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alliés s'offrent de prendre avec les autorités et les notables qui jouissent le plus de l'estime publique. Aucun logement militaire ne pèsera sur la capitale ; c'est dans ces sentimens que l'Europe en armes devant vos murs s'adresse à vous; hâtez-vous de répondre à la confiance qu'elle met dans votre amour pour la patfie, etc. >>

31 MARS. Le corps municipal de Paris va porter les clefs de la ville aux puissances alliées. L'empereur Alexandre dit : « Votre souverain est venu dans mes états incendier mes villes et villages: je pourrois agir de représailles; mais pour me venger, je protégerai vos personnes et vos propriétés. >>

- Entrée des armées des alliés à Paris par la barrière de la Villette, à l'heure de midi; l'empereur de Russie, le grand duc Constantin, le roi de Prusse, les princes ses fils, le prince de Schwartzenberg et un état-major considérable, étoient en tête d'une colonne de cent mille hommes ; l'infanterie marchoit sur trente hommes de front et la cavalerie sur quinze; ces troupes défilèrent sans interruption, pendant cinq heures par les boulevards intérieurs; en même temps une autre colonne, aussi considérable, défiloit par les boulevards extérieurs, le long des murs de la capitale, pour aller prendre des cantonnemens dans les environs de Paris.

L'empereur de Russie a nommé le général Sacken, gouverneur militaire de Paris; les Parisiens n'ont qu'à se louer de l'esprit de justice et d'humanité de ce gouverneur.

31 MARS. Lettre de M. le comte de Nesselrode à M. Pasquier, préfet de police de Paris : « Par ordre de sa majesté l'empereur de Russie, mon maître, j'ai l'honneur de vous inviter à faire sortir des prisons les habitans de Coulommiers, MM. de Varennes et de Grimborg, détenusà Sainte-Pélagie, pour avoir empêché de tirer sur les troupes alliées dans l'intérieur de leur commune, et avoir sauvé la vie de leurs concitoyens et leurs propriétés. Sa majesté désire également que vous rendiez à la liberté tous les individus qui, par attachement à leur ancien et légitime souverain, ont été détenus, etc. »

Sa majesté l'empereur de Russie est informée que beaucoup de militaires de tous grades sont dans ce moment à Paris; où ils ont été conduits, soit par suite des évènemens de la guerre, soit par le besoin de soigner leur santé, alterée par de grandes fatigues ou d'honorables blessures; il ne suppose pas qu'ils puissent avoir cru un moment qu'il leur fût nécessaire de se cacher; dans tous les cas, il se plait à déclarer, en son nom et en celui de ses alliés, qu'ils sont libres, parfaitement libres, et que, comme tous les autres citoyens français

ils sont appelés à concourir aux mesures qui doivent décider de la grande question qui va se juger pour le bonheur de la France et du monde entier. »>

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31 MARS. Proclamation du préfet de la Seine et du préfet de police (Chabrol et Pasquier): Citoyens de Paris, une plus longue résistance eût compromis la sûreté des personnes et des propriétés; les armées des puissances coalisées étoient trop nombreuses; le maréchal qui commandoit Paris a dû faire une capitulation; il l'a faite honorable. Notre garde nationale demeure chargée de protéger vos personnes et vos propriétés, etc. >>

Déclaration des puissances alliées : «< Les armées des puissances alliées ont occupées la capitale de la France, les souverains alliés accueillent le vœu de la France. Ils déclarent que si les conditions de la paix devoient renfermer de plus fortes garanties lorsqu'il s'agissoit d'enchaîner l'ambition de Buonaparte, elles doivent être plus favorables lorsque, par un retour vers un gouvernement sage, la France elle-même offrira l'assurance de ce repos. Les souverains alliés proclament en conséquence, qu'ils ne traiteront plus avec Napoléon Buonaparte, ni avec aucun de sa famille ; qu'ils respectent l'intégrité de l'ancienne France, telle qu'elle a existé sous ses rois légitimes; ils peu

vent même faire plus, parce qu'ils professent toujours le principe que, pour le bonheur de l'Europe, il faut que la France soit grande et forte; qu'ils reconnoîtront et garantiront la constitution que la nation française se donnera. Ils invitent par conséquent le sénat à désigner un gouvernement provisoire qui puisse pourvoir aux besoins de l'administration et préparer la constitution qui conviendra au peuple français. 31 MARS. Arrivée solennelie du pape à Bologne.

Ier AVRIL. Proclamation du conseil général du département de la Seine, conseil municipal de Paris «Habitans de Paris, yos magistrats seroient traîtres envers vous et la patrie si, par de viles considérations personnelles, ils.comprimoient plus long-temps la voix de leur conscience; elle leur crie que vous devez tous les maux qui vous accablent à un seul homme. C'est lui qui chaque année, par la conscription, décime nos familles. C'est lui qui, au lieu de quatre cent millions que la France payoit sous nos bons et anciens rois pour être libre, heureuse et tranquille, nous a surchargés de plus de quinze cent millions d'impôts, auxquels il menaçoit d'ajouter encore. C'est lui qui nous a fermé les mers des deux mondes. A lui nous devons la haine de tous les peuples, sans l'avoir méritée. Que nous parle-t-on de ses

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victoires passées? Quel bien nous ont-elles fait ces funestes victoires? La haine des peuples, les larmes des familles, le célibat forcé de nos filles, la ruine de toutes les fortunes! Ce sont elles qui amènent aujourd'hui jusque dans nos murs, toujours restés vierges sous la paternelle administration de nos rois, les étrangers, dont la généreuse protection nous commande la reconnoissance, lorsqu'il nous eût été si doux de leur offrir une alliance désintéressée, etc., etc. Le conseil général du département de la Seine, conseil municipal de Paris spontanément réuni, déclare, à l'unanimité de ses membres présens, qu'il renonce formellement à toute obéissance envers Napoléon Buonaparte, exprime le vœu le plus ardent pour que le gouvernement monarchique soit rétabli dans la personne de Louis XVI et de ses successeurs légitimes, etc., etc. »

per AVRIL. Le sénat s'est assemblé au palais du Luxembourg, sur l'invitation du prince de Bénévent, vice-grand électeur (Talleyrand de Périgord); aucune troupe des alliés n'a paru autour de Paris ni avant ni pendant la séance. Le prince de Bénévent ouvre la séance et dit: « Sénateurs, la lettre que j'ai eu l'honneur d'adresser à chacun de vous pour les prévenir de cette convocation, leur en fait connoître l'objet ; il s'agit de vous transmettre des propo

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