Page images
PDF
EPUB

1vj

cum mandatis, ut quæ defcripta volitarent libri exempla, diligenter conquifita, flammis abfumerentur. Video demum, cùm liber exitialis in lucem prodiit typis gallicis, neminem tunc noftrorum effe conqueftum quòd fpurius fœtus fuiffet, injuria fuppofitus Patri Mariana, &c.

ABRÉGÉ

ABRÉGÉ

DE

L'HISTOIRE
ECCLÉSIASTIQUE.

DIX-SEPTIEME SIECLE.

ARTICLE PREMIER. Eglife d'Italie. Suite des papes qui ont tenu le faint fiége pendant le cours du dix-feptieme fiécle.

I.

LEMENT VIII. dont le nom étoit Hyppolyte Aldobrandin, avoit occupé le faint fiége les neuf dernieres années du feizieme fiécle, & il le tint encore les quatre premieres du dix-feptieme. Nous avons vû le commencement de fon pontificat dans le volume précédent. Le jubilé qui fut ouvert à Rome en 1600. y attira une multitude innombrable de pèlerins, malgré les rigueurs d'un hiver très-violent. Le Tibre s'étant débordé, inonda une partie de cette ville & y fit de grands dégâts pendant trois jours. Le pape, cette Tome X.

A

[blocks in formation]

II.

Léon XI. Sa mort. Son caractere.

même année, créa treize cardinaux, parmi lefquels étoit Bellarmin, Jéfuite. Il éteignit les premieres étincelles d'une guerre qui menaçoit la France & l'Efpagne. Nous verrons dans l'article fuvant, tous les foins qu'il fe donna, pour engager les Jéfuites à abandonner leurs erreurs fur la Grace; & tout ce qu'il fit dans les congrégations de Auxiliis, pour maintenir l'ancienne doctrine. Il étoit déterminé à profcrire les profanes nouveautés de Molina par une décifion folemnelle, lorsqu'il mourut le 3 ou le 5 Mars 1605. au commencement de la quatorzieme année de fon pontificat. On loue avec raison l'affection particuliere qu'il avoit pour les favans. On dit qu'il avoit formé une ligue fainte entre tous les princes catholiques pour exterminer les Proteftans, & que tous confentoient à y entrer, excepté le roi de France Henri IV. & le grand duc de Tofcane.

I I.

[ocr errors]

Le cardinal Aldobrandin, neveu de Clément VIII. s'unit Election de à la faction Françoife, & fit tous fes efforts pour faire élire Baronius. Ce favant cardinal eut un grand nombre de voix: mais les Espagnols, dont la faction étoit puiffante, lui donnerent l'exclufion, parcequ'il difoit fon fentiment dans les confiftoires avec trop de franchise, & parloit d'eux fans déguisement dans fes annales. Après bien des intrigues, dont nous épargnerons toujours au lecteur le trifte détail, on élut le 1. Avril le cardinal de Florence, qui prit le nom de Léon XI. Clément VIII. qui l'aimoit, lui avoit dit plufieurs fois qu'il feroit fon fucceffeur ; & l'événement justifia cette efpéce de prédiction. Il fe nommoit auparavant Alexandre Octavien, de la maifon de Médicis, qui régnoit à Florence fa patrie. Clément VIII. connoiffant fon mérite, l'employa à la paix générale de l'Europe. Il s'acquitta avec honneur de cet emploi, & fur-tout de la légation qu'il exerça en France, pour y abattre les reftes de la ligue. Il s'y conduifit avec beaucoup de fageffe pendant les deux années qu'il y demeura en qualité de légat. La nouvelle de

