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les pouvoirs, et énoncer une maxime tout-à-fait incons. titutionnelle. Qu'entend d'ailleurs M. le maire, par les mots, une foi, une loi? N'y a-t-il qu'une loi qu'on doive respecter ? N'y a-t-il qu'une foi qu'on doive souffrir, et ces mots sont-ils une déclaration de guerre à quiconque aurait d'autres opinions religieuses que celles de M. le maire, ou qui ne respecterait pas la devise qu'il a l'air de nous donner comme une loi? De quelque manière qu'on envisage cette devise, il est impossible de ne pas la trouver fort inconvenante; et M. le maire l'a d'autant plus mal choisie, qu'en qualité de magistrat, il devait être le premier à donner l'exemple du respect pour nos nouvelles institutions. Mais il est surtout fort répréhensible de l'avoir fait inscrire sur un monument public; parce qu'en la plaçant ainsi, ce n'est plus lui seul qui parle, ce sont les habitans de Lyon à qui il fait faire, certainement sans leur aveu, une profession de foi très-illégale, et qu'il met en quelque sorte en insurrection contre la charte constitutionnelle. Il serait à désirer ce semble, que M. le maire fût invité à faire disparaître sa devise du lieu où il l'a placée.

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- On vient de voir, dans l'analyse des procès-verbaux de la chambre des pairs, précédemment rapportée, que la chambre, en votant, dans sa séance du 13 septembre, sur la proposition de la chambre des députés, relative à la liste civile, avait cru devoir y faire plusieurs amendemens. Ces amendemens, qui ont été présentés depuis à la chambre des députés, n'ont point été adoptés par elle; et l'on assure qu'elle a de nouveau envoyé sa proposition à la chambre des pairs, à l'effet, sans doute, de la déterminer à renoncer aux changemens qu'elle lui a fait subir. Si cette chambre persiste

dans sa résolution, la proposition de la chambre des députés sur la liste civile ne pourra recevoir aucune suite, et le Roi se trouvera dans la nécessité de prendre tout-à-fait l'initiative à cet égard, et de présenter luimême aux chambres un projet de loi sur la liste civile.

Le cours des effets publics, qui s'était élevé de 75 à 80 fr. pendant la discussion du projet de loi sur le budjet, est rapidement descendu de 70 à 72, depuis que ce budjet, qui devait commencer en France l'ère du crédit public, a été adopté par la chambre des députés. Nos publicistes s'évertuent pour deviner la cause de cette baisse et de cette baisse précipitée, et ils ne savent trop à quoi les attribuer. Quelques personnes pensent que M. le baron Louis pourrait seul donner à cet égard des explications satisfaisantes; mais c'est là, dit-on, le secret de M. le baron; et il est probable qu'il ne le trahira pas.

Une ordonnance du 27 de ce mois vient d'assurer la conservation des établissemens formés à Paris, aux Loges et aux Barbeaux, pour l'éducation des jeunes orphelins de la Légion d'Honneur; établissement dont la suppression avait été ordonnée par une ordonnance précédente. Le Roi a voulu s'assurer personnellement si les ressources de l'Etat ne lui permettaient pas de conserver une institution si éminemment nationale; et c'est par suite du compte particulier qu'il s'est fait rendre, à cet égard, par le ministre de sa maison militaire, qu'il en a décrété le maintien. Félicitons-nous mille fois d'avoir un monarque doué d'une ame assez forte et assez élevée pour ne pas craindre de revenir sur ce qui a été statué, et de rectifier ainsi les erreurs des ministres, lorsque l'intérêt de ses peuples l'exige,

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Nous nous étions plaints, dans l'un de nos premiers numéros, de ce que la police souffrait que les marchands d'estampes étalassent, dans les rues, des gravures contraires aux mœurs et à l'honnêteté publiques. M. le directeur-général, aveiti de ce scandale et voulant le faire cesser avait fait saisir un grand nombre de ces images obscènes, et les avait transmises à M. le procureur du Roi, en l'invitant à en poursuivre juridiquement les auteurs et distributeurs. M. le procureur général près la Cour royale avait adréssé, à ce sujet, à M. le procureur du Roi, une lettre très-pressante a Depuis long-temps, lui écrivait-il, cette licence, toujours croissante, et de plus en plus scandaleuse, exigeait l'emploi de moyens répressifs. Il est temps de rappeler au respect de la morale et de la décence, par des exemples de sévérité tels que les comportent les lois et la gravité des désordres qu'il s'agit de réprimer. Je vous prie de suivre l'instruction de ces affaires avec la plus grande activité, etc. »

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Les auteurs et distributeurs des gravures dénoncées ont été traduits en police correctionnelle. On pense, sans doute, que nos magistrats se sont empressés de faire un exemple que l'intérêt des mœurs semblait réclamer si impérieusement. On se trompe : le tribunal de police correctionnelle, considérant que plusieurs des prévenus avaient déposé à la direction de la librairie les carricatures qui donnaient lieu à la plainte portée contre eux et qu'il ne leur avait point été défendu de les publier, a pensé qu'il n'y avait pas lieu à sévir, et il les a tous déchargés de la prévention. Ce jugement a été rendu sur les conclusions de M. Roussial, substitut de M. le procureur du Roi, qui n'a demandé, contre les prévenus, l'application d'aucune peine, par le motif « que » leur véritable intention a été de tourner ridicule le » Gouvernement odieux qui vient de finir, et l'homme » qui, pendant long-temps, avait fait le malheur de » la France et de l'Europe.

