qu'elles étoient en point de théorie, sont aujourd'hui complétement dementies en point de fait. D'après l'aveu échappé au rébelle, il y a une guerre civile en France. Oui, il y a des insurgés! Nous nous rappelons bien du premier usage de ce terme mémo-là, nous pouvons tirer la solution de ce ton si radouci rable dans les rapports de l'Espagne en 1808. Alors, comme aujourd'hui, les sujets loyaux, patriotes et fidèles à leur roi, les honorables défenseurs de leur patrie étoient dépeints dans le vrai style de Bonaparte, comme des insurgés, des rebelles, aisément ronversés, dispersés, sans un seul coups de tiré, &c. Non moins de deux dépêches télégraphiques de Lyon paroissent dans le Moniteur du 2 du présent, l'une en date du 1er Avril, à midi; l'autre du 1er Avril à deux heures; mais quoique les nouvelles Tandis que nous sommes frappés d'étonnement fussent urgentes au point d'éxiger cette rapide à sa conversion subite à l'honnêteté,-Tandis que succession de rapport, et quoi qu'il y eût un nous nous arrêtons, nous hésitons, et négocions, il court espace de temps entre les deux messages du aura justement le temps d'applanir les sentiers de la préfet,néanmoins il arrive qu'elles sont étrangement guerre civile; de prendre, de noyer, d'empoisonner, contradictoires. Autant qu'il nous est possible de d'assassiner ceux qui la dirigent, et alors, il nous tirer un rapport vraisemblable de ces dépêches, Son servira un plat de ses anciens talens dans les intrigues Altesse Royale le duc d'Angoulême avoit traversé et les guerres étrangères. On calcule que pour le tout le Sud de la France, depuis la Garonne jusqu'au présent, il ne peut mettre une armée de troupes Rhône et étoit parvenu le 29 dernier à Montelimar. réglées et bien équipées, au delà de cent mille Là il trouva" un nombre considérable de gardes hommes et avec une semblable force, il lui est nationaux et de volontaires, ainsi que deux régi-absolument impossible d'empêcher à la fois un soumens de ligne, le 58me et 83me avec laquelle levement dans Paris, d'arrêter les insurrections dans force, il livra bataille le lendemain à plusieurs par-les départemens, (car plus de la moitié de la France tisans du Corse. Les journaux de Paris, naturellement représentent la cause du rebelle comme triomphante; mais les premières dépêches disent qu'un engagement eut lieu, tandis que les dernières assurent qu'on ne tira pas un seal coup de fusil. Ces rapports contradictoires ne s'accordent que sur ce seul fait, que les troupes de ligne passèrent du côté du rebelle: et d'après ce que nous avons déjà vu, il est à craindre qu'il y ait quelque fondement dans cette assertion: nous espérons néanmoins, pour l'honneur ds la France, et pour le caractère du soldat, que la défection est loin d'être aussi générale qu'on nous la représente. Quoiqu'il en soit, ou ne devroit pas perdre un instant à secourir les patriotes. L'activité que notre gouvernement

si

est contre lui) et d'aller à la rencontre d'une armée réunie pour envahir le pays. Mais, disent quelquesuns, que les alliés se contentent de prendre des positions sur ses frontières. eh bien! quel en seroit l'effet? On lui donneroit le temps d'organiser une armée, d'appaiser les troubles de l'intérieur, d'affermir les bases de ses futures opérations, et d'en combiner ensemble toutes les parties. Tandis qu'on épargneroit à la France tous les maux d'une guerre portée dans son territoire, le titre de l'usurpate ur acquerroit avec le temps une sorte de validité apparente, la timidité des alliés passeroit pour l'aveu de la foiblesse de leur cause, et quand la guerre auroit lieu (car elle aura inévitablement lieu tôt ou tard) tous les avantages qu'ont

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Le public a remarqué avec une grande anxiété le message du Prince Régent qui à ce qu'on croyoit, alloit annoncer la rigoureuse continuation des hostilités contre ce rebelle qui défie l'Europe entière. Le message, cependant, qui fut communiqué hier au soir au Parlement est très-réservé dans tous ses termes. Il rapporte simplement qu'il vient de se passer en France des événemens qui sont en contravention directe avec les engagemens contrac tés le premier Avril, avec les puissances alliées, et qui inénecent des plus dangereuses conséquences la tranquillité de l'Europe entière; c'est pourquoi Son Altesse Royale a cru devoir donner des ordres pour augmenter les forces de terre et de mer. A ceci on ajoutoit encore que le gouvernement étoit entré en communication avec les alliés, dans le dessein de former un accord pour la sécurité constante de l'Europe. Des termes aussi réservés, et par conséquent aussi vagues, doivent nécessairement désarmer l'opposition, et défier la censure. Il est impossible de dire que la Grande Bretage ne se tiendra pas en garde contre les suites d'une convulsion qui ménace toute l'Europe. Il est également impossible de dire qu'elle donnera tête baissée dans les opérations hostiles, sans égard à l'assistance ou à l'opposition qu'elle pourroit rencontrer. La simple raison pourtant, et le sens commun doivent nous convaincre qu'il n'y a pas pour nous de plus grand danger que celui qui doit résulter du délai, de l'irresolution et de l'incertitude, tandis que l'ennemi s'empresse d'arriver directement à son but. Foible comme il est, chaque moment que nous lui cédons, est pour lui une augmentation de force. Les gouvernemens alliés ont agi avec la plus grande et la plus coupable foiblesse, en laissant à ce bandit la facilité de rompre sa prison. Au nom du ciel qu'il n'accumulent point sur leurs têtes les dangers et la disgrace, en lui laissant le temps de commencer l'œuvre de la destruction. Le traître se repose sur l'indolence de ceux auxquels il est opposé. C'est son unique espoir. Fasse le ciel qu'il soit frustré !

