Rome ont tirées de quelques faits pour établir leurs préten tions. Cet ouvrage eft très utile, non-feulement pour apprendre l'hiftoire des conciles, mais auffi pour fe former une idée juste de l'ancien gouvernement de l'Eglife. Il y a à la fin du premier tome, un petit traité contre le cardinal du Perron fur les appellations au faint fiége. Richer a encore prouvé fa doctrine par le témoignage des anciens théologiens de Paris, dans fon livre intitulé: Défenfe de la doctrine.des anciens docteurs de l'églife de Paris; ou la doctrine conftante & perpétuelle de l'école de Paris, fur l'autorité & l'infaillibilité de l'Eglife dans les chofes de foi & dans la doctrine des mœurs, contre les défenfeurs de la monarchie univerfelle & abfolue de la cour Romaine, Cet ouvrage a été imprimé en 1683.. Enfin on a donné en 1701. un ample traité qu'il avoit compofé pour réfuter tous les écrits qui avoient été faits contre fon traité de la Puiffance eccléfiaftique & politique. Cet ouvrage eft partagé en cinq livres. Il réfute dans le premier les argumens & les accufations avancées contre lui. Il prouve dans le fecond les principes établis dans les deux premiers chapitres de fon livre. Îl réfute dans le troisieme les argumens de Cajétan, de Bellarmin, & des autres théologiens ultramontains, pour la monarchie abfolue & infaillible du pape. Le quatrieme & le cinquieme contiennent les preuves des autres chapitres fuivans, & une réponse à toutes les objections de Duval. Avant que d'entrer en matiere, après avoir parlé des écrits faits contre lui, il montre que ce n'étoit point fon livre qui avoit caufé la divifion dans la faculté; mais qu'elle y avoit été femée auffi-tôt après la mort du roi Henri le grand, par quelques docteurs qui avoient pris le temps de la minorité du roi, pour introduire une nouvelle doctrine dans le royaume. Il prouve que nonfeulement l'école de Paris, mais auffi toute l'Eglife Gallicane avoit tenu jufqu'alors comme une vérité conftante, que le concile général eft au-deffus du pape. Il répond enfuite aux raifons de politique, que le cardinal du Perron avoit employées pour rendre fa doctrine & La fa perfonne odieuses. Le cardinal lui objectoit que les preuves qu'il alléguoit pour établir le gouvernement aristocratique de l'Eglife, pouvoient donner atteinte aux états monarchiques. Richer répond que l'on ne peut rien conclure du gouvernement de l'Eglife à celui des royaumes, parce que la puiffance temporelle eft abfolue de fa nature, au lieu que la puiffance eccléfiaftique, qui s'exerce fur les confciences, ne peut pas ufer de force extérieure, ni de contrainte. Le cardinal du Perron avoit auffi parlé de la Sorbonne, & avoit fait valoir la condamnation de la Pucelle d'Orléans, & le decret contre Henri III. Richer fait voir qu'on ne doit point juger de la difpofition de ce corps par ces temps de trouble & de guerre, où la liberté étoit opprimée par la violence & par les factions; & remarque que quand ce corps a été libre, il a toujours vengé les droits du roi, foutenu les libertés de l'Eglife Gallicane, & procuré le bien de l'état. Il ajoute encore que les anciens docteurs étoient du temps d'Henri III. très-éloignés de la doctrine du decret fait contre ce prince par quelques docteurs factieux, qui avoient entraîné de jeunes gens fans expérience. Il foutient que la doctrine qu'il a établie dans fon livre ne favorise ni le schifme, ni l'héréfie : que c'eft celle de Gerfon & du concile de Conftance, & qu'elle ne fe doit pas feulement appliquer au temps du fchifme des papes, mais qu'elle eft de tous les fiecles & de tous les temps. Il fe défend enfuite contre Boucher fur l'appellation comme d'abus qu'il avoit interjettée de la fentence des prélats de la province de Sens. Il foutient que les magiftrats civils ont droit de maintenir les loix eccléfiaftiques quand elles font violées, de juger des questions eccléfiaftiques qui consistent en faits, & de protéger les eccléfiaftiques qui font opprimés & calomniés. Il prouve que l'affemblée des prélats de Sens n'eft pas un fynode, parcequ'elle s'eft tenue pour des affaires temporelles fans l'autorité du roi, & fans y appeller le clergé de la province. Les autres livres de la défense de Richer, font entiérement dogmatiques. Il y établit fes principes, & réfute fes adverfaires par des paffages Tome X. Gg 1. Le cardinal & de l'écriture , par une infinité de témoignages des peres des docteurs, par les decrets des conciles, par des exemples tirés de l'Hiftoire eccléfiaftique, par la pratique de Î'Eglife & par des raisonnemens fondés fur ces autorités. On a mis à la fin de ce recueil des notes fur la cenfure de la faculté de théologie de Paris contre les livres de la République eccléfiaftique d'Antoine de Dominis; on fait qu'elles font de Richer. Elles ont été imprimées à Londres dès l'an 1617. & réimprimées sur la fin du même fiecle. On voit par ces notes que, quoiqu'il n'approuvât pas la doctrine d'Antoine de Dominis, il n'étoit pas fur bien des articles de l'avis des cenfeurs, particuliérement fur la cenfure de la feconde propofition touchant la jurifdiction coactive de l'Eglife, où il dit que les cenfeurs ont mal pris le fens de l'auteur, qui ne refuse pas à