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On ne sait trop ce qu'on doit le plus admirer ici, ou de l'administration qui laisse publier des gravures pbscènes, ou du tribunal qui croit ne pas devoir réprimer un délit, parce que la police a négligé de le prévenir ou du magistrat qui prétend que la justice ne doit point

se formaliser de ce délit, parce qu'il tend à tourner le dernier Gouvernement en ridicule. Mais s'il est permis d'outrager les mœurs pour un pareil motif, pourquoi la même cause ne servirait-elle pas d'excuses à des délits plus graves; et où sera-t-on obligé de s'arrêter dans la censure qu'on permet de faire du dernier Gouvernement? Il faut convenir que la doctrine que professe ici M. le substitut semble moins appartenir à un magistrat qu'à un courtisan.

On continue à s'entretenir de l'affaire relative à la fourniture des vivres-pain de l'armée de terre, dont nous avons dit un mot dans notre dernier bulletin. Quelques personnes prétendent que la décision de cette affaire doit nous apprendre si la responsabilité des ministres n'est pas un vain mot, et si la charte constitutionnelle offre de véritables garanties à la nation. Il ne faut point s'étonner alors de la sollicitude avec laquelle on s'en occupe.-La même affaire paraît devoir donner lieu, sous un autre rapport, à des discussions importantes sur l'adoption d'un système fixe pour les approvisionnemens de l'armée et de tout le royaume; c'est, comme on voit, un grand intérêt de plus qui s'y rattache. Quelques personnes se plaignent que la loi de la conscription, qui a été abolie par la charte, est encore exécutée dans l'une de ses dispositions les plus odieuses. Elles assurent qu'on fait payer, sans miséricorde, parens des conscrits réformés pour défaut de taille ou pour cause d'infirmité ou de difformité, les sommes auxquels ils ont été taxés par le dernier Gouvernement à titre d'indemnité de réforme. En rapportant ce fait nous ne prétendons ni l'affirmer, ni le juger.

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-Nous recevons une lettre de Bruxelles, qui contient les détails suivans: « Les fausses mesures des ministres français ont fait rentrer en Belgique un grand nombre de militaires Belges qui étaient au service de France; l'injustice de la loi sur les naturalisations ne contribue pas peu à cette désertion. Je viens encore de voir tout-à-l'heure un chef de bataillon du régiment de....., qui vient d'envoyer sa démission, et qui devient lieutenant-colonel dans un régiment Belge. Tous les officiers Belges au service de France sont sûrs, en ve

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hant ici, de conserver leur grade et d'avoir une soldė beaucoup plus forte. »

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-Le journal officiel de la Belgique nous apprend les Belges en cessant d'ètre français, sont devenus tout-à-coup assez raisonnables pour pouvoir jouit sans danger de la liberté de la presse. Elle vient de leur être accordée par un arrêté du prince d'Orange, du 23 de ce mois, sans autre restriction la que responsabilité des auteurs et des imprimeurs. Tout imprimé qui `paraît sans le nom de l'auteur ou de l'imprimeur, et sans la désignation de l'année et du lieu de sa publication est considéré comme libelle, et l'éditeur ou le colporteur doit être poursuivi comme s'il en était l'auteur. Il suffit, pour pouvoir entreprendre un journal, ou continuer ceux déjà en circulation, de s'etre muni de l'autorisation du Prince; et cette condition, qui n'est que de forme, n'est pas même exigée pour les journaux purement littéraires. Voilà toutes les précautions qu'on a cru nécessaire de prendre en Belgique pour prévenir les abus de la presse ; et quoiqu'on ne l'ait pas placée sous la sauve-garde de la 'censure, on ne paraît pas craindre qu'elle dégénère en licence: aussi les Belges ne portent plus la dénomination de Français; et c'est un grand point.

(Lignes supprimées par la censure.)

- Les journaux de la Belgique annoncent que la nation Espagnole est aujourd'hui divisée en trois grands partis; les réfugiés en France, qu'ils appellent los Joséphinos; les partisans des Cortès et de Charles IV, qu'ils désignent par le nom de Libéralès, et les partisans du Roi Ferdinand, qu'ils qualifient los Servilès.

Le rétablissement de la loi martiale dans l'île de Léon, et les commissions militaires en permanence à Cadix, expliquent maintenant d'une manière évidente la cause de ce torrent de félicitations qui ne cessent de fondre de toutes les provinces d'Espagne sur le trône de Ferdinand.

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