Extrait du Times.

Ce qui suit est tiré du journal de Gand, du 2 .Avril.

"Sa Majesté le roi de France reçut le 31 de Mars toutes les autorités. Le clergé fut d'abord présenté. M. Goethals, grand ricaire, exprima les | sentimens respectueux du clergé pour la personne d'un monarque exposé à de si rudes épreuves d'infor+ tune; et ajouta que la piété du fils de St. Louis, secondée par les prières de l'église, et de ses sujets fidèles, toucheroit le Dieu de miséricorde en faveurs d'un peuple menacé des plus grands malheurs.

La réponse du roi fut noble et intéressante: il exprima à la fois sa confiance en Dieu, sa résignation aux décrets de la Divine Providence et son espoir

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pour le bonheur d'un peuple dont il étoit encore le père.

"Le maire et le conseil municipal adressèrent ensuite à Sa Majesté leurs vœux pour son prompt rétablissement sur le trône de ses ancêtres. Le roi répondit qu'il garderoit toujours le souvenir du tendre attachement que lui montre cette ville. Sire, reprit le maire, nos cœurs ont parlé! Et le mien vous a entendu répliqua le roi,

Sa Majesté reçut ensuite les adresses des différens corps publics. Elle montra autant de grandeur que de bonté. Les preuves touchantes de l'intérêt général qu'on lui donna, humectèrent souvent ses yeux, et plusieurs des spectateurs furent attendris jusqu'aux larmes.

"L'ambassadeur Anglois auprès de Sa Majesté Louis 18, arriva ici le 31 dernier.

"Une grande partie du bagage royal a été successivement amené ici par des paysans de l'Artois. Sa Majesté a témoigné sa satisfaction à ces sujets fidèles dont le noble dévouement forme un glorieux contraste avec la bassesse et la trahison d'un petit nombre de leurs compatriotes.

"Un grand nombre de canons à gros calibre a passé par cette ville, ils sont destinés pour Tournay et Oudenard." (Extrait du Times.)

La dernière révolution a porté un caractère bisarre qui frappe tout le monde.

Lorsque le maréchal Macdonald revenoit de Lyon à Paris, annoncer au roi la défection des troupes, il étoit dans sa voiture avec deux aides-decamp; il rencontra entre deux postes une autre voiture avec laquelle ses postillons changèrent de chevaux. Dans cette voiture étoient le duc de

Rovigo, le duc de Bassano et le maréchal du palais Bertrand qui étoit allé passer quinze jours à Paris, et qui tous trois alloient tranquillement et de com pagnie joindre leur maître à Lyon.

Le maréchal Ney s'étoit jeté aux genoux du roi, avoit baisé la main de Sa Majesté, avoit pleuré, avoit promis de ramener le coquin à Paris dans une cage de fer, mais le Judas avoit eu soin la veille de stipuler pour condition de son départ que tous ses arriérés et ses réclamations fussent soldés. Il méditoit alors cette proclamation infâme qui a terni toute la gloire dont il jouissoit, si toutefois cela peut s'appeler de la gloire.

Le Lundi, 20, jour que Bonaparte passa sa première revue aux Thuileries, on voyoit encore dans Paris autant de cocardes blanches que de cocardes tricolores; et pourtant personne ne s'insultoit: il se trouvoit à cette revue 6000 hommes de troupes de ligne et 3000 gardes nationales. Il ne fut pas possible d'arracher un seul cri de vive l'empereur à ces derniers, malgré tous les efforts dc M. ie baron de Montesquiou, leur commandant.

Néanmoins, des gens qui font de l'esprit sur tout, ont cru pouvoir se permettre des plaisanteries sur la garde nationale de Paris. Nous pensons que la conduite de cette troupe a été dans les circon stances où elle s'est trouvée, aussi bonne qu'on pouvoit s'y attendre. Cependant on a envoyé à Paris à ce sujet l'épigramme suivante que nous donnons à nos lecteurs, pour servir et valoir ce que de raison.

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