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L'intendant général, nommé par le même décret, a les fonctions de ministre des finances, de ministre de l'intérieur, et de ministre de l'administration de la guerre; mais, dans tout ce qu'il peut avoir de contact avec vous, il se rend chez vous et s'y concerte avec vous, parce que vous êtes la première autorité du pays, sans que cependant vous puissiez lui donner des ordres, vu qu'il travaille directement avec l'empereur.

L'intention de l'empereur, monsieur le gouverneur, est que vous portiez un soin particulier à la surveillance des journaux, des livres, des théâtres, et de tout ce qui concerne la religion et les cultes. Vous êtes autorisé à vous former une garde choisie parmi celle bourgeoise, et toutes les fois que vous irez en représentation, soit aux églises, soit en public, vous vous ferez accompagner d'un nombreux détachement. Vous vous étudierez à connaître les chefs de ces gardes bourgeoises et à vous les concilier. Vous soutiendrez votre rang en suivant l'étiquette qu'on observe à l'égard du gouverneur de Paris.

Vous devez commencer par faire la police extérieure des mauvais sujets ou traînards français, avant de faire celle des malveillanş du pays.

L'intention de l'empereur est que, dans chaque cercle, il y ait un officier de gendarmerie et cinq à six gendarmês français. Vous ferez organiser une

espèce de gendarmerie, suivant l'usage du pays, de manière qu'avec un gendarme français, il y ait cinq ou six gendarmes nationaux, qui arrêteront les traînards et vagabonds français, et les traduiront devant le commandant du cercle et devant l'intendant français, s'ils se sont rendus coupables de quelques délits.

Comment organiser cette gendarmerie du pays? c'est le travail que vous devez soumettre à l'empereur, en vous rapprochant le plus possible de ce qui existait ci-devant. Cette force publique aura aussi l'utilité d'être employée pour les réquisitions, pour l'approvisionnement du pays et de l'armée, et contre les brigands autrichiens.

C'est par une proclamation du gouverneur de Vienne, approuvée par l'empereur, que l'on devra connaître l'existence de cette force armée qui doit en imposer dans tout le pays.

L'intention de l'empereur est que vous logiez au palais à Vienne.

Le major-général,

Signé le maréchal BERTHIER.

Instructions pour M. DARU, conseiller-d'état.

Schaunbrünn, le 24 brumaire an xiv.

EN vous envoyant, monsieur, le décret qui vous nomme intendant-général à Vienne, sa majesté m'or

donne de vous faire connaître plus particulièrement vos fonctions. Vous remplissez toutes celles de ministre des finances, de ministre de l'intérieur et de ministre de l'administration de la guerre, vous travaillerez directement avec l'empereur; mais vous devez néanmoins considérer le gouverneur de Vienne comme la première autorité du pays. Dans les affaires de contact, vous devez vous rendre chez lui, vous concerter ensemble sur les objets de service, en lui accordant la déférence qui appartient à sa place.

L'empereur ordonne que tous les revenus du pays, sous quelque dénomination qu'ils soient, lui soient dévolus. Il est donc nécessaire que vous mettiez des agens partout, afin que les malveillans ne détournent ni n'altèrent aucun revenu. Sa majesté voudrait avoir dans la semaine trois millions en papier, afin de solder deux mois à l'armée, et un million pour l'administration; car il est très-contraire aux intérêts de la France de voir les individus de l'armée dépenser en argent, parce qu'ils n'ont pas de papier. Aussitôt que vous m'aurez fait connaître que ces millions sont en caisse, je ferai mettre à l'ordre de l'armée que la solde sera payée jusqu'au 30 frimaire, qu'elle sera payée en papier; mais que ce ne sera qu'une gratification; ce qui n'empêchera pas que l'armée, en entrant en France, ne touche sa solde entière en argent.

L'intention de l'empereur est que vous logiez au palais à Vienne.

Le major général, Signé le maréchal BERTHIER.

Décret de Napoléon.

Brünn, le 2 frimaire an xiv.

NAPOLÉON, empereur des Français, roi d'Italie, avons décrété et décrétons ce qui suit:

Art. Ier. Il sera levé une contribution de cent millions de francs (argent de France) sur l'Autriche, la Moravie, et les autres provinces de la maison d'Autriche occupées par l'armée française.

II. Cette somme est donnée en`gratification à l'armée, conformément à l'état de distribution que nous arrêterons.

III. Le prix de tous les magasins de sel, de tabacs, des fusils, de la poudre et des munitions de guerre qui ne sont pas nécessaires à l'armement de notre armée, et que notre général d'artillerie ne fera point transporter en France, et que nous jugerons devoir être vendus, sera versé dans la caisse de notre armée, pour lui être distribué en gratification.

IV. Sur les premiers fonds qui rentreront de cette contribution, ainsi que sur ceux provenant de Souabe, il será payé trois mois de solde en gratification à tout général, officier et soldat qui a été ou sera blessé dans la présente guerre.

V. Notre ministre de la guerre est chargé de l'exé

cution du présent décret.

Signé NAPOLEON.

Par l'empereur, le secrétaire d'état,

Signé H. B. MARET.

Pour ampliation, le major-général ministre de la guerre, signé le maréchal BERthier.

Ordre de Napoléon au comte Daru.

Au camp impérial d'Austerlitz, le 15 frimaire an XIV. MONSIEUR DARU, donnez l'ordre à M. de Wrbna, qui représente l'empereur à Vienne, de faire verser sur-le-champ, dans la caisse de l'armée française, les cinq cent mille florins de convention qui étaient chez M. le baron de Bartenstein, et qu'il a remplacés par des billets de banque, également l'or, et tout ce qu'il a. Il est temps enfin que je paie ma solde, et me serve des ressources de l'Autriche. Les quatre millions ne sont pas suffisans pour payer ma solde. Faites-en verser dix ou douze autres, afin que l'armée, dans le moment de repos qu'elle va prendre, puisse s'outiller et faire ses emplettes avec des billets de banque. Sur ce, je prie Dieu qu'il vous ait en sa sainte garde.

Signé NAPOLÉON.

P. S. Ci-joint une lettre de M. Wrbna, que je désire que vous gardiez pour vous seul,

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