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avec Varsovie le Grand Duché; Posen et les environs sont célés à la Prusse avec une population de plus d'un demi-million d'habitans; le reste doit former un état intermédiaire entre l'Autriche, la Russie et la Prusse, et dont le souverain n'est pas encore désigné.

Il cir ule dans le public une note que le ministre de France a rémise au congrès, en date du 18 de Janvier; elle est rédigée dans les vues les plus sages et les plus modérées. M. le Prince de Talleyrand y développe les vrais principes d'une saine politique ; il établit une règle pour fixer la grandeur des états; cette grandeur, dit-il, ne doit être fondée ni sur l'étendue physique, uisur la population, mais sur l'esprit d'une nation et de son gouvernement, sur son amour pour la justice et la vertu. Prenant ensuite pour autorité Montesquieu, il cite des passages de son excellent livre de L'esprit des Lois; il les commente et cite, à l'appui, des exemples pris dans les époques les plus glorieuses de l'ancienne Grèce. De là, passant au congrès, il regrette qu'il se soit écarté de ces principes. Si la France, ajoute ce ministre, se contente des frontières qu'on lui a assignées, elle n'est pas pour cela moins intéressée que les autres Puissances, à prévenir les atteintes qui pouroient être portées à sa sûreté, par la prépondérance hors de mesure d'un état quelconque et par le renve sement de l'équilibre politique. Il croit, en conséquence, qu'il est de son devoir de se déclarer contre l'incorporation de la Pologne et de la Saxe à d'autres étals, &c.

Le ton de modération qui règne dans cette note a été généralement approuvé, et l'on croit que les principes qu'elle développe ont été adoptés formellement dans les séances relatives à la Pologne et à la Saxe.

JONATHAN DANS LE PANNEAU, OU L'YANKEE PRIS AU TREBUCHET.

A la recherche de l'escadre Américaine, nous aperçumes, l'autre jour, un grand Brig sur lequel le capiLaine nous ordonna de porter, mais sous une voilure modérée, pour ne pas montrer une anxiété particulière soupçoni ant, d'après les circonstances que c'étoit un navire Anglois capturé, et désirant, s'il en étoit ainsi, attirer le capitaine, et en lui faisant accroire que le Leander étoit une frégate Américaine, obtenir ainsi des renseignemens qu'il ne pourroit avoir de toute autre manière. Rien ne pouvoit être mieux imaginé. Ce brig se trouva être le John, de Liverpool, nouvellement capturé par le corsaire Perry: le capitaine de la prise • Améri aine, gros rougeaud d'Yankee, mit de suite sa chaloupe à l'eau et se rendit, sans hésiter, à bord du Leander. Aussitôt qu'il fut sur le pont, il complimenta les officiers, de ceque l'escadre étoit en mer et dans une situation où (pour me servir de ses expressions)" They would do a tarnation share of mischief to the damned English sarpents." Ils pourroient faire leur bonne portion de mal à ces damnés de serpens Anglois, et jour rau jeu du diable avec les lambeaux de leur pavillon. Il observa ensuite qu'il avoit reconnu ce vaisseau aussitôt qu'il l'avoit aperçu, par sa mâture et ses côtés peints en noir, et la coupe de ses voiles, pour être le Président, attendu qu'il étoit à New York, avant qu'il mit à la voile après ces observations, sur lesquelles Yankee se disoit bien informé, il s'avança vers Sir G. Collier, et à notre grand amusement, lui fit un beau salut, lui adressant la parole comme au commodore Américain Decatur, lui rappelant en même temps qu'il l'avoit vu autrefois à New York. Sir George ne le démentit en rien: l'Yankee lui présenta alors les papiers du John, pour lui montrer qui il étoit, et se plaignit de son équipage qui, selon lui, n'étoit composé que d'une bande de vils motius de serpens; que sa vie étoit shaqué nuit entre leur mains, qu'il désiroit en consé

