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aux puissances alliées qui, pour la seconde fois, sont venus dans la capitale, qui seroit restée vierge sans la naissance d'une famille dont le nom est un outrage à la nature....

Nous sommes fâchés de le prédire (mais plus d'une fois nous avons prévu les événemens); la clémence du Roi ne fera quel des traîtres et peut-être des assassins, parmi les principaux complices de celui qui a pressuré les finances de la France, pour les couvrir d'or et d'ignominie, partager on sanctionner ses crimes (r).

L'histoire se refuse de consigner l'ingratitude de plusieurs sénateurs de Buonaparte, envers un monarque qui a eu la générosité de leur continuer les trente-six mille francs de revenu par année à chacun d'eux, au lieu de les li vrer à la vindicte publique. L'un de ces vils sénateurs nous a dit, lorsqu'il étoit question du retour de Louis XVIII, après la bataille de Mont-Saint-Jean: Si le Roi revient, je serai égorgé, comme ancien député de la convention nationale. Je lui réponds : « Ce propos est in

(1) Si ces dilapidateurs de la fortune public ne paient pas les frais de la guerre, ils se consoleront de n'être plus, en place, et diront comme Buonaparte : « Au surplus nous n'avions pas un écu quand nous avons commencé notre carrière politique... ... ... ....

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fâme, contre un Souverain qui vous a gorgé d'or, et non égorgé ».

On reprochoit à un sénateur, à l'époque où Buonaparte est revenu de sa campagne de Moscou, où il avoit fait égorger cinq cent mille Français, le silence coupable du sénat, et de ce qu'il ne s'en trouvoit pas un seul qui osât s'exposer, pour sauver sa patrie, en résistant à la puissance d'un tyran, dont la soif du sang lui faisoit détruire l'espèce humaine; que les devoirs du sénat étoient de défendre la cause de l'humanité, et non de lui livrer des hommes, comme des veaux à la boucherie; il répondit : L'homme a la fièvre; nous attendons qu'il ait un fort accès. Ce sénateur avoit, il est vrai, une sénatorerie d'un revenu de soixantequinze mille fr. ; et lorsqu'il étoit membre de la convention, comme l'un des républicains les plus éloquens, il a plusieurs fois montré du courage; mais alors il n'avoit que dix-huit francs par jour : et, pendant quatorze années, il a observé le plus profond silence au sénat ; mais il a eu l'adresse, dans les sociétés, de persuader qu'il désapprouvoit la conduite de Buonaparte.

Eh bien! ce sénateur a été comblé par le Roi; il a été nommé membre de la chambre des pairs au retour du tyran, il a trahi le Roi !

Un conseiller d'état de Buonaparte, ayant

une direction avec cinquante mille francs d'émolumens par an, a dit plusieurs fois : « Nous savons bien que Buonaparte est un fou; mais il paye généreusement ceux qui le servent: ce n'est pas à nous à juger du mérite ou du danger de ses décrets; pour moi, je les fais exécuter; peu m'importé; pour être heureux, il suffit d'avoir une bonne voiture, une bonne table et une maîtresse !.... »

Le 20 mars, le roi arrive à Abbeville; mais sur l'avis du maréchal Macdonald, qu'il n'est pas en sûreté, il s'éloigne.

Le 22, S. M. entra dans Lille, précédée par le duc de Tarente. L'empressement des habitans à recevoir leur Souverain sembloit lui

assurer cette ville pour retraite; le maréchal Mortier déclara au Roi qu'il ne pouvoit répondre de la garnison. Sur ces entrefaites, S. M. reçoit la déclaration suivante des puissances européennes, en date du 13 mars; le Roi la fit soudain répandre et afficher, espérant, mais inutilement, éclairer les troupes de la garnison sur les funestes résultats de leur trahison, et sur les maheurs inévitables qu'elle attiroit sur leur patrie.

Le 23, le Roi est instruit que le duc de Bassano (Maret) faisoit déjà les fonctions de ministre des relations extérieures; qu'il avoit envoyé des ordres de Buonaparte pour s'emparer

de S. M., ainsi que de tous les princes. Le Roi partit de Lille à trois heures, accompagné du maréchal Mortier, du duc d'Orléans; le maréchal Macdonald ne quitta le Roi qu'aux portes de Menin; et jusqu'au dernier moment, ainsi que le duc de Trévise, ils ont donné la preuve consolante qu'ils étoient dignes du serment de fidélité qu'ils avoient juré à S. M.

Le 13 mars, déclaration des puissances signataires de la paix de Paris, réunies en congrès à Vienne. «Informée de l'évasion de Napoléon Buonaparte et de son entrée à main armée en France, déclarent qu'en ayant rompu la convention qui l'avoit établi à l'île d'Elbe, il a détruit le sel titre légal auquel son existence se trouvoit attachée, etc.; les puissances déclarent, en conséquence, que Napoléon Buonaparte s'est placé hors des relations civiles et sociales; et que, comme ennemi et perturbateur du repos du monde, il s'est livré à la vindicte publique; elles déclarent en mêmetemps que fermement résolues de maintenir intact le traité de Paris du 30 mai 1814, et les dispositions sanctionnées par ce traité, et celles qu'elles ont arrêtées ou qu'elles arrêteront encore pour le compléter et le consolider, elles emploieront tous leurs moyens et réuniront tous leurs efforts pour que la paix générale, objet des vœux de l'Europe, et but constant de leurs

travaux, ne soit pas troublée de nouveau, qui menaceroit de replonger les peuples dans les désordres et les malheurs des révolutions. Fait et certifié véritable par les plénipotentiaires des huit puissances signataires du traité de Paris. Suivent les signatures, pour l'Autriche, le Portugal, l'Espagne, la France, la GrandeBretagne, la Prusse, la Russie et la Suède. »

Le 13 mars. Proclamation de l'avoyer du conseil de la république de Berne. « Le débarquement du ci-devant empereur Napoléon sur les côtes de France, et sa marche rapide jusque dans les environs de Lyon, menacent la France d'une guerre civile qui, s'il plaît à Dieu, sera courte, et qui expose notre patrie, même une partie de l'Europe, au danger d'une nouvelle oppression et de nouvelles guerres. C'est donc un devoir sacré pour tous les gouverne mens suisses de se mettre en mesure de maintenir l'honneur de la patrie aux yeux de l'Europe, de développer par un accord unanime toutes leurs forces pour défendre et conserver sa sûreté et son indépendance, etc., etc. »

22.

Signé l'avoyer DE WATTEVILLE.

Proclamation du premier secrétaire d'état du Pape, relative à la violation du territoire de l'église par les troupes napolitaines :

« Le Saint-Père ne pouvant souffrir en si

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