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bien éclairé du côté des montagnes, tandis qu'avec tout le reste de son armée il suivrait la seule grande route qui conduit à Vienne; et qu'en retardant autant qu'il le pourrait la marche du gros de l'armée française sur celte direction, il se tenait assez près du Danube pour recevoir les renforts qui lui venaient par la Moravie, et sans lesquels il ne pouvait hasarder de se mettre en ligne, et de recevoir la bataille. Il hâtait donc sa marche pour n'être pas inquiété au passage des rivières, et couvrait sa retraite par une forte arrière-garde. Le prince Murat atteignit, près de Mersbach, cette division, à peu près de six mille hommes. Quoiqu'il n'eût encore sous la main qu'un seul régiment, le 1er de chasseurs, il ne balança pas à charger. La cavalerie autrichienne, étonnée de cette brusque attaque, se dispersa d'abord, et gagna en désordre les hauteurs de Ried où elle se rallia, et fit bonne contenance pour donner le temps à l'infanterie qui la soutenait, de passer le défilé où elle était déjà engagée; mais la division de dragons, commandée par le gé

néral Beaumont, étant arrivée au soutien du 1o régiment de chasseurs, Murat fit charger de nouveau. Les escadrons ennemis furent culbutés et rejetés sur leur infanterie dans le défilé; les Français y entrèrent pêlemêle avec eux; une vive fusillade et l'obscurité de la nuit les empêchèrent de pousser plus avant. Cinq cents prisonniers restèrent entre leurs mains : le reste de la colonne se dispersa dans les bois, et alla se rallier au-delà de Haag, où le prince Murat prit position le même soir. Le corps du maréchal Davoust, pressant la marche pour l'appuyer, bivouaqua entre Ried et Haag.

Cette arrière -garde, que l'on pouvait s'étonner d'avoir pu joindre si tôt et si près de Braunau, était une partie du corps autrichien qui, après avoir évacué Saltzbourg, venait à travers pays, rejoindre le gros de l'armée par la grande route de Wells.

Le lendemain, 31 octobre, Murat, continuant à poursuivre l'ennemi, atteignit encore en avant de Lambach, petite ville sur

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la rive gauche de la Traun, l'arrière - garde autrichienne elle était soutenue par huit bataillons d'infanterie russe; et de son côté le grand-duc de Berg l'était aussi par une division du corps du maréchal Davoust, sous les ordres du général Bisson. Celui-ci fit avancer sa première brigade, à l'appui de laquelle marchaient le 1er régiment de chasseurs, et le 8o de dragons. L'action s'engagea fortement entre le 17° régiment d'infanterie (l'ancien régiment d'Auvergne), commandé par le colonel Couroux, et la première ligne d'infanterie russe. Celle-ci fut bientôt ébranlée, et chargée ensuite avec tant d'impétuosilé, qu'elle ne put se retirer qu'en désordre. Cette forte arrière-garde fut poussée jusqu'à Lambach, où elle se divisa; les Russes prirent la route de Wells; les Autrichiens passèrent la Traun au pont de Lambach, et le coupèrent. Le général Bisson, s'efforçant d'arriver au pont, fut blessé grièvement sur le rivage. Sa division, et celle du général Beaumont, prirent position à Lambach, et celle du général de cavalerie Walther suivit l'en

nemi sur la route de Wells, et occupa ce poste le 1 novembre. Ce combat coûta aux alliés, outre un grand nombre d'hommes tués ou blessés, cinq cents prisonniers et quelques pièces de canon.

Napoléon, informé que son avant-garde avait rencontré l'ennemi et l'avait jeté audelà de la Traun, porta d'abord son quartier-général à Ried, d'où il expédia de nouveaux ordres à tous ses lieutenans, toujours dans le même système d'invasion progressive de ligne en ligne, en assurant ses flancs, et dans la supposition que le général Kutusow n'avait si précipitamment abandonné la défense de l'Inn que pour prendre sur l'Ens une position moins oblique, plus resserrée, et dans laquelle il serait plus à portée de recevoir par sa gauche, par les belles communications de la Styrie et de la Carinthie, les renforts que devaient lui amener du Tyrol et de l'Italie, l'archiduc Charles et l'archiduc Jean.

A la gauche, le général Dupont qui, d'Eggenfeld en Bavière, s'était rendu avec sa

division à Passau, pour faire rétablir cette place et y former divers établissemens, reçut l'ordre d'en partir pour se rendre à Lintz, par Scharding, et dut être relevé à Passau par la divison hollandaise du général Dumonceau. La division de cavalerie du général Milhaud, qui, comme celle de Dupont, avait été détachée vers le Danube, reçut l'ordre de rejoindre la réserve du prince Murat, à Wells.

Le maréchal Lannes, après l'occupation de Braunau, avait pris la route de Scharding, et poussé une avant-garde sur Efferding, près de Lintz ; il reçut l'ordre d'occuper cette capitale de la Haute-Autriche, et de disposer, s'il en était besoin, des divisions Dupont et Dumonceau.

Au centre, le maréchal Soult reçut l'avis que le prince Murat était à Wells, et l'ordre d'aller y prendre position avec tout son corps.

Le maréchal Davoust rassembla tout le sien à Lambach, rallia son artillerie, et porta une avant-garde sur la route de Kremsmünster.

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