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25 MARS. Délibération du conseil d'état présenté à Napoléon: « L'abdication de l'empereur Napoléon ne fut que le résultat de la situation malheureuse où la France et l'empereur étoient réduits, par les évènemens de la guerre, par la trahison. L'abdication n'eut pour objet que d'éviter la guerre civile et l'effusion du sang français. Non consacré par le vœu du peuple, cet acte ne pouvoit détruire le contrat solennel qui s'étoit formé entre lui et l'empereur; et quand Napoléon auroit pu abdiquer personnellement la couronne, il n'auroit pu sacrifier les droits de son fils à régner après lui, etc. » Nous observerons que le plus grand nombre de ces conseillers d'état avoient été conservés par Louis XVIII; mais leurs émolumens avoient été réduits de vingt-cinq mille francs à quinze mille francs; voilà le motif qui les a dirigés à se parjurer. A l'égard de la sensibilité qu'ils supposent à Napoléon de n'avoir. abdiqué que pour éviter l'éffusion du sang français, c'est un outrage qu'ils font à l'humanité, eux qui, pendant quinze années, ont coopéré à alimenter la boucherie de leur souverain maître.

27. Adresse des ministres, Cambacères; le duc de Gaëte (Gaudin ); le duc Bassano (Maret); Decrés ; le duc d'Otrante (Fouché de Nantes); Molien; Caulaincourt; Carnot; Da

voust, à Napoléon: « Les destins sont accomplis; ee qui seul est légitime, la cause du peuple a triomphé! V. M. est rendue au vœu des Français, elle a ressaisi les rènes de l'état au milieu des bénédictions du peuple et de l'armée, etc. Les Bourbons n'ont rien su oublier; leurs actions et leur conduite démentoient leurs paroles, etc. Sire, point de guerre audehors, si ce n'est pour repousser une injuste agression; point de réaction au-dedans; point d'actes arbitraires; sûreté des personnes, sûreté des propriétés, libre circulation de la pensée; tels sont les principes que vous avez consacrés. Heureux, sire, ceux qui sont appelés à coopérer à tant d'actes sublimes. De tels bienfaits vous mériteront dans la postérité, c'est-à-dire, lorsque le temps de l'adulation sera passée, le nom de père de la patrie ils seront garantis à nos enfans, par l'auguste héritier que V. M. s'apprête à couronner au Champ-de-Mai, etc. >>

30 MARS. Circulaire du duc de Vicence (Caulaincourt), ministre des relations extérieures de Napoléon, adressée aux ambassadeurs, ministres et autres agens de France à l'extérieur : <«< Monsieur, les vœux de la nation française n'avoient cessé de rappeler le souverain de son choix. Le seul prince qui puisse lui garantir la conservation de sa liberté et de son indépen

dance, etc. La famille des Bourbons a comprís qu'il ne restoit d'autre parti pour elle, que de se réfugier sur une terre étrangère, etc. Les fonctions dont vous avoit chargé le gouvernement royal sont terminées. Vous devez sur le-champ, Monsieur, prendre le cocarde tricolore, et la faire prendre anx Français qui sont auprès de Vous, etc. >>

51. Cent cinquante officiers généraux, maréchaux d'empire, lieutenaus-généraux et maréchaux-de-camp, qui tous avoient sollicité auprès du roi la décoration de la croix de Saint-Louis, qu'ils avoient obtenue, se sont réunis chez le restaurateur Véry ; à leur tête étoient le maréchal Davbust, ministre de la guerre; on y a porté des santés da ci-devant empereur; mais n'ayant pu obtenir que les premiers chansonniers de la capitale viennent embellir leurs fêtes par leurs productions, ils ont été réduits à chanter quelques couplets impromptu rédigés avec de l'encre sortie des fourreaux de leur sabre.

2 AVRIL. L'institut de France, s'est présenté en corps à Napoléon. M. Etienne, président de la classe de littérature, qui avoit reçu trois jours auparavant la décoration de la Légion d'honneur, a dit dans son discours : « nous appelions avec toute la France un libérateur : la Providence nous l'a envoyé. Une dynastie aban

donnée par le peuple français il y a plus de vingt ans, s'est éloignée devant le monarque, que le vœu du peuple français avoit appelé au trône par la toute puissance de ses suffrages, trois fois réitérées, etc. »

2 AVRIL. Instructions du ministre de l'intérieur (Carnot), aux préfets, relativement au décret du 14 mars, de Napoléon, en date de Lyon, qui convoque les collèges électoraux en assemblée extraordinaire du Champ-de-Mai. L'on remarque ce passage: «Dans cette nouvelle fédération, l'empereur présentera à ses peuples son auguste épouse, et le prince, espoir de la nation, qui doit gouverner un jour. Suivant un usage antique et cher à la France, ils recevront la couronne au milieu du Champde-Mai, et prendront place sur le trône, à côté du grand Napoléon. Quel grand et beau spectacle que celui d'un héros, l'idole de l'armée, et qui fut le vainqueur de l'Europe, etc. »

-Madame la duchesse d'Angoulême, quitte la ville de Bordeaux.

3.- Le général Clauzel, avec son armée, entre à Bordeaux; il fait arborer la cocarde tricolore.

6. L'île de Bourbon a été remise

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Anglais aux autorités françaises.

par

les

8 AVRIL. S. A. R. le duc d'Angoulême, général en chef de l'armée du Midi, signe la convention suivante, d'après la trahison des généraux Grouchy, Gilly, etc.

1o L'armée royale est dissoute, les gardes nationaux qui en faisoient partie, retourneront dans leurs foyers, après avoir mis bas les armes, les officiers garderont leurs épées, les troupes de ligne se rendront dans les garnisons qui leur seront assignées.

2o Les généraux et les officiers, les chefs et les agens des différentes branches de service, se rendront dans leur patrie pour y attendre les ordres de l'empereur.

3o Les officiers de tout grade auront la liberté de donner leur démission.

4 La caisse de l'armée et les livres du payeur-général, seront remis aux personnes que le général commandant nommera pour les recevoir.

5' Les articles ci-dessus seront applicables, soit au corps qui étoit sous le commandement immédiat du duc d'Angoulême, soit à ceux qui (toient indirectement sous ses ordres dans le midi.

6o Le duc d'Angoulême se rendra au port de Cotte, où ils embarquera pour le lieu qu'il

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