quence, que plusieurs d'eux fussent échangés contre un même nombre de l'équipage du prétendu Président, et qu'un de ces mutins particulièrement eût à recevoir une seconde correction. Sir George promit avec beaucoup de gravité que tout cela seroit exécuté, et ordonna à son premier lieutenant de tenir autant d'hommes prêts à être échangés contre ceux dont on se plaignoit, Le capitaine fit venir alors Jonathan dans sa chambre, et se retirant un instant por aller prendre une carte, il en apporta une où la route du Leander étoit marquée, et sur laquelle étoit écrit President venant de New York, pour aller en croisière, et posant comme par hazard le doigt sur ces mots, ils frappèrent les regards de notre Yankee qui s'écria qu'il avoit reconnu le Président dès qu'il l'eut apperçu, et que le diable même ne pourroit le tromper. Sir George alors lui montra du doigt l'Acasta, lui demanda s'il le connoissoit, à quoi il répondit que c'étoit le Macedonia; et quand on lui eut demandé ce qu'étoit le Newcastle, il répondit qu'il ne le connoissoit pas; sur quoi Sir George lui dit que c'étoit la Constitution: il répliqua qu'il se le rappeloit bien en effet, quoiqu'il ne fût pas peint comme il avoit coûtume de l'être. Il remarqua alors le point de croisière du Perry et dit qu'il avoit parlé au corsaire le Whig, qui lui avoit observé que vraisemblablement il tomberoit bientôt parmi l'escadre du commodore Décatur, ce qui lui causa bien de la joie, parcequ'il savoit bien qu'il lui seroit facile alors de se débarasser de quelques-uns des plus mutins de son équipage. Quand il n'eut plus rien à dire, Sir George lui recommanda de retourner à bord du John, et lui rendit avec beaucoup de forme les papiers de ce navire, lui souhaitant un bon voyage, et le priant de faire savoir qu'il avoit laissé en bon état le commodore Décatur et son escadre. Jonathan fit ses adieux de l'air le plus satisfait du monde; mais lorsqu'il fut sur le point de quitter le Leander, notre premier lieutenant, McDougal l'arrêta, et lui fit connoiître sa véritable situation; notre Yankee erut pendant long-temps que c'étoit une plaisanterie, mais venant à jeter les yeux sur l'uniforme du capitaine Anglois, sous lequel Sir G. Collier parut alors, il devint presque fou de dépit.

ITALIE.

Traduit du Times.

Rome, le 11 de Janvier. S. S. vient de donner un nouvel exemple de la fermeté de son caractère, en faisant adresser la lettre suivante à M. le Chevalier Zuccari, consul-général du roi Joachim à Rome:

"Monsieur,

"Le cardinal Camerlingue de la Saint Eglise, pro-secretaire d'état, a reçu l'ordre formel de S. S. de vous faire connoître franchement qu'elle est fatiguée de souffrir la conduite que vous tenez envers le gouvernement. Le S. Père n'ignore pas les menées par lesquelles vous êtes parvenu à organiser secrettement un espionnage: il connoît tous les misérables que vous salariez, et qui, sans honneur personnel et sans amour pour leur patrie, se sont vendus pour servir la cause de l'étranger par de honteuses démarches. S. S. connoît les écrits que vous avez répandus dans la ville, et que vous avez fait circuler dans le but aussi criminel que bas d'affaiblir les sentiments que l'on doit au souverain légitime. Enfia S.S. connoît les consiliabules que vous tenez,la manière dont vous vous y exprimez, et les lettres que vous écrivez pour rallumer le feu des opinions anti-chrétiennes, qui a ravagé notre hémisphere durant tant d'années. Sa béatitude veut que j'écrive en son propre nom au gouverneur de Rome, président de la police, pour lui donner l'ordre de rechercher et saisir ces hommes indignes du nom Romain, qui servent d'espious à un

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Briscia, le 12 de Janvier.

Hier, le chevalier Zuccari, se trouvant au spectacle, sa voiture, comme à l'ordinaire, l'attendoit dans l'endroit réservé aux voitures des agents diplomatiques et étrangers accrédités près de notre cour, quand la garde força le cocher de quitter la place et de se retirer où bon lui sembleroit, ayant ordre de ne pas laisser prendre rang à la voiture du consul parmi celles des autres envoyés. Dès que M. le chevalier Zuccari a été informé

de cette violence exercée contre ses gens par la garde, il s'est retiré chez lui et a expédié un courier à sa cour. On s'attend tous les jours à son rappel et à de grands événements qui le suivront,

FRANCE.

