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apostoliques, en leur demandant leur sentiment sur cette pièce. Les évêques firent quelques objections; mais sur les explications et les promesses du comité, ils signèrent la pièce ainsi que leur clergé. On proposa un nouveau serment, qui donna lieu à une vive dispute, à laquelle M. Milner prit beaucoup de part. Les quatre vicaires apostoliques condamnèrent le serment par une lettre encyclique du 21 octobre 1789, qui fut suivie de la publication des Livres bleus, ainsi appelés parce qu'ils étoient couverts en papier de cette couleur. Dans un de ces pamphlets, le comité protesta contre les décisions des évêques qu'il accusoit de blesser les droits naturels, civils et religieux des catholiques. On imagina la dénomination de dissidens catholiques protestans, qui fut blâmée par les évêques dans leur encyclique du 19 janvier 1791. On cherchoit à persuader aux catholiques qu'ils avoient le droit de choisir et de nommer leurs évêques, et un membre influent du comité, sir John Trockmorton, publia trois écrits dans ce sens. M. Milner y répondit dans trois brochures distinctes dont voici les titres: Réponse d'un ecclésiastique à la lettre d'un laïque, datée de Winchester 1er juillet 1790, et faisant 27 pages in-8°; les Droits divins de l'épiscopat; la Démocratie ecclésiastique dévoilée.

Peu après la condamnation du serment en 1789, deux des vicaires apostoliques moururent, et furent remplacés par le docteur Gibsou dans le nord, et par le docteur Douglas à Londres. M. Milner prêcha à la consécration du premier. Investi de la confiance des deux vicaires apostoliques Walmesley et Gibson, il fut souvent chargé de faire des démarches en leur nom, et eut des rapports avec les, personnages les plus influens de ce temps, avec des ministres, des membres du parlement, et même des évêques anglicans. Il leur représenta les clauses fâcheuses du serment que le comité avoit introduit dans le bill en faveur des catholiques, et qui fut présenté à la chambre des communes le 1er mars 1791, par M. Mitford, aujourd'hui lord Redesdale. Il n'omit rien pour éclairer l'opinion à cet égard, et rédigea un petit écrit, Faits relatifs à la contestation entre les catholiques, où il exposoit la dispute entre les évêques et le comité. Cet écrit, distribué dans la chambre, fit impression, et le parlement supprima dans le bill tout ce qui auroit pu bles

ser les catholiques, comme on l'a raconté dans les Mémoires pour servir à l'histoire ecclésiastique du 18° siècle, tome III, page 167. Ce fut une victoire pour M. Milner, dont le zèle et l'activité se déployèrent en cette occasion; un nouvel écrit de lui, Réplique au rapport du club cisalpin, 1795, étoit dirigé contre le comité. L'auteur assista, en 1792, au synode des évêques contre Trockmorton et Geddes.

De retour à sa mission de Winchester, M. Milner fit des recherches sur l'histoire de cette ville, ancienne résidence de princes célèbres par leur attachement à la religion catho lique. Il s'étoit appliqué à l'étude de l'architecture, et il désiroit surtout faire servir ses recherches à dissiper les préjugés des protestans. C'est dans ce but qu'il publia, en 1798, son Histoire civile et ecclésiastique et examen des antiquités de Winchester, avec des gravures, 2 vol. in-4o. Cet ouvrage, plein d'érudition, fut loué dans plusieurs jour naux protestans; mais comme M. Milner s'y étoit expliqué avec quelque liberté sur le caractère de l'évêque Hoadley, prélat anglican très-latitudinaire, le docteur Sturges, pré bendaire et chancelier de Winchester, et ami de l'évêque, fit paroître des Réflexions sur le papisme à l'occasion de Histoire de Winchester. C'étoit moins encore une réponse à l'ouvrage de M. Milner, qu'une suite de déclamations contre la religion catholique. Une telle attaque ne pouvoit être passée sous silence, et M. Milner donna ses Lettres au prébendaire, qui ont eu tant de succès dans son pays, qui ont été réimprimées plusieurs fois en Angleterre, en Irlande et en Amérique, et qui passent pour un des meilleurs écrits de controverse. Sturges n'y répondit point.

