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I.

Regne d'Hen

chevêque

ARTICLE III.

Eglife de France. Regnes d'Henri IV. & de Louis XIII.

I.

Au mois de Mars de la premiere année du dix-septieme ri IV. Diffe fiecle, il s'éleva entre l'archevêque d'Aix & le parlement de rend entre l'ar. Provence un différend qui fit beaucoup de bruit. Un prêtre d'Aix & le par- qui avoit commis un crime abominable, fut poursuivi au lement de Pro parlement. L'official de l'archevêque prétendit que l'affaire devoit être inftruite à fon tribunal. Mais le parlement orHiftoire de donna qu'il en feroit informé par le juge royal. Le prêtre XIII.cxxvj. fut condamné par arrêt au fupplice que fon crime méritoit. p. 615, 616.& Avant de l'exécuter, le parlement fomma l'archevêque de de Londres, le dégrader. Mais comme en Provence les eccléfiaftiques

vence.

AN. 1601.

Thou, tome

617. de l'édit.

1734.

II,

Autre diffé

prétendoient jouir des mêmes priviléges qu'en Italie, l'archevêque fe plaignit qu'on eût bleffé les libertés de l'Eglife; & fur ce prétexte, il excommunia tous les membres du parlement qui avoient jugé le criminel, défendit par tour le diocèfe de les admettre à la participation des facremens, & envoya leurs noms dans toutes les églifes. Le fcandale fut d'autant plus grand, qu'il éclata vers la quinzaine de Pâque. Le parlement décreta l'archevêque d'ajournement perfonnel, & déclara fon excommunication nulle & abufive, ordonna qu'il la leveroit, & qu'il en mettroit un acte au greffe de la cour dans trois jours, fous peine de quatre mille écus d'amende. Comme l'archevêque ne vouloit point obéir, le parlement fit faifir fon temporel, & auffi-tôt le prélat leva l'excommunication,

y eut

Au mois de Mars de l'année fuivante ( 1602.) il rend entre l'ar- auffi à Bordeaux une affaire qui fit beaucoup d'éclat. Le car, chevêque & le dinal de Sourdis qui en étoit archevêque, avoit démoli un autel dans l'églife cathédrale fans en avoir conféré avec le chapitre. Les chanoines s'étant mis en devoir de le rebâtir, furent maltraités par les gens de l'archevêque, Le parle

parlement de Bordeaux. Ibid. t. XIV.

1. cxxix. pag 114. & 115.

ment

ment prit connoiffance de l'affaire; & fur la plainte du chapitre, fit emprifonner le maçon qui avoit abattu l'autel. Le cardinal força la prifon, & l'en tira. Quelques jours après, le parlement fit rebâtir l'autel. Le cardinal en fut fi indigné, que le dimanche suivant il alla dans une église où il favoit qu'étoit le premier préfident, Mallouin de Seffac, & le préfident de Verdun. Il y porta le faint Sacrement, & excommunia folemnellement ces deux magiftrats. Le parlement irrité de l'injure faite à son chef, donna un arrêt qui lui enjoignoit de révoquer fes cenfures, & d'en faire publier la révocation dans la même églife, à peine de quatre mille écus d'amende, défendant à tous évêques d'employer les cenfures à l'avenir contre les juges faifans la fonction de leurs charges, fous peine de dix mille écus d'amende. Mais le roi évoqua à lui la connoiffance de cette affaire. Par ce moyen le délit de l'archevêque demeura impuni, & il fe crut en droit de se rendre indépendant de toute justice féculiere, comme il fit de nouveau en 1606.