Paris, le 27 de Janvier. Des nouvelles particulières, qui doivent inspirer une grande confiance, nous apprennent qu'il est à-peuprès certain que le résultat des négociations sera beaucoup plus avantageux pour la France qu'on ne l'avoit encore espéré. On nous parle d'un accroissement de territoire dans les départements du Nord. Un pareil résultat seroit dû, sans aucun doute, à l'habileté du négociateur sur lequel reposent les intérêts de la France.

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On mande du Havre, le 24 de Janvier : “ comme on l'avoit prévu, il ne pouvoit se passer plusieurs semai nes sans que les besoins de la consommation ne forçassent les fileurs de se réapprovisionner. Jamais nos fabriques n'ont été dans un semblable état d'activité; jamais les débouchés n'ont été si rapides. Les demandes sont multipliées, et l'on a peine à y satisfaire. On a vendu sur notre place, depuis six jours, 500 Falles de coton Fernambuc de seconde qualité, connu depuis quelques années sous le nom de Comourhi, aux prix de 3 fr. 10 cent; 40 balles de Bengal, àlf. 80 cent.; et quelques petites parties de Georgie, courte soie, de 2 f., 30 cent. à 2 fr. 35 cent. Notre approvisionnement se trouve réduit à 1800 balles de coton du Brésil et 450 balles de Georgie."

Lettre du Général Excelmans au Comte d'Erlon.

“Lille, le 14 de Janvier.

"Monsieur le Comte, "Les mesures qui furent prises contre moi vers le milieu du mois dernier m'ayant paru illégales, j'ai cru qu'il m'étoit permis de m'y constraire. Toutefois, en sortant des mains de ceux qui s'étoient constitués mes gardiens, je dus prendre, et je pris en effet l'engagement de me présenter volontairement aussitôt que le tribunal formé pour prononcer sur ma conduite me seroit connu,

"L'accomplissement de cette obligation que la nécessité de défendre mon honneur m'avoit prescrite, ne m'inspiroit alors aucune crainte, parce que j'étois convaincu qu'on ne pouvoit m'imputer justement aucun

fait criminel, et que j'étois trop assuré de la pureté de mes intentions dans tout ce que j'ai dit ou écrit, pour en craindre les suites sous un Prince dont j'admirai toujours la justice.

"Connoissant aujourd'hui les membres du conseil qui doivent prononcer sur ma conduite, et plein de confiance en leur justice et dans leurs lumières, je viens vous déclarer, monsieur le Comte, que je suis prêt à me présenter devant eux, et que je leur confic, avec la plus grande sécurité, mon honneur et ma personne. "Le lieutenant-général comte EXCELMANS."

GUERNESEY.

COUR ROYALE.

Le 6e. Février, 1815, devant Pierre de Havilland, Éc. Bailli, présens; Eléazar le Marchant, Carteret Priaulx et Jeau la Sarre, écuyers jurés.

La Cour a accordé, par voie de récompense à André Tourtel, Jean Mauger, George Fradin, Jean Torode et Thomas Bichard, la somme de deux livres deux schel

lings sterling chacun, pour le zèle et activité qu'ils déployèrent l'après-midi du Mardi 24 Janvier dernier, en s'embarquant au port de la Sallerie, dans le bâteau de Nicolas Bougour, aussitôt qu'ils se furent apperçus qu'un bâteau en sa traversée de l'ile d'Herm pour cette ile, avoit chaviré, et lesquels ayant fait voile, au grand danger de leurs vies, pour sécourir ceux qui étoient en péril par cet accident, furent encore à temps par leur diligence pour sauver la vie à Daniel Ingrouille qui s'étoit maintenu à flot par le moyen d'un aviron; le seul qu'ils purent sauver, malgré leurs efforts, attendu que le Sr. Pierre Mauger, ci-devant propriétaire de la dite ile d'Herm, Thomas Knight et Pierre Ricard, qui s'étoient embarqués avec le dit Ingrouille, avoient coulé à fond, avant que le dit bâteau sortant de la Sallerie, eût pû atteindre le lieu où le dit bâteau avoit chaviré.