A l'époque du concordat français en 1802, M. Milner, qui voyoit les esprits agités en Angleterre sur cette mesure, composa un Eclaircissement sur les brefs du saint Siège relatifs à l'église de France; il se proposoit d'y combattre une opposition qui commençoit à se manifester d'une manière inquiétante. Cependant le vicariat apostolique du district du milieu devint vacant par la mort du docteur Stappleton, arrivée en mai 1802. Le comité catholique travailloit à avoir un évêque de son choix; mais le plus ancien vicaire apostolique portoit M. Milner, qui fut nommé le 1or mai 1803 sous le titre d'évêque de Castabala, et sacré le 22 du même mois à Winchester, par l'évêque Douglas, assisté des

évêques Gibson et Sharrock. M. Thomas White, ami du nouvel évêque et son successeur dans la congrégation de Winchester, prêcha dans cette circonstance (1). La semaine suivante, eut lieu le sacre de M. Poynter, élu évêque d'Halie; M. Milner y prêcha. Son premier écrit épiscopal est sa lettre pastorale du 27 décembre 1803; ellétoit adressée au clergé du district du milieu, et contenoit des avis relatifs à la discipline et à la conduite des pasteurs.

Dans les discussions qui eurent lieu sur les réclamations des catholiques, M. Milner publia le Cas de conscience résolu, ou les Demandes des catholiques prouvées compatibles avec le serment du couronnement, 1801. Il y joignit un Supplément en réponse à M. Reeves, et en 1807, il en donna une 2 édition avec des Observations sur un pamphlet de M. Le Mesurier; le tout forme 119 pages in 8°. En 1805, il avoit fait paroître un court Examen des principaux argumens contre la pétition catholique, 53 pages in-8°, et en 1808, il mit au jour Quatre lettres sur les articles d'un jour nal, la Revue antijacobine, 56 pages in-8°.

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Les progrès de l'esprit de schisme en Angleterre excitèrent le zèle du prélat. Dans un Mandement du 1er juin 1808, il siguala les écarts des anticoncordataires; l'abbé Blanchard et l'abbé Gaschet ayant écrit contre ce Mandement, l'évêque, dans une Lettre pastorale du 10 août, diverses propositions tirées de leurs écrits, en montra la hardiesse et le venin, et répondit à divers sophismes de ces deux fauteurs du schisme. Dans une Suite de cette Lettre pastorale, du 7 mars 1809, il censura quelques écrits de ce parti, entr'autres une Lettre d'un certain comte Pfaff, ancien chanoine de Liège, puis officier recruteur pour l'Angleterre, et qui étoit connu pour ne faire aucune fonction du sacerdoce. Dans un Supplément à la Lettre pastorale, sous la date du 22 juillet 1809, le prélat communiqua à son clergé la déclaration des évêques d'Irlande sur les mêmes matières; ce Supplément est accompagné de notes, et le tout forme 49 pages in-8°. Enfin, une Appendice à ce Supplement, datée du 29 novembre 1809, contient une lettre de l'évêque de Quebec, qui porte sur les nouveaux schismati

() M. White est mort le 9 avril 1826 à Londres, à l'âge de 62 ans. Il avoit dirigé 16 ans la congrégation de Winchester, et étoit aussi savant que zélé.

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ques le même jugement que les évêques d'Irlande et d'Angleterre. Nous n'avons pas besoin de dire combien ces écrits de M. Milner lui attirèrent d'injures de la part de l'abbé Blanchard et de ses partisans; nul évêque n'est plus maltraité dans leurs écrits.