Le parlement de Bordeaux avoit déclaré abufive une or- Ib. 1. cxxxvj. donnance de ce prélat. L'arrêt lui ayant été signifié, il fit P.555. par écrit une réponse très impérieufe au parlement. Deux députés qui lui furent envoyés par cette compagnie, apprirent de lui-même qu'elle étoit fon ouvrage, & qu'il étoit difpofé à la figner de fon fang. Il fit plus : il donna à tous les confeffeurs de la ville une lifte des juges qui avoient rendu l'arrêt, & leur défendit de les abfoudre, réservant leur abfolution à lui & à fon pénitencier. Le parlement ne laiffa pas cet attentat impuni. Par arrêt du 30 Décembre, il déclara abusives les défenses faites aux confeffeurs & la réserve de l'abfolution; leur ordonna de n'y avoir aucun égard, d'écouter la confeffion de ceux qui étoient compris dans la liste, & de leur impartir le bénéfice de l'abfolution, fous peine d'être punis comme perturbateurs du repos public. Il flétrit la réponse du cardinal, le condamna à une amende confidérable, & lui défendit & à tous autres d'employer de pareils moyens contre les officiers du roi exerçans leurs offices.

Tome X.

111.

Entreprifes

l'autorité

royale.

1. cxxxvj. p.

853.

I I.

La vigilance des parlemens faifoit tomber peu-à-peu les du clergé fur faux principes qui avoient enfanté la ligue. Mais le clergé fouffroit impatiemment que ces auguftes tribunaux miffent des bornes à ce qu'il appelloit fes priviléges. Lorsque les parlemens vouloient réprimer fes injuftes entreprises, il fe plaignoit qu'ils mettoient la faulx dans la moiffon des eccléfiaftiques. Dans le temps même dont nous venons de parler, c'est-à-dire en 1606. il y avoit encore des églifes & des monafteres où l'on refufoit de prier pour le roi. Le parleIbid. t. XIV. ment de Touloufe fut obligé de rendre un arrêt le 7 Juin, pour contraindre les prêtres de fon reffort à prier pour le roi au canon de la meffe, & leur défendre de fe fervir de certains miffels imprimés depuis quelques années, à Paris, à Bordeaux, & à Lyon, dans lefquels la priere pour le roi avoit été fupprimée. On avoit ôté dans le miffel de Rouen ce verfet des litanies: Ut regem noftrum cuftodire digneris, & la collecte: Quafumus..... ut famulus tuus rex nofter, &c. Dans une oraifon du Vendredi-Saint, on avoit fubftitué ces mots: Refpice ad Romanum benignus imperium, à ceux-ci: Refpice ad Chriftianum benignus imperium. On avoit ôté à faint Louis le titre de roi, pour ne lui laiffer que celui de confeffeur. En un mot on avoit changé tout ce qui pouvoit faire entendre que le roi étoit le fouverain des clercs comme des laïcs. Le miniftere public réprima ces excès. En 1631. un archidiacre fut décrété d'ajournement perfonnel, & déclara publiquement n'avoir eu aucune part à ces miffels, dont la réformation fut ordonnée. Par ces actes d'autorité, les parlemens fe font attiré la haine d'un grand nombre d'eccléfiaftiques, qui ne pouvoient fouffrir qu'on s'opposât au fyftême d'indépendance qu'ils vouloient établir, & auquel ils n'ont jamais renoncé.

IV.

L'appel comme d'abus eft, comme on le fait, le moyen que les parlemens ont le plus fouvent appofé aux entremande du cler- prifes du clergé. C'est auffi contre ce moyen qu'il a dirigé

Henri IV.

rejette la de

réglement

fes plus grands efforts. En 1606. il demanda à Henri IV. un gé,de faire un réglement fur cette matiere. Ce prince qui connoiffoit la contre les apnéceffité des appels comme d'abus pour maintenir l'exécu- pels comme d'abus. Le partion des faints decrets des conciles & des conftitutions cano- lement répriniques, l'autorité royale, fa jurisdiction, les loix du me, les droits, les libertés & les priviléges de l'Eglife Gallicane, les ordonnances & arrêts des parlemens, dit aux députés du clergé, qu'il n'étoit pas poffible de rien statuer de nouveau fur une matiere de cette importance.