lon exaltation répandit la joie dans toute l'Europe, à caufe des grandes espérances qu'on avoit conçues de lui; & le caractere que les hiftoriens lui donnent, fait juger que ces efpérances étoient peut-être encore inférieures à fon mérite. Il étoit pendant fon cardinalat l'ornement de la cour de Rome, avoit auprès de lui plufieurs perfonnes de lettres, & montroit une magnificence qui lui fit un grand nombre d'amis. Il haïffoit les concuffions, la vengeance, la tyrannie, la trop grande complaifance pour les parens, la diffimulation. On l'avoit comblé de bénédictions, lorsqu'on lui avoit vû employer ses revenus à la conftruction de plufieurs églifes & au foulagement des pauvres. Son élévation ne changea pas fes mœurs, & il conferva la même affabilité pour ceux qui l'approchoient. Il ne fongea point à répandre fes bienfaits fur fes parens, quoiqu'un de fes amis, pour lui faire fa cour, lui en eût donné une lifte, où les plus éloignés étoient nommés. Il avoit deffein de faire une promotion de cardinaux : mais il étoit bien réfolu de n'y renfermer que des perfonnes d'un mérite diftingué, & qui fuffent capables de fervir l'Eglife. Il maintint dans les charges ceux qui en avoient été pourvûs par fes prédéceffeurs, & confirma dans les légations ceux dont les peuples faifoient l'éloge. Il pria les cardinaux de ne lui rien demander contre fa confcience, & leur promit de leur accorder avec plaifir tout ce qui feroit jufte. Il foulagea, autant qu'il put, les provinces, des impofitions que Clément VIII. avoit établies pour l'entretien des troupes. Il le fit à la priere de Gallo; & quoiqu'il pût s'en faire honneur, il voulut qu'on en eût l'obligation toute entiere à ce cardinal, & loua fon zèle, de ce que la premiere grace qu'il lui avoit demandée, regardoit le bien public. Il mourut vingt-fept jours après fon élection à l'âge de foixante & dix ans, universellement regretté à caufe de fon rare mérite.

III.

[ocr errors]

III. Election de

Après que les factions eurent fait jouer tous leurs refforts, le plus grand nombre de voix tomba fur le cardinal Ca- Paul V. le 17.

Mai 1605.
Commence-

ment de fon

démêlé avec la

Venife.

XVII. fiecle, tome I.

mille Borghèfe, qui prit le nom de Paul V. Il avoit un extérieur très-avantageux, & n'étoit âgé que de cinquante-trois pontificat. Son ans. Sa famille qui étoit de Sienne en Tofcane, s'étoit étarépublique de blie à Rome, où naquit Camille. Son pere, qui fe nommoit Marc-Antoine Borghèfe, étoit avocat confiftorial. Camille, l'un de fes quatre (a) fils, fut d'abord clerc de la chambre, & enfuite nonce en Efpagne, où il fit paroître fa prudence fous Clément VIII. qui le créa cardinal du titre de S. ChryDu Pin, hift. fogone. Dès qu'il fut pape, il donna fon chapeau à un de ecclefiaft, du fes neveux, & éleva aux premieres dignités les deux freres qui lui reftoient. Il avoit toujours montré un grand zèle pour les immunités eccléfiaftiques, & il n'avoit pas de plus grands ennemis que ceux qui maintenoient l'autorité louveraine des princes, contre les ufurpations du clergé. Il n'eft pas étonnant qu'avec de telles difpofitions il ait été fi oppofé à la république de Venife, qui dans toutes les occafions avoit réprimé les entreprises injuftes des ecclésiastiques. Dès le commencement de fon pontificat, on vit éclater ce fameux démêlé qui fit tant de bruit dans toute l'Europe. Il accufoit cette république de s'opposer aux legs pieux & aux donations qu'on faifoit aux églifes, & de s'approprier le droit de juger les eccléfiaftiques dans les causes civiles & criminelles. Paul V. irrité de la réfiftance de la république, publia contre elle en 1606. une bulle d'excommunication, qui mettoit tout le pays en interdit, défendant d'y faire aucun acte extérieur de religion.

Cette bulle donna lieu à une multitude d'écrits, dont les uns défendoient les droits & l'autorité des fouverains contre les entreprises de la cour de Rome, & les autres attribuoient au pape un pouvoir abfolu fur les fouverains. On ne s'en tint pas à des écrits; on fut fur le point d'employer des armes d'un autre genre. La république de Venife réfolue de maintenir fes droits, déclara nulle & abufive la fentence du pape. Il ne fe trouva dans toutes les terres aucun eccléfiaftique qui osât la publier, ni obferver l'interdit, ou faire

(a) [L'hiftoire du pontificat de Paul V. imprimée en 1765. donne à MarcAntoine trois fils & une fille,]

« PreviousContinue »