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la trahison du maréchal Ney; Buonaparte marchoit sur Fontainebleau, et les troupes de Paris restoient muettes, ou ne laissoient apercevoir que le désir d'abandonner leurs drapeaux ; la garde nationale parisienne étoit incertaine, d'après les bruits que les conspirateurs faisoient répandre, que l'Autriche étoit d'accord avec Buonaparte, pour le rétablir sur le trône, et que Marie-Louise arrivoit à Paris avec son fils, et une trève de vingt ans.

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Pape, de la diète Suisse, de Murat. -- Pro-
testation de M. Laine, président de la chambre
des députés, etc.
Discours du lord Castle-
reagh, etc.

Le Roi voulant éviter toute effusion de sang, se détermine à quitter la capitale; mais, avant de partir, il donne, le 19 mars au matin, la proclamation suivante:

«La divine Providence qui nous a appelé au trône de nos pères, permet aujourd'hui que ce trône soit ébranlé par la défection d'une partie de la force armée qui avoit juré de le défendre; nous pourrions profiter des dispositions fidèles et patriotiques de l'immense majorité des habitans de Paris, pour en disputer l'entrée aux rebelles; mais nous frémissons des malheurs de tout genre qu'un combat dans ses murs attireroit sur les habitans.

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« Nous nous retirerons avec quelques braves que l'intrigue et la perfidie ne parviendront point à détacher de leurs devoirs ; et, puisque nous ne pouvons défendre notre capitale, nous irons plus loin rassembler des forces, et chercher sur un autre point du royaume pas des sujets plus aimans et plus fidèles que nos bons Parisiens, mais des Français plus avantageusement placés pour se déclarer pour la bonne cause.

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«La crise actuelle s'apaisera; nous avons le doux pressentiment que les soldats égarés, dont la défection livre nos sujets à tant de dangers, ne tarderont pas à reconnoître leurs torts, et trouveront dans notre indulgence et dans nos bontés la récompense de leur retour.

« Nous reviendrons bientôt au milieu de ce bon peuple, à qui nous ramènerons encore une fois la paix et le bonheur.

A ces causes, nous avons déclaré et décla→ ́rons, et ordonnons ce qui suit :

« 1° Aux termes de l'article 50 de la charte constitutionnelle, et de l'article 4 du titre 2 de la loi du 14 août 1814, la session de la chambre des pairs, et celle de la chambre des députés des départemens, pour 1814, sont déclarées closes; les pairs et les députés qui la composent se sépareront à l'instant.

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«2 Nous convoquons une nouvelle sion de la chambre des pairs, et la session de 1815 de la chambre des députés des départemens; elles se réuniront le plus tôt possible au lieu que nous leur indiquerons pour le siège; toute assemblée de l'une ou de l'autre chambre qui auroit lieu ailleurs, sans autorisation, est, dès à présent, déclarée nulle et illicite.

« 3° Notre chancelier et nos ministres, chacun en ce qui les concerne, sont chargés de l'exécution de la présente proclamation, qui sera portée aux deux chambres, pour être affichée tant à Paris que dans les départemens, et envoyée à tous les préfets, sous-préfets, cours et tribunaux.

« Donné à Paris, le 19 mars 1815, et de notre règne le vingtième ».

Cette proclamation a été affichée le même

jour à Paris; mais les conjurés de Buonaparte l'ont fait arracher de suite. Elle fut insérée dans le Moniteur du 20; le directeur-général des postes sous Buonaparte, (Lavalette), (1) étant venu le matin, de son autorité, reprendre ses fonetions, a empêché les journaux de partir pour les départemens.

Le Roi est parti de Paris le 19, dans la nuit ; sa maison militaire le suivit une heure après, sous les ordres de Monsieur et de M. le duc de Berri. Avant de partir, le Roi avoit envoyé le duc de Bourbon dans les départemens de l'Ouest; ce monarque avoit adressé au duc d'Angoulême les pouvoirs nécessaires pour diriger les armemens des provinces méridionales; mais le prince crut devoir se porter de préférence vers les départemens du Nord, les places fortes, ne pouvant servir de point de ralliement aux Français fidèles au Roi. Malheureusement le système de corruption avoit fait des progrès rapides, à force d'argent et de mensonges distribués par les conjurés, pour tromper la bonne foi des soldats, et acheter à prix d'argent, dans un grand nombre de départemens, la trahison de beaucoup d'officiers et des premiers fonction

(1) Le comte Lavalette a été condamné à mort par le tribunal criminel de Paris, le 23 novembre. (Voir cette date.)

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naires. (On verra plus loin les moyens employés par les conspirateurs.)

Louis XVIII laisse les finances en bon état, malgré le désordre et un déficit immense, lors de son arrivée à Paris; plus de soixante millions en espèces sont dans le trésor public; le dernier semestre des pensions étoit soldé, les semestres suivans et la solde des troupes assurés; une perspective consolante pour l'avenir; d'après le compte rendu par le ministre des finances, qui étoit exact, trois années auroient suffi pour être au niveau. Le Roi n'a pas enlevé un écu du trésor, par respect pour le crédit public.

Buonaparte et ses complices en brigandage ont fait un crime au Roi d'avoir emporté les diamans de la couronne. Que seroient-ils devenus entre les mains d'une famille de voleurs, qui a poussé la bassesse jusqu'à emporter des galons d'or des rideaux de plusieurs palais du domaine de la couronne, ainsi que des meubles, glaces bijoux; et des vins, que plusieurs valets titrés se sont partagé. A l'exemple des deux frères Cartouche, (Joseph et Lucien Buonaparte) ont vendu les vins qu'ils ont enlevés dans les caves du duc d'Orléans.

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Il eût été d'une grande justice de faire payer aux complices de Buonaparte une partie des millions que la France est obligée de payer

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