La Cour a aussi accordé au dit Bougour, deux livres deux schellings sterling, pour l'usage de son bâteau.

La Cour, afin d'encourager toutes personnes à fournir toute l'assistance dont elles sont capables à ceux qui sont en danger de perdre la vie, a de plus accordé à l'équipage du bâteau de Douane, deux livres deux schellings sterling pour leurs efforts, qu'oiqu'infructueux, à sauver les susdits nauffragés.

La Cour ordonne en outre, que trente schellings soient payés à Thomas Henry, chez qui le dit Ingrouille fût porté, à son arrivée dans cette ile, pour les soins qu'il prit de lui, et l'avoir gardé et nourri pendant trois jours. Lesquelles susdites sommes seront payées par Monsieur le Superviseur de la Chaussée.

GEO. LEFEBVRE. Greffier du Roi.

CLUB DES OPPRIMÉS.

Procès Verbal de la première Séance.

En vertu d'une circulaire, adressée aux hommes de 10 Août, du 21 Janvier et des plus belles journées de la révolution, les Opprimés se réunirent, le ler Octobre,

rue de la Convention, no.... dans une salle basse, au fond de la cour.

M. Carnot est invité à prendre le fauteuil, et M. Méhée sert provisoirement de secrétaire.

Le président. La patrie est en danger. Tacite a dit que la liberté est toujours inquiéte. Or, le calme règne en France. Tout y tend à l'harmonie et au repos: la France est donc perdue. Agitons les esprits pour recommencer les beaux jours dont elle a joui depuis le 10 Août 1792, jusqu'au 18 Brumaire de l'an VIII. Nous sommes opprimés. Mettons-nous à la hauteur des circonstances. Ne pactisons point avec nos devoirs. Nous avons décrété une république impérissa ble, et la république a péri. Levons-nous!

Tous les membres se lèvent.

Mehée. Je dénonce le bonheur dont un roi prétend nous faire jouir, au mépris de la république. Je dénonce un repos perfide, qui annonce l'esclavage.

Je dénonce le calme et la tranquillité que nous donne la monarchie.

Je dénonce la restauration, le bonheur, la joie publique, et toute la France, qui est en contre-révolution.

Si nous n'y prenons garde, il n'y aura plus rien à faire pour nous. Je demande à travailler l'opinion, et qu'on me laisse faire.

Mlle. Raoul. Je m'appelle Fanny; je suis opprimée, vous êtes opprimés, nous sommes opprimés: c'est une horreur, président, annoncez l'hommage que je fais de mes trois. Vos du Véridiqne Le Roi de Dannemarck est un lâche, et je le crois fou. Je vous dénonce le grand Mamamouchi de Turquie, qui ne veut point supprimer les eunuques, et le pape, qui aime trop la musique pour renoncer. ....

Méhée. Le feu est dans notre maison, proximus ardet: commençons par l'éteindre; puis nous verrons ce qu'on pourra faire au-dehors. Je dépose sur le burreau la lere et 2e édition de ma grande Dénonciation des ministres : proximus ardet.

Mlle. Raoul. Vous voilà encore, mon frère, avec votre prozimus dont on a tant ri!

L'avocat Delorme. Tout le monde n'est pas obligé de savoir le latin. Il est vrai que dans deux éditions la même faute saute aux yeux. Mais soyons censeurs indulgens pour nous-mêmes, Une autrefois, ma sœur, vous corrigerez les épreuves du frère, et vous mettrez proximus ardet. ...Je déclare faire hommage du Censeur aux Opprimés.

M. le marquis de Montgaillard. Je dépose sur l'autel de la patrie mon marquisat, ma réputation et mes ouvrages; mais je désire qu'on ne montionne au procès-verbal que le volume sur la Restauration, et les deux lettres sur la liberté de la presse.

Grand tumulte. A l'ordre! à la porte! Mlle. Raoul. Il y a ici un faux frère. Nous sommes trahis! (le tumulte redouble.)

Le président agite sa sonnette et la casse: voilà ma sonnette cassée !

