Page images
PDF
EPUB

Le prince Murat rallia toute sa cavalerie; il reçut l'ordre de faire rétablir les ponts de Wells et d'Ebersberg, d'éclairer la rive droite de la Traun, mais de n'engager aucune affaire sériense que toutes ses forces ne fussent réunies.

A la droite, le général Marmont, qui avait été dirigé par Volkabruck sur Steyer, reçut l'ordre de venir à Lambach, et de suivre sur Kremsmünster le mouvement du corps du maréchal Davoust.

Enfin, le maréchal Bernadotte, qui était entré à Saltzbourg le 29 octobre, fut prévenu qu'il recevrait l'ordre de rejoindre l'armée sur Steyer avec tout son corps, aussitôt que les opérations du maréchal Ney, pour l'occupation du Tyrol, seraient connues, et que, dans ce cas, il devrait seulement laisser une division bavaroise pour tourner Kuffstein, et coopérer avec ce maréchal.

Pendant que ces dispositions pour le déploiement de la grande armée française dans la Haute-Autriche s'exécutaient, et que

[ocr errors]

l'empereur Napoléon accordait quelques heures de repos à ses soldats, fatigués par des marches forcées dans des chemins à peine praticables, il eut sur différens points des actions de guerre que nous ne devons pas négliger de rappeler. Une partie du corps de Kienmayer, en quittant Saltzbourg, à l'approche du corps d'armée du maréchal Bernadotte, s'était retirée par le chemin de la Carinthie; le général Kienmayer avait jeté cette colonne dans la haute vallée de la Salza, pour rallier et soutenir les miliccs insurgées : elle était forte d'environ trois mille hommes. Le général Kellermann fut chargé de la suivre; il l'atteignit avec l'infanterie légère de son avant-garde, et la trouva postée au défilé de Colling, s'appuyant au petit fort de Passling ou Lang-Pass: Kellermann fit attaquer malgré l'avantage que cette position donnait à l'ennemi. Le général Werlé, qui commandait l'infanterie légère, marcha avec le 27° régiment directement sur le défilé, et commença vivement l'attaque de front, tandis que deux compagnies de chasseurs

pour

tournaient le fortin par des sentiers presque impraticables, et parvinrent, par leur feu plongeant, à rendre toute défense impossible. Les Autrichiens jetèrent leurs armes, et gagnèrent, en s'éparpillant, les hautes sominités où ils ne purent être poursuivis. On leur fit cinq cents prisonniers. Le brave capitaine Campobane, qui avec les deux compagnies avait gravi la montagne et enlevé le fort, ramassa une immense quantité d'armes.

Il y eut un engagement assez vif aux portes de Lintz, entre la brigade de cavalerie du général Milhaud et les troupes autrichiennes qui y furent presque surprises. L'arrivée du prince Murat, qui avec une partie de sa réserve se porta sur Lintz le lendemain du combat de Lambach, précipita la retraite de cette arrière -garde; elle n'eut que le temps de passer la Traun au pont d'Ebersberg. Poursuivis par le général Walther avec sa division de dragons, les Autrichiens travaillaient à rompre le pont. Le général s'étant emparé de quelques bateaux,

fit embarquer un détachement de dragons, qui, sous le feu de l'ennemi, auquel répondait celui d'une batterie d'artillerie légère, traversa la Traun, et commença l'attaque. Les Autrichiens abandonnèrent Ebersberg, dont le pont fut promptement rétabli; toute la cavalerie du général Walther passa la Traun, et se mit à la poursuite de cette arrière-garde. Le général Milhaud, qui était avec sa brigade en tête de la colonne, rencontra l'ennemi au village d'Arten, une liene en-deçà de l'Ens, le chargea, le poursuivit jusque dans la ville qui est située sur la rive gauche, et lui fit deux cents prisonniers.

Tout le pays compris entre la Traun et l'Ens, fut bientôt couvert de troupes françaises. Pendant que le corps du maréchal Davoust, rallié à Lambach, marchait sur Steyer, par Kremsmünster, et que celui du maréchal Soult passait aux ponts de Wells et d'Ebersberg, la cavalerie du prince Murat, et les régimens de troupes légères attachées aux corps d'armée, se répaudaient dans la belle vallée de la Krems, et poussaient au-delà de

l'Ens la cavalerie ennemie. Dans ces divers combats, où la confiance du succès, les progrès de l'invasion redoublaient l'ardeur naturelle des Français, les colonels des 22' et 16 régimens de chasseurs, Latour-Maubourg et Durosnel, se firent distinguer entre les plus vaillans.

Le général Kutusow jugea, avec raison, que les restes dispersés des divisions autrichiennes échappées au désastre de la Souabe, ne pouvaient lui offrir un secours efficace, et que cette armée, ainsi qu'il le déclarait lui-même dans ses rapports à l'empereur Alexandre, devait étre considérée comme anéantie. D'un autre côté, il était évident que ni les troupes détachées par l'archiduc Charles, ni celles de l'archiduc Jean, vivement attaquées dans la partie septentrionale du Tyrol, n'étaient en mesure de se réunir à l'armée russe sur le Danube. L'archiduc Charles avait été poussé par Masséna jusqu'au Tagliamento; et Saltzbourg étant occupé par le maréchal Bernadotte, l'archiduc Jean n'avait plus d'autre moyen de retraite

« PreviousContinue »