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breux que ses troupes, et reprit son camp d'Albeck.

Napoléon avait en quatre jours (du 6 au 10 octobre) franchi le grand obstacle, surpris l'armée autrichienne dans ses mouvemens, et coupé ses principales communications; il l'avait affaiblie de près d'un quart de son effectif par la vigueur et le succès des attaques sur les deux rives du Danube, audessous d'Ulm ; et pour l'acculer à cette place, et réduire les généraux autrichiens à la défensive absolue de cette dernière retraite, il ne lui restait plus qu'à envelopper leur aile droite pour la détacher entièrement du Tyrol. Il quitta Zusmershausen le 10 octobre, le jour de la prise de Gunzbourg, et se rendit à Augsbourg pour ordonner lui-même ces nouvelles dispositions, et compléter l'exécution de la première partie de son plan.

Le maréchal Soult ayant rassemblé autour d'Augsbourg tout son corps d'armée (le quatrième), reçut ordre de le porter sur Landsberg, de passer le Lech, et de marcher sur Mindelheim et Memmingen, pour

enlever ou rejeter sur Ulm toutes les troupes de l'aile droite de l'ennemi (ci-devant són aile gauche), qui n'ayant pu rejoindre le gros de leur armée sur le Bas-Iller, erraient encore dans la Souabe supérieure, ou avaient pris poste sur la ligne de l'Iller. Le quatrième corps partit d'Augsbourg, de Friedberg et d'Oberhausen le 11 octobre; l'avant-garde française, en tête de laquelle se trouvait le général de cavalerie Margaron, avec le 26a régiment de chasseurs à cheval, rencontra à Landsberg le régiment de cuirassiers de l'archiduc Ferdinand. Ce corps, rappelé à Ulm, s'y rendait à marches forcées : il avait avec lui six pièces de canon; le maréchal Soult le fit attaquer sur-le-champ. Le général Margaron dirigea la charge du 26 régiment de chasseurs avec tant d'impétuosité, que les cuirassiers ennemis furent en un instant désunis, dispersés, et laissèrent en son pouvoir un lieutenant-colonel, deux capitaines, cent vingt cavaliers, et deux pièces de canon. Le maréchal fit poursuivre vivement les débris de ce corps, et détacha quelques esca

drons pour

leur couper

la route de Mem

mingen; mais les cuirassiers avaient déjà gagné les bois, où ils se rallièrent, et se retirèrent ensuite vers le Tyrol.

On trouvait à chaque pas de nouvelles preuves de la confusion qui régnait dans l'armée ennemie; le maréchal Soult apprit, en arrivant à Landsberg, qu'un parc de vingt pièces d'artillerie et un équipage de pont avaient traversé la veille cette petite ville. Il détacha le général Sébastiani, avec une brigade de dragons, à la poursuite de ce convoi.

Le lendemain, 12 octobre, les trois premières divisions du quatrième corps marchèrent par la chaussée de Mindelheim à Memmingen: la quatrième division, celle du général Suchet, qui, ayant passé sous les ordres du maréchal Lagnes, avait suivi le mouvement du prince Murat sur Burgau après l'affaire de Gunzbourg, eut ordre de rétrograder sur Zusmershausen, et de marcher sur Mindelheim. Ce renfort n'était plus nécessaire, puisque le corps d'armée avait

dépassé le point de ralliement indiqué; la division Suchet fut rappelée à Burgau, et trèsactivement employée aux attaques d'Ulm.

Le maréchal Soult fit investir Memmingen le 13 octobre: c'était, comme nous l'avons dit, l'appui de la droite de la ligne de l'Iller, après le double changement de front de l'armée autrichienne : le général Mack avait fait fortifier cette ville autant que les circonstances avaient pu le permettre; il y avait jeté une forte garnison de neuf bataillons, dont deux bataillons de grenadiers sous les ordres du général major de Spangen, pourvue d'artillerie et de munitions de toute espèce. Il y avait aussi une grande quantité de bagages et un hôpital. Le maréchal ayant resserré dans la place les postes extérieurs, fit sommer le général autrichien, qui, n'ayant aucun espoir d'être soutenu, accepta le 14 octobre la capitulation offerte par le général français. La garnison, forte de quatre mille cinq cents hommes, et cinq cents chevaux, mit bas les armes et resta prisonnière : les officiers conservèrent leurs armes, leurs che

vaux et leurs équipages; il leur fut permis de se retirer dans leurs foyers sous parole de ne servir qu'après leur échange.

Après la prise de Memmingen, le maréchal Soult acheva de passer l'Iller et se dirigea par Ochsen-Hausen sur Biberach, afin de couper à l'ennemi cette dernière communication, et sa retraite par la Haute-Souabe. Il s'avança les jours suivans avec deux divisions jusqu'à Laupheim et Achstetten: la première division (celle du général SaintHilaire) repassa l'Iller, et prit position devant Ulm.

Pendant que le quatrième corps achevait ainsi du côté de l'ouest, entre la rive gauche de l'Ifler et la rive droite du Danube, l'investissement d'Ulm, le général Marmont partit d'Augsbourg le 12 octobre avec le deuxième corps d'armée, se porta en deux marches sur la rive droite de l'Iller, et prit aussi position devant Ulm, appuyant sa droite au corps du maréchal Lannes, et sa gauche à la division Saint-Hilaire du quatrième corps.

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