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et que les pouvoirs des députés au corps législatif étant expirés, décrète que la chambre des pairs et la chambre des députés sont dissoutes; que les collèges électoraux des départemens de l'empire seront réunis à Paris, dans le courant du mois de mai prochain, en assemblée du Champ-de-Mai, etc.

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Un décret du 20, rendu à Fontainebleau la veille de l'entrée de Buonaparte à Paris, nomme Carnot comte de l'empire; c'est la meilleure preuve que ce prétendu républicain étoit l'un des agens de la conspiration, dont son premier mémoire au Roi étoit le prélude.

La manière extraordinaire et même indécente de faire vendre un pamphlet, augmente la culpabilité de l'auteur; s'il est vrai, comme le dit le comte Carnot, qu'il n'a eu aucune part à la vente scandaleuse de son ouvrage, crié dans les rues, les carrefours et sur les quais de Paris, jusqu'à l'époque de la veille du retour du Roi dans cette capitale; s'il est vrai que les attributions attachées au ministère de l'intérieur, ne lui donnoient pas le droit d'arrêter ce désordre; que sur les plaintes qu'il en à faites au ministre de la police générale et à l'empereur, lui-même, qui parut y attacher fort peu d'importance, et pour lequel le ministre de la police lui répondit: que c'étoit lui qui avoit donné pour cela quinze cent

francs d'encouragement au libraire forain qui se promenoit dans tous les quartiers de Paris, dans une voiture d'osier, avec des annonces du titre de l'ouvrage attachées en trente endroits de la voiture, et le cheval couvert depuis la tête jusque sur la queue, des mêmes annonces; tout cela prouve que Buonaparte a considéré ce mémoire comme un libelle capable d'indisposer la multitude contre le Roi.

L'on ne doit pas faire un crime au comte Carnot de son attachement pour Buonaparte; au contraire, il n'en est que plus estimable; recevant depuis six ans, de la générosité de son maître, une pension de vingt-cinq mille francs, et un bon sur le trésor de cent mille francs, pour les quatre années de sa disgrâce.

La nature de cet ouvrage ne permettant que de donner des extraits historiques, et d'indiquer les pièces authentiques sur les évènemens poli tiques, nous renvoyons à l'ouvrage de l'Histoire du Cabinet des Tuileries, pour connoître les faits circonstanciés, sur la conduite et la moralité des personnages qui ont dirigé et préparé cette funeste révolution pour leur ancien maître; on remarque que mademoiselle Hortense de Beauharnais, ci-devant reine de Hollande, étoit à la tête des conjurés femelles. Fourtant le Roi lui avoit assuré un revenu considérable, ainsi qu'à son fils, qui avoit été nommé duc. Lorsque

mademoiselle Hortense perdit son procès contre son mari, elle dit: Ces miserables juges verront dans un mois. Le président fut effectivement destitué.

Un auteur, l'un des conjurés, inventa la dénomination de père la Violette, pour désigner Buonaparte; les bouquets de violettes devinrent alors le signe de ralliement. Il fut trèsfacile d'enrôler tous les militaires à demi-solde; les premiers fonctionnaires sans fonctions ou destitués, etc. Tallien teneit des conciliabules nocturnes. Dès le mois de décembre, les officiers portoient des toasts, aux diners du Cadran bleu, de Véry et du Rocher de Cancale, rue Montorgeuil, en l'honneur de la violette, fleur qui revient au printemps.

de

Réal s'étoit chargé de la police secrète, en agens raison de ses liaisons avec tous les police; il disoit de M. Dandré, ministre de la police générale : « C'est un bon homme qui n'entend rien à son nouveau métier; il recherche la société des anciens employés du ministère pour faire son éducation en matière de police.

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Les chefs de la conspiration entretenoient une correspondance suivie avec l'ile d'Elbe, par le moyen de plusieurs émissaires militaires, des négocians et commis-voyageurs, même avec des étrangers qui, sous prétexte de voyager pour

leur plaisir, en Italie, alloient à l'ile d'Elbe; les conjurés avoient des affidés dans tous les ministères, toutes les administrations de Paris et des départemens, à l'institut de France, dans tous les tribunaux et dans les deux chambres. Un grand nombre de messagers furent chargés de parcourir la France, pour distribuer des écrits contre le Roi, annoncer le retour des droits féodaux (1), de la dîme, des corvées, etc. ; la nullité de la vente des biens nationaux et d'émigrés ; la proscription des républicains, des membres de la convention qui ont voté la mort de Louis XVI. Dans les parties de l'Alsace et dans le midi, habitées par des protestans ou des luthériens, on faisoit courir le bruit qu'on méditoit une Saint-Barthelemy contre ceux qui avoient acheté des biens nationaux ou d'émigrés. Les discussions qui eurent lieu à ce sujet, dans la chambre des députés, étoient combinés par ceux des membres de la conjuration..

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Des anciens nobles qui s'étoient vautrés dans

(1) Buonaparte vouloit, en 1812,, rétablir les droits féodaux en faveur de sa nouvelle noblesse. Regnauld (de Saint-Jean-d'Angély) fit un travail à ce sujet qui fut soumis au conseil, ensuite imprimé à grand nombre mais il n'en fut distribué que douze exemplaires; d'a-' près quelques observations que le moment n'étoit pas favorable.

les antichambres de Buonaparte, pour trahir le Roi, n'étoient pas les moins dangereux des conspirateurs.

Des militaires parcouroient les garnisons, les casernes et même les cabarets pour tromper le soldat. Joseph Buonaparte étoit en vedette dans le pays de Vaud, point intermédiaire de communication entre Paris et Porto-Ferrajo; le charlatan Lucien Buonaparte s'étoit mis aussi en vedette à Rome, persuadé qu'on ne le soupçonneroit pas d'être d'intelligence avec Napoléon, d'après ses dix années de retraite en Angleterre, sous prétexte de n'avoir pas voulu approuver la conduite de son frère; la verité est que cette disgrâce étoit combinée pour faire l'espionnage en Angleterre.

Tous les riches conjurés fournissoient de l'argent à la bourse commune; les femmes ont vendu pour plus de deux millions de diamans; Murat a donné un million; Lucien, cinq cent mille francs, etc. Buonaparte fait un emprunt à Gênes, il revient avec beaucoup d'or, accompagné de son chef de file (le général Bertrand). Voilà enfin l'usurpateur au château des Tuileries, par la trahison de plusieurs chefs de l'armée, qui avoient fait serment de fidélité au Roi, après avoir été dégagés de leur serment envers Buonaparte. ( voir page 397.)

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