Le président. Avant tout, il faut organiser le bureau des Opprimés, former la liste des membres, nommer un comité de sûreté générale, un comité de salut public, un comité des inspecteurs de la salle, un comité des pétitions, un comité d'instruction publique, un comité de la liberté de la presse, et mettre le danger de la patrie à l'ordre du jour.

Le secrétaire provisoire. Le régistre est ouvert, On peut venir s'inscrire.

Mile. Matthea et Mile. Raoul volent au bureau. Il y a 21 membres présents. Cinq déclarent ne savoir signer.

Mlle. Raoul. Je signe avec paraphe.

On procede à l'élection du président. En sa qualité de Peridique, Mile. Raoul fait les fonction de scrutateur. M. Carnot réunit onze suffrages: il est pro

clamé président. Mlle. Matthea tire de son ridicule un bonnet rouge qu'elle a fait avec le lambeau d'un vieux cachemire, et en coiffe délicatement le président au bruit des bravos de tous les frères.

Un membre. Nous faisons trop de bruit, on pourroit nous entendre.

Le président ordonne de fermer la porte et les fenêtres.

Mlle. Raoul. On étouffe. Messieurs les Opprimés, ne nous opprimons pas nous-mêmes; ayons au moins la liberté de l'air.

Le président. Je vais consulter l'assemblée sur la question de savoir si les fenêtres serónt ouvertes.

Les Opprimés. Non, non. Nous sommes en comité secret.

Le président. Les fenêtres resteront fermées. Méhée. Souvent trop de prudence annonce trop de peur. Nous devrions fenir nos séance sur la place de la Révolution.

Le Marquis de Montgaillard. Nous y viendrons. On procède à la nomination des sécrétaires. Mlle. Raoul et l'avocat Delorme obtiennent la majorité des suffrages. Le président. Décrétons la formule du serment. L'Avocat Delorme. Je demande que la discussion soit ouverte.

Un conventionnel. Nous avons fait serment à là constitution de 1791, à la république de 1792, au gouvernement révolutionnaire de 1793, à la constitution de l'an II1, et même, hélas! à la constitution de l'an VIII, et nous avons violé tous ces sermens.

Mlle. Raoul. N'importe; il faut toujours jurer. Tous les Opprimés se lèvent, jurent et s'embrassent. Mlle. Raoul attache une cocarde tricolore au bonnet de Mlle. Matthen.

Mile. Matthea. Il faut tous nous tricoloriser: voilà ma motion.

Plusieurs voix. Appuyé.

Mlle. Matthea vide son ridicule sur le bureau, et fait voler les cocardes nationales dans la salle. Bravo! Les Opprimés chantent tout bas :

Allons, enfans de la patrie !

Le président. Je dépose sur le bureau mon Mémoire contre les Rois en faveur des Opprimés.

Méhée. Je demande que ce soit le manifeste de la grande nation dont nous sommes les représentans, et que la vertu soit unise à l'ordre du jour.

Mlle. Raoul. Oui, la vertu et les dénonciations; c'est bien dit. Il n'y a que les Opprimés qui soient vertueux. Je réclame la liberté de la presse et la liberté de la parole, et toutes les libertés possibles.

Le marquis de Montgaillard. Ah! Ah!

M. S imprimeur. Je dénonce les pasquinades d'un certain journal intitulé la Quotidienne. Cette feuille a fait la contre-révolution. On y prétend que la nation n'est point opprimée: je demande que le No. d'aujourd'hui soit brûlé sur l'autel de la patrie.

Mlle. Matthea. Voilà, voilà ce fameux No. accompagné de plusieurs autres. Brûlons! Brûlons! Une voix. Et la liberté de la presse! Le marquis de Montgaillard. Nous la voulons pour nous; cela suffit. Mlle. Raoul. Oui, oui, la liberté pour nous; c'est convenu. Brûlons!

Les Opprimés s'arrachent les Nos. de le Quotidienne, les déchirent à no res dents, et les brûlent sur le bureau. Le schall de Mile. Raoul prend feu. Elle crie au secours, et MS. éteint les flammes en jetant sur le foyer de l'incendie cinquante nouveaux pamphlets du Palais Royal.

