Page images
PDF
EPUB

être de notre belle patrie qui est encore déchirée et ensanglantée.

Les hommes éclairés de toutes les nations, les peuples dignes d'un gouvernement libéral, les souverains qui se distinguent par un grand caractère, se réjouiront de votre entreprise et applaudiront à votre triomphe. Comment n'auriez-vous pas le suffrage de l'Angleterre, ce pays modèle d'un gouvernement constitutionnel, ce peuple libre qui se fait gloire de combattre et de prodiguer ses trésors pour l'indépendance des peuples? Italiens! vous vous êtes étonnés de nous appeler en vain; vous nous croyiez peut-être oisifs, tandis que vos désirs parvenoient jusqu'à nous. Mais le moment favorable n'étoit pas encore arrivé; je n'avois pas encore de preuves de la perfidie de vos ennemis; il étoit nécessaire que l'expérience fît voir la fausseté des promesses dont vos anciens souverains ont été si prodigues, lorsqu'ils ont reparu parmi vous. C'est à cette prompte et malheureuse expérience que je vous appelle, braves et malheureux Italiens de Milan, de Bologne, de Turin, de Venise, de Brescia, de Modène, de Reggio et des autres pays célèbres qui ont été opprimés.

Combien de braves guerriers et de patriotes

[ocr errors]

>

[ocr errors]

vertueux ont été arrachés à leur sol natal! combien gémissent encore dans les fers! combien de victimes de vexations et d'humiliations inouies! Italiens, réunià vous par un pacte solide, je réparerai tous ces maux; un gouvernement de votre choix, une représentation vraiment nationale, une constitution digne du siècle et de vous, garantiront votre liberté intérieure et vos propriétés, dès que votre courage aura assuré votre indépendance.

J'appelle autour de moi tous les braves pour combattre; j'appelle également tous ceux qui ont profondément médité sur les intérêts de leur patrie, pour préparer une constitution et des lois par lesquelles l'Italie indépendante et heureuse sera désormais gouvernée.

Rimini, le 30 mars 1815.

JOACHIM NAPOLÉON.

No XIII.

Réflexions de l'Observateur autrichien sur la proclamation de Joachim Murat, du 30

mars.

La tranquillité régnoit à Milan comme dans toutes les parties del'Italie, etgrâces aux mesures

énergiques du Gouvernement autrichien, elle ne sera pas aisément troublée par les événemens du moment. L'opinion du peuple se prononce hautement pour les gouvernemens paternels, qui ont assuré pendant des siècles le bonheur et le repos des peuples d'Italie. Ici, comme dans tous les pays qui ont essuyé des révolutions, il y a des hommes qui regrettent encore l'époque funeste que l'on a parcourue, parce qu'elle a favorisé leurs intérêts personnels; mais il n'y a nulle part plus de disproportion qu'en Italie entre le nombre de ces hommes et la population entière.

Le vœu général se prononce entièrement pour la tranquillité. Le roi Murat est hai, parce que depuis la première guerre d'Italie, il a été un des principaux instrumens de la propagation du malheur général. Dans le cours de la campagne de 1814, le système de pillage fut rapidement organisé dans son armée; maintenant il crie aux mauvaises têtes: Devenez Italiens, et prenez-moi pour Roi. Il donne aux Princes les assurances les plus solennelles qu'il est et veut rester dans la meilleure intelligence avec eux; en même temps, il fait proposer à Buonaparte de partager avec lui la possession de l'Italie; il a demandé à l'Autriche la recon

roissance de ses droits; il met d'avance l'Angleterre au nombre de ses alliés. C'est avec un tel système, fondé uniquement sur la fraude, qu'il espère d'exciter au moins des troubles, de paralyser tous les partis, et de faire tourner enfin à son avantage le désordre qu'il se flatte de faire naître. Une armée plus que suffisante, formée de l'élite des troupes autrichiennes, mettra bientôt fin à ces odieuses tentatives.

Lorsque cette armée reçut ordre de se réunir, on lui assigna une position qui rendoit impossible toute attaque de l'ennemi sur aucun corps séparément. Depuis le combat glorieux engagé par le F. M. L. Bianchi au passage du Panaro, pour connoître plus exactement les forces de l'ennemi, il n'y a point eu d'autre action, parce que tous les corps, conformé ment aux ordres qu'ils ont reçus, se sont repliés sur la principale armée. L'armée napolitaine, de son côté, ne s'avance qu'avec beaucoup de précaution; elle répand partout des proclamations conçues dans le style le plus véhément et le plus révolutionnaire. Les généraux napolitains promettent aussi la prospérité et le bonheur. Ils ont été reçus comme ils le méritoient, ainsi que leurs proclamations, partout où on

[ocr errors]

les a laissé pénétrer jusqu'à présent. Il n'y a pas eu une seule commune qui ait élevé la voix en faveur du Roi de Naples, et les provinces occupées ou menacées par l'ennemi font parvenir tous les jours aux siéges des régences des adresses pour exprimer le désir et la demande d'en être promptement et sûrement délivrées.

Le 8, lord Bentink, général en chef des troupes anglaises dans le pays de Gênes et en Sicile, a passé par Milan pour se rendre au quartier-général du général de cavalerie baron de Frimont, et concerter avec lui les opérations militaires, ultérieures. L'Angleterre conclut, comme on le sait, en janvier 1814, tant en son nom qu'en celui du roi Ferdinand, avec Murat, un armistice qui devoit être dénoncé trois mois avant sa rupture. D'après l'attaque livrée, par le dernier, aux alliés de l'Angleterre, l'armistice est nul, et Murat se trouve aussi en guerre avec l'Angleterre.

*

L'armée napolitaine consiste à peu près en trente-cinq mille hommes de troupes de ligne, parmi lesquelles il y a plusieurs corps mal armés. Toutes les forteresses de la Haute-Italie ont des garnisons, et nous attendons, avec

« PreviousContinue »