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G. CHARPENTIER, ÉDITEUR

13, RUE DE GRENELLE-SAINT-GERMAIN, 13

1879

Tous droits réservés

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Dispositions des groupes républicains et du nouveau cabinet. Changement dans le personnel diplomatique, administratif et judiciaire. Affaire Labordère à Limoges. Les invalidations à la Chambre, discussions orageuses. Élections partielles, neutralité du gouvernement. Discussion à la Chambre des lois sur le colportage, sur les crédits extraordinaires, sur l'état de siège, sur l'amnistie des délits de presse, sur le service postal et télégraphique. Discussion du budget de 1878; Débat sur le budget des cultes. Nécrologie mort de Raspail et autres députés et sénateurs. Mort de Victor-Emmanuel. Mort de Pie IX; Élection du pape Léon XIII; tendances du nouveau pontife. Mariage du roi d'Espagne Alphonse XII.

L'on se rappelle de quelle façon s'était terminée la crise ministérielle en France: le 13 décembre, le maréchal de Mac-Mahon, constatant l'impossibilité matérielle de résister à la logique de la situation et à la pression de l'opinion publique, réduit, suivant l'alternative formulée par M. Gambetta, « à se soumettre ou à se démettre,» le maréchal s'était soumis. Il avait pris un ministère de gauche et, par le message du 14 décembre, s'était solennellement engagé à rentrer pour n'en plus sortir dans les voies parlementaires 1.

1

Le parti républicain était heureux de sa victoire. Mais

1. Année politique 1877, page 402.

il ne s'illusionnait pas au point de la croire absolument définitive et à l'abri de tout retour offensif de la part de ses ennemis momentanément terrassés. Il s'avouait que les résultats acquis eussent pu être compromis par des imprudences et des fautes; et cette absence d'enthousiasme aveugle, ces craintes salutaires montraient bien quel progrès il avait accompli au point de vue du tact politique. M. Léon Renaut, en prenant possession de la présidence du centre gauche, formulait à cet égard les meilleurs conseils :

Les ennemis de tout ce qui nous est cher, disait M. L. Renaut1, sauraient bien vite profiter de la moindre discorde qui s'élèverait dans nos rangs. C'est notre entente, sur laquelle ils ne comptaient pas et qu'ils ont tout fait pour briser, qui a assuré la défaite de leur coalition. Leurs discordes n'auraient pas suffi sans notre accord.

Cet accord sauvegardons-le soigneusement; car la situation a encore bien des difficultés, et rien ne serait plus dangereux qu'une illusion qui ne permettrait plus aux membres de la majorité républicaine de voir quels écueils restent à franchir, quels caps il faut doubler encore avant d'arriver au port.

Le cabinet que préside M. Dufaure, qui a toutes nos sympathies, qui a droit à tout notre dévouement, doit suffire à une tâche difficile.

Il faut qu'il passe entre deux écueils. S'il se décide à proposer les réformes qu'implique l'établissement d'un régime vraiment républicain, il est exposé à rencontrer de la part du Sénat une opposition systématique et à essuyer des échecs qui affaibliront sa situation et encourageront peutêtre les mauvais desseins de ceux qui croient à la possibilité d'un nouveau 16 mai.

Si, comprenant ces dangers, il s'abstient de proposer des lois réformatrices, il peut craindre d'être accusé par le parti républicain d'indifférence pour une partie des grands de

1. Temps du 10 janvier.

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voirs que les circonstances actuelles semblent imposer aux détenteurs de l'autorité.

Le centre gauche devra s'employer d'une façon toute particulière à prévenir, sur ce point si important, toute mésintelligence entre le cabinet et la majorité.

Il serait certainement désirable que les prérogatives nécessaires de l'État en matière d'enseignement pussent lui être immédiatement restituées; que notre législation de la presse, des associations et des réunions fût révisée; que l'organisation des grands services publics subit des modifications qui devront la mettre en harmonie avec les principes fondamentaux de notre Constitution. Mais il y aurait quelque puérilité et une véritable imprudence à ne pas ajourner ces réformes indispensables jusqu'à l'heure prochaine où le pays aura donné au parti républicain la majorité dans lè Sénat, comme il la lui a procurée dans la Chambre des députés, dans les conseils généraux et dans les conseils municipaux.

Au moment même où M. L. Renaut développait ce sage programme devant le centre gauche, le chef d'une fraction beaucoup plus ardente, M. Gambetta, prononçait à Marseille une allocution empreinte du même esprit prudent et pratique.

Autant, disait-il, je suis optimiste pendant la lutte, aux heures de péril, autant je deviens inquiet après la bataille, aux heures de trêve... Pourquoi? Parce que je redoute avant tout l'ivresse du succès, une faute commise par notre parti, un coup de tête de quelqu'un, une machination perfide de quelque coterie d'intrigants. Soyons patients et stratégistes. Ne nous hatons pas, une fois les maîtres du terrain, de courir sus à l'ennemi, sans nous inquiéter de ceux que nous laissons derrière nous et qui, au moment où nous nous y attendrions le moins, feraient feu sur nos troupes et profiteraient de nos imprudences. Au contraire, je demande à mon parti de faire une halte, de se maintenir dans les positions conquises, de les fortifier, de les palissader, de les rendre inexpugnables. .

Je veux le maintien du pouvoir entre les mains des répu

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