Cette controverse n'étoit pas finie, quand il s'en éleva une autre plus longue et plus vive. M. Milner s'étoit lié étroitement avec les évêques d'Irlande; il fit deux voyages dans cette ile en 1807 et en 1808, et en publia le résultat dans des Recherches sur quelques opinions vulgaires sur les habitans et les antiquités de l'Irlande, in-8°; ouvrage curieux et instructif. Ayant conféré avec les évêques catholiques d'Irlande, il devint leur agent en Angleterre, et s'unit à eux contre le veto qu'il étoit question d'accorder au roi dans la nomination aux prélatures catholiques. Il avoit paru d'abord favorable à cette mesure dans sa Lettre à un prêtre de paroisse, mais il la combattit depuis en toute occasion. Les évêques d'Irlande déclarèrent le 14 septembre 1808, dans une réunion de vingt-cinq d'entr'eux, qu'il n'étoit point expédient d'introduire de changement dans le mode de nomination des évêques, et ils confirmèrent depuis cette résolution. Toutefois, plusieurs partisans de la cause catholique en Angleterre donnèrent suite à leur pro jet en faveur du veto. On indiqua pour cela une assemblée des catholiques à Londres pour le 1er février 1810; on y adopta un avis favorable au veto, et M. Milner lutta seul contre le sentiment de l'assemblée. Les évêques d'Irlande l'en remercièrent par une délibération unanime. Son Eclaircissement sur le veto ayant attiré un écrit de M. Butler, sous le titre de Lettre à un catholique irlandais, M. Milner y répondit par des Lettres à un prélat catholique d'Irlande en réfutation de celle de M. Butler, et il y ajouta un Postscriptum sur l'écrit d' O'Connor, Colombanus ad Hibernos; ce dernier écrit parut à Dublin en 1811.

En 1813, un nouveau bill pour l'émancipation des catholiques fut présenté au parlement; il avoit été concerté avec lord Castlereagh et M. Canning, et contenoit plusieurs clauses qui effrayoient le clergé. On y donnoit, entr'autres, au bureau catholique une influence et une autorité fort extraordinaires; c'étoit ce bureau qui auroit nommé les évêques, et qui auroit examiné les bulles et rescrits de Rome.

M. Milner exposà dans un écrit de peu de pages, court Mémorial sur le bill, la tendance de ce projet, qui échoua le 24 mai au parlement à une majorité de quatre voix. Le bureau catholique en voulut beaucoup à M. Milner; on lui reprochoit surtout d'avoir insinué dans son écrit qu'il y avoit parmi les catholiques des faux frères. Le bureau déclara qu'il blâmoit formellement le Mémorial, et comme on somma l'évêque de déclarér qui il entendoit par les faux frères, il répondit nettement que c'étoit M. Butler; sur quoi le bureau prit une résolution portant que M. Milner cessoit d'en faire partie. Le prélat déclara qu'il n'avoit point composé son Mémorial pour plaire à un bureau qui n'avoit point été choisi par tout le corps des catholiques, qu'il avoit parlé et agi au nom de trente évêques et de cinq millions de catholiques. Au surplus, ajouta-t-il en sortant, j'espère que vous ne me chasserez pas de l'Eglise catholique ni du royaume du ciel. Dans le même temps, les évêques d'Irlande envoyoient à l'évêque de Castabala un témoignage de confiance, de gratitude et d'estime, et le bureau catholique irlandais, assemblé à Dublin, approuvoit aussi sa conduite. Dans plusieurs réunions de catholiques des différens comtés de l'Irlande, on prit des delibérations honorables pour le prélat...

Je ne parlerai point ici des différends que M. Milner eut avec un respectable prélat, M. Poynter, vicaire apostolique de Londres. Ces différends ont eu malheureusement trop de publicité, et peut-être M. Milner ne sut-il point, dans cette occasion, se tenir assez en garde contre la vivacité de son caractère. Il rédigea une longue apologie sous le titre d'Exposition (an Explanation with the R. R. D. Poynter); cet écrit, qui ne fut point livré au public, mais imprimé à un petit nombre d'exemplaires, et distribué seulement aux évêques et à quelques ecclésiastiques et laïques, ne tend qu'à compromettre des hommes estimables. Il est daté du 25 mars 1812, et entre dans de grands détails sur des particularités qui n'auroient plus aujourd'hui le même intérêt, et qu'il est peut-être à regretter que le prélat ait pris la peine de recueillir. Au surplus, M. Milner nous apprend, dans un écrit postérieur, que la houne intelligence se rétablit entre lui et les autres vicaires apostoliques.

Le 30 mars 1813, l'évêque de Castabala adressa au clergé

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