l'Eglife le pouvoir d'excommunier, mais celui de contraindre extérieurement par la force. A la fin de ces notes il remarque que les anciens docteurs ont toujours eu pour but dans leurs cenfures, la vérité & le bien du peuple, & que c'est pour cela qu'en qualifiant les propofitions, ils ont pris foin d'expliquer les équivoques & les ambiguités, pour faire voir qu'ils ne vouloient point chicanner, & afin qu'il ne fût pas befoin d'expliquer leurs cenfures. Auteurs eccléfiaftiques qui ont écrit pendant les cinquante premieres années du dix-feptieme fiecle. CÉSAR I. ÉSAR Baronius naquit en 1538. à Sora, ville épifcoBaronius. pale de la terre de Labour dans le royaume de Naples. Ses Du Pin,bibl. parens, qui l'éleverent avec beaucoup de foin, lui firent eccl.du XVII. faire les études d'humanités à Véroli, & celles de théologie fiecle, to, I. & de droit à Naples. Les troubles de ce royaume l'obligerent de paffer à Rome avec fon pere en 1557. Il y acheva des auteurs íes études de droit, & fe mit fous la conduite de S. Philippe de Néri, fondateur de la congrégation de l'Oratoire d'Italie, qui ne manqua pas d'y aggréger un fujet qui donnoit de grandes efpérances. En 1593. il en fut fait fupérieur général par la démiffion volontaire du fondateur. Le pape Clément VIII. le choifit pour fon confeffeur, & le créa cardinal en 1596. Il eut enfuite la charge de bibliothécaire du faint fiége. Il eut plus de trente voix dans le conclave où fut élu Léon XI. & il l'auroit été infailliblement lui-même fans l'exclufion que lui donnerent les Espagnols. Il mourut en 1607. dans la foixante-neuvieme année de fon âge. Il avoit entrepris à l'âge de trente ans les Annales eccléfiaftiques. Il en digéra long-temps les matieres, en lifant affiduement les monumens eccléfiaftiques foit dans les livres imprimés, foit dans les manuscrits de la bibliothèque du Vatican. Il donna en 1586. pour effai de fon travail, ses notes fur le Martyrologe Romain, & peu de temps après il publia le premier tome de fes Annales, qui contient le premier fiecle de l'Eglife, avec quelques differtations fous le titre d'apparat. Ce tome eft dédié à Sixte V. Le second dédié au même pape, renferme 205 ans. Le troisieme dédié à Philippe II. roi d'Espagne, comprend les cinquante-cinq années suivantes. Le quatrieme ne contient que l'histoire de trente-quatre ans, qui finiffent à l'an 395. Le cinquieme va jusqu'à l'an 440. & il est dédié, comme le précédent & le fuivant, au pape Clément VIII. [Le fixieme finit à l'an 5 18.] Il fut bientôt fuivi des 7. 8. & 9. qui renferment l'Histoire eccléfiaftique jufqu'à l'an 842. Le dernier de ces trois tomes eft dédié au roi de France Henri IV. le dixieme à l'empereur Rodolphe II, le onzieme à Sigifmond III. roi de Pologne, & fut publié en 1605. Le douzieme parut deux ans après fous le pontificat de Paul V. & finit à l'an 1198. Ainfi l'on a dans ces douze tomes l'histoire des douze premiers fiecles de l'Eglife. Cette histoire de Baronius eft compofée en forme d'annales année par année, féparées les unes des autres, & désignées par les années des papes, des empereurs & des con fuls. Il rapporte fur chaque année ce qui regarde les églifes d'Orient & d'Occident, la fucceffion des papes, des patriarches, des empereurs & des rois, les actes des conciles, les lettres des papes, les loix des empereurs qui concernent l'Eglife, les perfécutions, les martyrs, les faints, les auteurs eccléfiaftiques, les héréfies, en un mot tous les événemens qui ont rapport à l'Hiftoire eccléfiaftique. Le but qu'il s'eft propofé dans cet ouvrage, comme il le témoigne dans fa préface, a été de réfuter les centuriateurs de Magdebourg, ou plutôt d'opposer à l'Hiftoire eccléfiaftique de ces hérétiques, un ouvrage de même nature pour la défense de l'Eglife catholique. Il feroit à fouhaiter que Baronius eût évité d'entrer dans des controverfes & des intérêts particuliers, & qu'il ne fe fût pas déclaré fi zélé partisan des opinions ultramontaines. On a remarqué depuis dans fes Annales des fautes de chronologie, des faits faux ou douteux avancés comme vrais & certains, des méprises affez confidérables. Mais tous ces défauts n'empêchent pas que ce grand ouvrage ne foit très-utile. On peut même dire qu'il eft composé avec autant d'exactitude qu'on pouvoit l'efpérer d'un homme qui entreprenoit le premier un ouvrage auffi difficile & auffi étendu que celui-là. Baronius ne poffédoit pas bien la langue grecque, & c'eft ce qui fait qu'il a été beaucoup moins exact dans l'hiftoire des Grecs que dans celle des Latins. Il a eu un nombre d'adverfaires & de critiques; mais il a eu auffi des admirateurs, des défenseurs, des abbréviateurs, des continuateurs, des traducteurs. Le favant P. Pagi, frere Mineur, nous a laiffé en quatre volumes in-folio une Critique des annales de Baronius. Sans s'ar rêter aux questions de controverfe, il indique fur chaque année les fautes ou les omiffions de cet annalifte. Henri Sponde, évêque de Pamiers, est le plus célebre des abbréviateurs de Baronius. Il eft auffi un de ceux qui ont continuć ce grand ouvrage. II. Bellarmin. II. Robert Bellarmin naquit à Montépulciano, ville de To cane, en 1542. Sa mere étoit fœur du pape Marcel II. II |