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seule colonne, et n'ayant plus d'obstacle à franchir, étaient en mesure de se déployer devant la position de Saint-Poelten. Il n'en était pas de même pour ceux qui, destinés à tourner la gauche de la position, devaient suivre le chemin des montagnes, et déboucher par Annaberg et Lilienfeld. Non-seulement ce chemin était plus long, à cause des détours occasionnés par les arêtes de la chaîne de montagnes qui sépare l'Autriche de la Styrie; mais encore depuis Waydoffen, il était presque impraticable pour l'artillerie. Le corps du maréchal Davoust, qui s'y était engagé le premier, et qui devait y être immédiatement suivi par ceux du général Marmont et du maréchal Bernadotte, eut à surmonter d'aussi grandes difficultés qu'une armée en eût jamais rencontré aux divers passages des Alpes. L'ardeur et la constance des soldats furent admirables dans ces marches de douze et quinze lieues, qui se prolongeaient bien avant dans la nuit. On les voyait au milieu des glaces, à travers les torrens, s'exciter à l'envi, s'animer par des cris et

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par des chants de guerre, en travaillant à élargir des sentiers trop étroits pour l'artillerie.

Aussitôt que les difficultés de cette roule furent connues de l'empereur Napoléon, il se hâta de changer la direction des corps d'armée de Marmont et de Bernadotte. Marmont, qui venait d'arriver à Steyer, au lieu de suivre le mouvement par Seitenstetten et Waydhoffen, reçut ordre de porter son corps à grandes marches sur Léoben, de prendre et culbuter tout ce qu'il aurait devant lui, en se faisant précéder par une avant-garde qui pousserait très-loin ses reconnaissances. Arrivé à Léoben, il devait établir des postes de communication sur la route de SaintPoelten par Mariazell. On lui recommandait aussi de se tenir toujours en mesure de rejoindre la droite de l'armée, pour prendre part, s'il y avait lieu, à la bataille générale. Ce mouvement avait le double but de tourner plus au loin la gauche de l'ennemi, qu'on supposait toujours concentré à SaintPoelten, et de s'établir plus en force sur la

communication de Vienne par le Tyrol orien tal, et l'Italie, par la vallée de la Mur. On savait d'ailleurs que le général Meerfeldt, se retirant de Steyer avec un corps de dix à douze mille hommes, et n'osant s'engager dans les défilés, entre Waydhoffen et SaintGaming, avait remonté l'Ens et suivi cette même route de Léoben, soit pour rejoindre l'armée austro-russe à Saint-Poelten, soit pour se réunir aux troupes de l'archiduc Charles et de l'archiduc Jean, si elles avaient alteint ce point de communication, et se trouvaient en mesure de déboucher dans la Basse-Autriche par la route de Neustadt.

Le maréchal Bernadotte reçut l'ordre de ne suivre la direction du maréchal Davoust que jusqu'à Waydhoffen, et de prendre par sa gauche le chemin qui conduit à Amstetten, et rejoint la grande chaussée, sur laquelle son corps d'armée fila à la suite des trois

autres.

L'empereur Napoléon quitta Lintz le 9 novembre, dès qu'il fut informé que l'avantgarde du prince Murat avait pénétré jusqu'à

Moelk. Il y porta le même jour son quartiergénéral, après avoir traversé toutes les colonnes dont la route était encombrée.

Cependant le maréchal Davoust, surmon. tant tous les obstacles, était arrivé le 8 à Saint-Gaming avec son corps d'armée; il lui restait encore à faire une marche d'environ cinq lieues pour parvenir à la grande route qui se divise à Lilienfeld, et conduit à Saint-Poelten et à Vienne. Il devait la rejoindre entre Annaberg et Mariazell, à peu près au point de partage des eaux des affluens du Danube du côté du nord, et de ceux de la Mur du côté du sud. Il n'y avait plus à gravir des rampes escarpées; mais le chemin qui remonte par une étroite vallée jusqu'aux sources de l'Erlach, borde le torrent, et dans beaucoup d'endroits est trèsdifficile. Les renseignemens que le maréchal avait recueillis, l'inquiétude qu'il remarquait dans la conversation d'un médecin chez lequel il était logé, et son évasion pen. dant la nuit, lui firent soupçonner une intelligence avec l'ennemi; il fit partir sur

le-champ une forte avant-garde commandée par le général Heudelet, et la fit suivre de près par le reste de son corps d'armée. Après deux heures de marche, à l'ouvert d'une autre petite vallée qui, d'Altenmarkt, sur la route de Léoben, communique avec celle de l'Erlach par un chemin praticable pour l'artillerie, le général Heudelet rencontra et coùpa une colonne de troupes autrichiennes en marche sur la même direction que lui, et dont la plus grande partie avait déjà débouché de la vallée qui était à sa droite; il attaqua vivement tout ce qui était en avant de lui, et refoula le reste du côté de Neuhaus; c'était le corps du général Meerfeldt qui, poursuivi par le général Marmont, avait quitté la route de Léoben; et marchant sur les revers de la grande chaîne, parallèlement au corps du maréchal Davoust, dont il ne croyait pas être si près, cherchait comme lui à déboucher par Annaberg sur Lilienfeld.

Le 13 régiment d'infanterie légère, et le 108 de ligne, qui formaient la brigade d'avant

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