royau

Miron, évêque d'Angers, ofa prêcher publiquement, que ceux qui favorifent les appels comme d'abus, nuifent plus à l'Eglife que les hérétiques. En 1623. il excommunia l'archidiacre de la cathédrale, parcequ'il avoit appellé comme d'abus des procédures faites contre lui par cet évêque. Le parlement, par arrêt du 30 Juin 1623. « déclara » qu'il y avoit abus, d'avoir procédé par excommunication » contre ledit archidiacre, pour s'être pourvû en la cour par » appel comme d'abus, des jugemens & ordonnances dudit »évêque, lequel il a condamné & condamne à révoquer & rétracter ladite excommunication..... & faire rayer de fes regiftres lefdits jugemens & ordonnances, enforte que rien » n'en puiffe être lu; & jufqu'à ce qu'il ait fatisfait au pré»fent arrêt, ordonne que le temporel dudit évêque & au»tres bénéfices dont il eft pourvu, fera faifi & mis en la » main du roi: lui a fait inhibitions & défenfes de procéder » à l'avenir par telles voies au préjudice des loix fondamen»tales de ce royaume, de la fouveraineté du roi & obéif fance qui lui eft dûe par tous fes fujets tant eccléfiaftiques que laïcs, de quelque qualité & condition qu'ils foient, »fous peine en cas de contravention d'être procédé contre par la rigueur des ordonnances. » L'évêque fort mécontent de cet arrêt, s'adreffa à la cour de Rome. Il en obtint un bref, qui fait un cas refervé au faint fiége, du recours aux juges féculiers par les eccléfiaftiques, comme du crime le plus énorme. Le préfidial d'Angers agit avec vigueur contre ce bref, & empêcha l'évêque d'en tirer aucun avantage. On vit en cette occafion, comme en bien d'autres,

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» lui

me l'évêque d'Angers.

V.

follicitent leur

retour

France.

44.5

en

Mézerai

que les juges royaux intérieurs, lorsqu'on leur laiffe la liberté d'agir, ne font pas moins attentifs que les juges fupérieurs, au maintien de nos libertés & à l'exacte obfervation des faints canons & des bonnes régles.

III.

Henri IV. n'ignoroit pas que fon autorité feroit toujours Les Jéfuites mal affermie, tant qu'il auroit pour ennemis les Jéfuites, dont il connoiffoit le crédit & les intrigues. Depuis que ce prince avoit été absous à Rome, ces peres n'avoient ceffé tome VII. p. d'employer l'interceffion du pape, leurs foins & leur adreffe, pour obtenir leur rétabliffement. Ils prétendoient que c'étoit une des conditions fecrétes, fans lefquelles on ne l'auroit point abfous. Mais leur conduite en Angleterre, à Venise & dans quelques-uns des cantons Suiffes, ayant fait porter à Rome de vives plaintes contr'eux, le pape Clément VIII. ne fit pas de fortes inftances pour leur retour en France. Ils profiterent d'un voyage que le roi fit en Lorraine en 1603. pour le folliciter eux-mêmes auprès de ce prince, dont ils connoiffoient la clémence. Lorfqu'il paffa par Verdun, le pere recteur à la tête de tous les Jefuites du collége, encouragés par un courtifan qu'ils avoient fu mettre dans leurs intérêts, fe préfenta devant le roi, pour le fupplier que l'arrêt du parlement de Paris, qui défendoit à tous François d'envoyer leurs enfans étudier dans leurs colléges, n'eût point lieu à l'égard du collège de Verdun. Henri IV. qui craignoit les fuites de leur inimitié, les reçut & leur parla avec une bonté qui leur fit juger qu'ils devoient aller en avant. Leur provincial & trois ou quatre des principaux se rendirent à Metz. Ils crurent que le temps de la Paffion étoit propre à exciter des fentimens de miféricorde dans un cœur chrétien. Ayant donc trouvé le moyen de fe faire conduire dans le cabinet du roi l'après-midi du Jeudi-Saint ils fe profternerent humblement à fes pieds: le roi les releva, & leur donna une audience favorable. Le provincial, qui portoit la parole, s'infinua dans fon efprit en comblant d'élo

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