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sances attaquent encore aujourd'hui le même fléau; elles ne veulent qu'une paix sûre et durable; mais elles ne regarderont jamais comme une paix un état de choses qui pourroit fournir à un despotisme militaire les moyens de menacer sans cesse ses voisins; un état qui forceroit les autres Puissances à faire toujours de nouveaux efforts et de nouveaux sacrifices.

L'opinion de la nation se prononce trèshautement dans les provinces du midi et de l'ouest de la France. Un morne abattement règne à Paris. Le départ de tous les étrangers, l'interruption du commerce et de toutes les relations au-dehors, l'isolement où la France se trouve subitement jetée, sont autant d'événemens qui porteront bientôt le public de la capitale à exprimer le vœu de n'être plus exclu de toute communication avec les autres peuples. La France est menacée aujourd'hui de la guerre avec toute l'Europe, d'une révolution dans l'intérieur, et du retour de toutes les calamités qui l'ont affligée depuis vingt-cinq ans. Il y a peu de temps que cet état estimé et honoré étoit rentré dans le rang des premières puissances; il étoit appelé à faire de grandes choses, tant pour son avantage que

encore promettre à la France des institutions libérales et l'empire des lois? Se peut-il que ce même homme ait le front de promettre aux nations étrangères de respecter les traités et de ne point se mêler de leurs affaires? Est-ce lui qui prétend faire respecter l'indépendance des François? Son évasion de l'île d'Elbe, son arrivée en France, les titres dont il ose se revêtir, l'autorité dont il s'est emparé, les prestiges dont il l'environne, ceux qu'il prépare pour la soutenir, tous ces attentats légitimés l'assentiment des puissances européennes, menaceroient l'ordre social d'un bouleversement complet, et les nations du joug dont elles viennent d'être délivrées.

par

Non, aucune expérience n'est perdue pour l'Europe, après tant d'années de souffrances et de calamités, aucune ne le sera de même pour la France. Elle sait que ce sont les maux innombrables que ce monstrueux despotisme d'un seul homme fit peser sur elle comme sur le reste de l'univers, qui ont fait sentir aux nations ce qu'elles doivent à leur dignité comme membres de la famille européenne, et à leur prospérité intérieure comme états. Ce sentiment devenu commun à tous les peuples et à tous

les

gouvernemens, créa, dans les combinaisons

nation françoise qu'elle n'a point parlé, qu'elle ne parlera jamais le langage sacrilége que lui prête son oppresseur; c'est séparer sa cause de la sienne; c'est conserver à la nation sa véritable dignité, lui ouvrir une voie prompte et honorable pour se rallier encore à l'Europe.

Le congrès n'a point délibéré sur des hypothèses. Il a proscrit Buonaparte. Cet homme ne peut et ne doit plus trouver un asyle parmi les peuples civilisés. Il peut encore moins les gouverner. Tel est le principe de l'acte de proscription lancé contre lui. Il se fonde sur la justice, autant que sur les intérêts légitimes des nations. Il est donc irrévocable.

On a offert des secours à la nation françoise et à son gouvernement. On lui en offre encore. Elle peut noblement les refuser en rejetant de son sein le principe de la guerre. Elle ne pourra pas s'en passer tant qu'elle supportera le joug d'un homme qui veut son déshonneur en la rendant coupable d'un double parjure. Un pacte l'unissoit à son souverain. Un traité l'avoit réconciliée avec l'Europe. Buonoparte, en s'arrogeant le pouvoir suprême, lui a fait violer l'un et l'autre. Il la replonge dans les horreurs de la guerre civile, de l'anarchie ou du despotisme militaire. Et se peut-il qu'il ose

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encore promettre à la France des institutions libérales et l'empire des lois? Se peut-il que ce même homme ait le front de promettre aux nations étrangères de respecter les traités et de ne point se mêler de leurs affaires? Est-ce lui qui prétend faire respecter l'indépendance des François? Son évasion de l'île d'Elbe, son arrivée en France, les titres dont il ose se revêtir, l'autorité dont il s'est emparé, les prestiges dont il l'environne, ceux qu'il prépare pour la soutenir, tous ces attentats légitimés l'assentiment des puissances européennes menaceroient l'ordre social d'un bouleversement complet, et les nations du joug dont elles . viennent d'être délivrées.

par

Non, aucune expérience n'est perdue pour l'Europe, après tant d'années de souffrances et de calamités, aucune ne le sera de même pour la France. Elle sait que ce sont les maux innombrables que ce monstrueux despotisme d'un seul homme fit peser sur elle comme sur le reste de l'univers, qui ont fait sentir aux nations ce qu'elles doivent à leur dignité comme membres de la famille européenne, et à leur prospérité intérieure comme états. Ce sentiment devenu commun à tous les peuples et à tous les gouvernemens, créa, dans les combinaisons

politiques, une nouvelle force morale, qui seule fit prospérer la grande alliance, et la mit à même de conquérir la paix générale aux portes de Paris. Cette force existe. Elle est indestructible, parce qu'elle se compose des mobiles les plus puissans et des sentimens les plus chers: ceux de la religion, de la patrie et de l'honneur national.

Le traité du 30 mai posa les bases de la restauration du droit public de l'Europe, et il établit par ses suites un accord salutaire entre les progrès de l'esprit du siècle et le perfectionnement des institutions propres à garantir à chaque peuple la jouissance de sa gloire et de sa liberté. Le congrès de Vienne étoit à la veille d'achever l'œuvre de la reconstruction du système politique de l'Europe. Ce même congrès, la marche qu'il a suivie, prouvent que tous les intérêts ont été mûrement pesés, et son travail offre le résultat consolant qui assure aux peuples l'inaliénabilité de leur indépendance. Ce n'est plus la volonté du plus fort qui étouffe la voix de la vérité, et brise les résistances les plus légitimes. C'est le droit de chacun, c'est la convenance générale. C'est la justice et la raison d'état qui décident. Ce ne sont plus les

armées.

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