Les opprimés arrêtent ensuite qu'ils auront un journal officiel Sera-ce le Censeur ! sera-ce le Véridique !— Renvoyé à la prochaine séance.

Le président. Et la formation des comités !
Mile. Raoul, Il faut recruter auparavant. Vous

proposez six comités, et nous ne sommes que dix-hunt opprimés, sans compter le bureau; et sur ces dix-huit, cinq déclarent ne savoir pas lire. Il ne reste donc que treize opprimés actifs ; et ce nombre est malheureux.

La société arrête qu'il sera fait un recrutement. Le marquis de Montgalliard lit le dernier bulletin de l'ile d'Elbe; il est ainsi conçu. ." Le grand homme a des sueurs froides; il faut trente serviettes brûlantes pour le réchauffer. Il a été fait pacha à trois queues. Le Grand-Turc lui donne trois cents mille janissaires à commander. Le lion dort, mais il se réveillera."

Un vieux Cordelier. Je demande qu'il soit envoyé une députation au grand homme, afin qu'il nous paie le salut de la patrie.

Méhée. Il a de l'argent; il faut qu'il vienne au secours des Opprimés.

Le marquis de Montgaillard. Il faut qu'il paie le recrutement. Nous aurons des héros de cinq cents livres.

Mlle. Raoul. Je veux qu'il fasse prendre trente mille abonnemens au Veridique.

L'avocat Delorme. Et trente mille au Censeur. Mlle. Matthea. J'aurai mes tricoteuses; mais il faut de l'argent.

Le président. C'est le nerf de la république. Nous avons beaucoup à imprimer pour le bonhenr commun. L'opinion publique est dépravée.

Mlle. Raoul. La contre-révolution s'oppose aux

cris de vive le Roi ?

Tous les opprimés.

De l'argent! de l'argent!

Déclarons la patrie en danger.

Le président se couvre et dit: Au nom du peuple François, je déclare la patrie, c'est à dire la république en danger.

Tous les opprimés. Bravo! la patrie est en danger.
La séance est levée à minuit.

(Signe) Carnot, président des opprimés. Fanny Raoul et Delorme, secrétaires. Nota Bene. Les opprimés serrent leurs cocardes, à pas de loup, se dispersent en appercevant de loin une patrouille, et vont la plupart fumer dans les estaminets.

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Oh! tell me Laura, tell me why,
From thy fair bosom, burst, that sigh,
As if 'twould rend in twain !
Is it a bitter passing thought,
By too tenacious mem'ry brought,
Of some unfaithful swain?

No, Laura no, that cannot be,

For none, would treach'rous prove to thee,

So soft, so sweet thy smile;

Those charms, which deck thy lovely face, That form, so mark'd with heav'nly grace,

Would turn the wretch from guile.

But Laura, heedless of your pow'r.
You deal destruction ev'ry hour,

On all, who chance to gaze:

For much 'tis fear'd, those brilliant eyes,
Will veil the splendour of the skies,
And set us in a blaze.

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ANECDOTE OF FREDERIC THE GREAT,

The magistrate of a little village, in the marquisate of Brandenburg, committed a burghess to prison, who was charged with having blasphemed God, the King, and the ministers. The burgomaster reported the same crime deserved. The following sentence was written to the king, in order to know what punishment such a by his Majesty in the margin.

"That the prisoner has blasphemed God is a sure proof he does not know him; that he has blasphemed magistrate he shall be punished in an examplary manme I willingly forgive; but for his blaspheming the ner, and committed to Spadau (1) for half an hour. FREDERIC.

(1) This is a famous fortification, where state prison ers and criminals are usually incarcerated.

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Basse Mer.

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Ce journal est publié tous les Samedis, à 7 heures du matin, à l'Office du MIROIR POLITIQUE, No. 184, au bas du Pollet; et à la Maison occupée par capt. Champion au Marché. On le porte, avant midi, chez les différens Souscripteurs des environs de la ville. Tous avis, annonces, &c. qu'on désire y insérer, sont rereçus à l'Imprimerie seulement, jusqu'au Vendredi matin de chaque semaine. Le prix de l'abonnement est de 6 schellings par an, et pour la feuille détachée $ penys.

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